Vincent Vittoz : « On va faire des choix sur janvier parce que les Jeux, c’est l’objectif de l’année ! »
Avec onze podiums décrochés lors des onze première courses de la coupe du monde 2021/2022 de biathlon, l’équipe de France masculine réalise un début d’hiver consistant. Au moment de clôturer la semaine bornandine, Emilien Jacquelin et Quentin Fillon-Maillet dominent d’ailleurs le classement général. Pour Nordic Magazine, Vincent Vittoz, leur coach, fait le bilan. Entretien.
- On vous imagine heureux après ces belles émotions vécues au Grand-Bornand…
Oui, ce sont des journées comme on peut les rêver : faire un doublé à la maison, c’est plus que sympathique à vivre !
- Après sa désillusion lors la poursuite, Emilien Jacquelin était très frustré : comment s’est-il remobilisé pour s’imposer avec panache lors de la mass-start du dimanche ?
Il y a toujours beaucoup de questionnements avec Emilien parce que c’est quelqu’un qui peut vite être dans les extrêmes, notamment dans des doutes, dans des spirales qui ne sont pas toujours bonnes. On passe du temps à discuter avec Patrick [Favre, le coach du tir, NDLR], à échanger avec lui. Après la poursuite, dans un premier temps il avait besoin d’évacuer, ensuite il est revenu vers nous et on lui a dit clairement qu’il n’avait pas été bon, qu’il n’avait pas pris la course du bon côté.
« Au tir, Emilien fait des choses à l’entraînement que même ses camarades ne sont pas capables de faire »Vincent Vittoz à Nordic Magazine
- Que s’est-il passé ensuite ?
On l’a remobilisé, on lui a dit qu’il n’avait pas à se poser autant de questions. Au tir, il fait des choses à l’entraînement que même ses camarades ne sont pas capables de faire. Il a besoin de réaliser cela, il a besoin de passer ce cap. C’est quelqu’un qui marche à l’émotion : on peut le voir tout en haut et tout en bas. Mais on le voit de plus en plus en haut. Physiquement, il s’est encore amélioré. Il a de grandes ambitions et il s’en donne les moyens.
- Cette coupe du monde prend un tour un peu inhabituel. Depuis plusieurs années un ou deux athlètes dominaient, cette saison on a l’impression qu’il y a beaucoup de prétendants…
Avec Emilien et Quentin, il y a aussi les Norvégiens, Sebastian Samuelsson et Eduard Latypov qui n’est pas loin non plus. Mais la coupe du monde, on verra cela en mars ! On a un gros objectif sur février avec les Jeux olympiques, donc cela permettra peut-être de moins penser au général en janvier, ce n’est pas plus mal.
« On ne va pas regarder ce que font les autres et on va faire des choix sur janvier parce que les Jeux de Pékin 2022, c’est l’objectif de l’année ! »Vincent Vittoz à Nordic Magazine
- Quentin Fillon-Maillet, malgré sa belle régularité et sa deuxième place lors de la mass-start, perd tout de même son dossard jaune…
Il a parfois du mal à lancer ses saisons. Il se cherche un peu, il met un peu de crispations sur son tir, comme cela a été le cas à Östersund. Et puis, derrière à Hochfilzen, on le voit solide physiquement, solide dans son tir. Il est dans la continuité des deux dernières saisons. Il est dans ses belles années. Je n’oublie pas non plus les autres garçons [Fabien Claude, Simon Desthieux et Antonin Guigonnat, NDLR], mais Quentin et Emilien ont aujourd’hui cette régularité qui manque aux trois autres.
- Certaines autres nations comme la Norvège ont déjà annoncé leurs impasses pour janvier en vue de préparer les Jeux olympiques : quel est le plan de l’équipe de France ?
L’objectif du début de saison, c’était de bien commencer, de prendre le maximum de confiance. On ne va pas regarder ce que font les autres et on va faire des choix sur janvier parce que les Jeux de Pékin 2022, c’est l’objectif de l’année !
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