IBU Cup : le bilan de Baptiste Desthieux
- Paula Botet va découvrir la coupe du monde de biathlon à Oberhof (Allemagne) après un superbe début de saison qui l’a vu monter à quatre reprises sur le podium : vous attendiez-vous à la voir à ce niveau ?
À ce niveau-là non, mais on savait que c’était quelqu’un qui avait un gros potentiel. La voir gagner une minute sur ses temps de ski lors des sprints, clairement je ne m’y attendais pas. Elle a aussi été très présente au tir, avec des 10/10 et un 19/20 lors de la mass-start 60 de Sjusjøen. À part la finale du super sprint de Sjusjøen, elle a été solide lors de beaucoup de courses.
« Lou a encore une marge de progression »Baptiste Desthieux à Nordic Magazine
- Lou Jeanmonnot, de son côté, a fait preuve d’une belle régularité en ce début d’hiver. Cinquième du général, il lui manque peut-être la petite étincelle pour faire décoller réellement sa saison…
Pour Lou, la saison dernière elle avait été très solide au tir, avec des 10/10 et des concurrentes qui tirent moins bien. Elle s’était donc souvent retrouvée sur la boîte. Là, avec des très bons scores, elle est plutôt dans le top 10. Il en manque encore un tout petit peu sur les skis face à une concurrence un peu plus jeune à l’image de Paula, d’Anastasia Shevchenko [la Russe leader du général, NDLR]. Mais elle a encore une marge de progression. Déjà, dans l’hiver, elle peut progresser, et puis on remarque que face à la concurrence en gagnant 15 secondes par saison, au bout de quelques années cela fait la différence. Lou peut encore évoluer.
- Après un démarrage compliqué, Camille Bened semble avoir retrouvé des couleurs lors de ses dernières courses…
Camille s’est perdue au niveau du tir lors des deux premières étapes. Ce qui était étonnant, c’est qu’elle a galéré tout l’été et l’automne au niveau physique, on l’a vu sur les Summer Tour avec des résultats compliqués, pour finalement arriver sur l’hiver avec de très bons temps de ski. Et puis c’est le tir qui a pêché. Julien [Robert, le coach de tir, NDLR] a fait un super boulot pour la remettre en place. Cela a été la bonne surprise d’Obertilliach où elle fait une superbe course. Et elle arrive à jouer devant et à se retrouver à la cérémonie des fleurs sur le sprint, elle fait ensuite un super relais. C’est de très bon augure pour la suite !
« Ce n’était pas évident pour Sophie Chauveau de redescendre, mais elle a répondue présente ! »Baptiste Desthieux à Nordic Magazine
- Que vous inspire le début de saison de Gilonne Guigonnat, actuellement seizième du général ?
C’est un peu décevant. Elle s’est un peu sabordée alors qu’elle s’est plusieurs fois retrouvée en position de faire un superbe résultat. À l’image du sprint d’Obertilliach où il y avait en plus, pour elle, la pression de redescendre en sélection : elle arrive pour jouer le 10/10 et elle sort les deux dernières balles. C’est dommage, elle n’est pas au niveau auquel elle devrait être.
- Sophie Chauveau a confirmé tout le bien qu’on pensait d’elle sur les skis, mais ses statistiques au tir l’empêchent de jouer devant…
C’est Sophie ! Cela fait deux ans maintenant qu’elle prouve qu’elle savait aller très vite sur les skis. Sur chacune des courses elle est dans les deux ou trois meilleurs temps. Et ce malgré des petits soucis cet été et des petites maladies en début d’hiver. Mais, malgré cela, elle répond présente. Après, au niveau du tir, elle se perd un peu. Pourtant elle progresse, je pense que cela évolue dans le bon sens mais cela ne se voit pas encore. C’est une question d’approche psychologique. Elle était protégée sur le début de saison du fait de ses résultats de l’an dernier et, finalement, elle a été remise en sélection sur Prémanon où elle fait un très beau sprint. Ce n’était pas évident pour elle de redescendre, mais elle a répondue présente !
« On ne va pas trahir grand-chose en disant qu’Océane Michelon devrait nous rejoindre cet hiver »Baptiste Desthieux à Nordic Magazine
- La France est deuxième nation au classement féminin : est-ce un motif de satisfaction ?
C’est un petit truc en plus sympa, mais ce n’est clairement pas l’objectif ! Nous n’avons pas l’effectif capable de rivaliser face aux Russes, notamment, qui ont beaucoup plus d’expérience. Notre but c’est de rester dans le top 5 des meilleures nations pour garder nos quotas.
- Si l’on y ajoute Caroline Colombo, vous semblez avoir un groupe de cinq ou six filles titulaires. Dès lors quelle place peut être donnée pour des filles comme Océane Michelon, Camille Coupé ou Jeanne Richard ?
L’avantage, c’est qu’il y a dans ce groupe des filles qui peuvent monter en coupe du monde comme Paula, il y a donc une place qui se libère. Mais, pour ces filles-là, cela ne fait qu’une seule place. On ne va pas trahir grand-chose en disant qu’Océane Michelon devrait nous rejoindre cet hiver vu ce qu’elle a montré à Prémanon en gagnant la poursuite. Après, pour cette génération, il y aussi les championnats d’Europe et les Mondiaux juniors qui sont des échéances tout aussi intéressantes et importantes pour elles.
« Le problème de Caroline c’est qu’elle pense beaucoup au résultat et pas assez à la manière »Baptiste Desthieux à Nordic Magazine
- Pour Caroline Colombo, elle semble naviguer entre les deux circuits : l’IBU Cup où elle a réalisé des prestations très solides et la coupe du monde où c’est compliqué pour elle. Comment analysez-vous cette différence de niveau entre les deux étages du biathlon mondial ?
La différence de niveau entre ces deux circuits on la connaît. Caroline est tout aussi présente sur les skis en IBU Cup qu’en coupe du monde, les temps de ski sont cohérents. Le problème de Caroline c’est qu’elle pense beaucoup au résultat et pas assez à la manière. Mais en faisant bien les choses, elle peut vraiment accrocher les 15 ou 20 en coupe du monde.
- Après deux étapes à Brezno-Osrblie (Slovaquie), les championnats d’Europe auront lieu à Arber (Allemagne) comment va se jouer la sélection ?
Cela va dépendre de beaucoup de choses, de ce qu’il se passe en coupe du monde, des effectifs qu’ils vont prendre sur janvier et sur les Jeux olympiques. Donc, pour le moment, c’est très flou ! On sait juste qu’on gardera notre quota de six garçons et de six filles.
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