Biathlon : la joie d’Anaïs Bescond
En grande forme en ce début de saison, Anaïs Bescond a signé ce jeudi après-midi son deuxième podium de l’hiver grâce à une belle deuxième place obtenue sur le sprint du Grand-Bornand (Haute-Savoie). Pour Nordic Magazine, la Jurassienne revient sur sa course. Entretien.
- Vous réalisez votre premier 10/10 de la saison sur un sprint aujourd’hui. C’est une vraie satisfaction ?
Oui, ça fait vraiment du bien de tirer à 10 ! J’avais déjà fait un petit 20/20 la semaine dernière aussi, mais ça fait du bien un plein sur le sprint.
- Qu’est-ce qu’il s’est passé dans votre tête en sortant du deuxième tir en tête de la course ?
Je me dis : « Merde il ne faut pas que je m’endorme ! » [rires]. Pour être plus sérieuse, je me suis dit que c’était super, mais qu’avec le dossard 14 rien n’était joué. J’ai porté le dossard 14 un jour aux Jeux olympiques et ils m’ont annoncé podium alors que j’ai fini quatrième… alors je ne voulais surtout pas vendre la peau de l’ours avant la fin de la course.
« C’est que du bonheur, du plaisir »Anaïs Bescond à Nordic Magazine
- Qu’est-ce que vous ressentez quand vous voyez que vous finissez devant Elvira Oeberg pour moins d’une seconde ?
Comme je suis fière [rires] ! C’est une machine, elle avance vraiment super vite. J’aimerais avoir sa puissance en ski. J’essaie de penser à elle et de m’en inspirer un peu quand je travaille certains points sur ma technique. Être juste devant elle alors qu’elle fait deux tours ça veut quand même dire qu’il m’en manque un peu. Mais n’empêche qu’aujourd’hui je suis devant parce qu’il fallait mettre les balles et moi je les ai mises.
- Qu’est-ce que ça fait de signer un podium à la maison ?
C’est juste génial. C’est du bonheur, du plaisir. C’est aussi un record parce que c’était un site sur lequel je n’avais jamais fait de podium, donc c’est toujours bon à prendre. J’ai le plaisir de renfiler mon dossard pour la cérémonie devant plein de spectateurs français. Devant plein de gens de chez moi aussi, parce que je sais qu’il y a beaucoup de Jurassiens qui ont fait le déplacement, notamment ma famille et mes amis. Je suis vraiment contente.
- Cela vous fait-il du bien de retrouver le public français ?
C’est indescriptible. Honnêtement, presque deux ans sans public, à subir du huis clos et de la Covid-19 de partout, j’ai très mal vécu la saison dernière. Donc cette année, ça me met vraiment en joie de retrouver tout ce monde en bord de piste. En plus, je fais un podium ici : c’est génial !
« C’était vraiment un moment de communion et de plaisir »Anaïs Bescond à Nordic Magazine
- C’était un moment de communion avec le public particulier à l’arrivée ?
C’est vraiment bizarre parce qu’après avoir tout donné sur la piste, j’étais un peu dans un état second à l’arrivée. Quand je suis par terre, je ne fais pas semblant. Je ne suis pas actrice, je suis sportive. J’ai tellement tout donné qu’à l’arrivée j’étais un peu dans le dur, mais entendre mon nom et tous les spectateurs qui sont là pour nous c’est vraiment plaisant. Et j’ai envie de leur rendre aussi. C’était vraiment un moment de communion et de plaisir ensemble.
- Il y a deux ans au Grand-Bornand vous aviez obtenu un résultat beaucoup plus mitigé sur le sprint (78e) : est-ce une revanche ?
Je pense que c’est le soleil qui a fait la différence [rires] ! Il y a deux ans, ce n’était pas un bon souvenir. J’ai envie de remplir ma sacoche de bons souvenirs et aujourd’hui c’était une journée que je garderai en mémoire.
- Vous étiez enrhumée hier, était-ce encore le cas aujourd’hui ?
Oui, j’étais toujours enrhumée ce matin… J’étais complètement bouchée du nez avec l’impression que c’était gelé à l’intérieur, mais il était hors de question pour moi de ne pas courir aujourd’hui. Je n’ai pas de fièvre ni les bronches prises, mais je me sentais vraiment pas dans mon meilleur jour. À côté de cela, je me suis donnée à fond, comme à chaque fois, et ça l’a fait !
- Ce podium vous permet également d’être aux avant-postes sur la poursuite prévue samedi…
Je vais aussi bien récupérer, parce que c’était une course difficile. Puis, samedi, on va essayer de rempiler les mêmes choses, les mêmes bases : faire de bons tirs, bien skier et être intelligente sur la piste. Je vais bien profiter de mon podium avant de penser à la poursuite. Ça va être cool parce que je vais même pouvoir en profiter demain parce qu’on va avoir une journée de repos à regarder les garçons.
« Il faut déjà qu’on se sélectionne, pour l’instant on ne sait pas qui ira aux Jeux et qui y fera quoi »Anaïs Bescond à Nordic Magazine
- C’est votre deuxième podium de la saison : comment vous expliquez ce retour au premier plan ?
Je suis forte c’est tout [rires] ! L’année dernière était une saison compliquée. Mais les années d’avant je faisais des podiums en individuel aussi. Les adversaires sont toujours là, les concurrentes sont toujours fortes mais de mon côté je reviens un petit plus en forme cette année que l’année dernière.
Même si ça fait longtemps que je tourne en coupe du monde, il y a toujours des petites choses à peaufiner. Aujourd’hui, j’avais un bon ski, mais j’aimerais tirer plus rapidement. Je ne vais pas tout révolutionner mais j’aimerais réussir à avoir plus de libertés sur mon tir. Ce sont ces courses-là qui vont me servir à cela, pour arriver aux Jeux avec le plus de cartouches possibles.
- Vous tournez-vous déjà vers les Jeux olympiques ?
C’est bientôt là, mais il y a encore pas mal d’événements avant. Il faut déjà qu’on se sélectionne, pour l’instant on ne sait pas qui ira aux Jeux et qui y fera quoi. On a encore cette étape du Grand Bornand qui est importante à nos yeux puisqu’on est à la maison. Puis il y a encore trois étapes en janvier qui sont incontournables et importantes pour finir de se préparer.
- Vous êtes toujours en forme les années olympiques : est-ce un événement qui vous galvanise ?
Sans doute, je ne peux pas dire le contraire ! Hier, j’étais à l’entraînement et j’ai eu des mots de la part d’Ole Einar Bjoerndalen qui m’a félicité, qui m’a dit que je faisais un bon début de saison et que je travaillais bien. C’est bête, mais ça m’a fait très plaisir et je lui ai dit que j’aimerais bien être encore plus forte. Et il m’a dit : « Je n’ai pas peur, tu es toujours forte sur les grands événements. » Apparemment, même en Norvège et en Chine, cela se sait…
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