Biathlon : un tir debout difficile pour Jeremy Finello
L’hiver dernier, le biathlète genevois Jeremy Finello, 31 ans, a connu des hauts et des bas. Les bonnes nouvelles, ce sont ses excellents temps de ski qui lui ont permis, à plusieurs reprises, de tutoyer les sommets occupés par Johannes Thingnes Boe. A l’inverse, le Suisse n’a pas brillé sur le pas de tir, ne rentrant que 56 % de ses balles au debout. Une position dans laquelle il souffre terriblement depuis trois années, ne trouvant pas la solution.
Pour Nordic Magazine, alors qu’il était la semaine passée en stage du côté d’Obertilliach (Autriche), Jeremy Finello a accepté de se confier sur ses problèmes au tir debout, mais aussi sur le biathlon suisse et ses espoirs pour la suite. Entretien.
- Le bilan de votre dernier hiver penche plutôt vers le positif ou le négatif ?
Je vois une partie très positive et une autre plus négative. Je pense que c’est dur d’arriver parmi les meilleurs temps de ski en coupe du monde et arriver à la faire c’est super, d’autant que j’ai acquis une régularité à ce niveau-là. En revanche, je ne suis pas content sur le tir avec un debout que j’ai toujours du mal à maîtriser [56 % de réussite l’hiver dernier, NDLR]. Globalement, sur les résultats, je ne peux pas dire que je suis content de ce que j’ai fait même si je retire du positif de certains résultats. Cela me laisse espérer de belles courses dans le futur, surtout avec le travail que je fais à l’entraînement sur le pas de tir cet été.
- Il y a deux ans, dans nos colonnes, vous aviez déjà évoqué ce problème au tir debout, qui vous frustrait : on imagine que c’est d’autant plus vrai vingt-quatre mois plus tard…
Exactement. Je n’arrive pas à trouver la clé. C’est difficile. Je ressens un peu comme des tremblements quand j’arrive au tir debout… Ce n’est pas que je ne sais pas tirer parce que, au début de ma carrière, j’arrivais à faire assez régulièrement des bonnes courses, voire très bonnes par moment. Aujourd’hui, je n’arrive plus à le faire. Le couché m’inquiète un petit peu moins que ce debout où j’ai de la peine à trouver la clé. Je me lève avec l’objectif de trouver la solution au tir debout.
- Avez-vous trouvé des pistes à creuser depuis le début de la préparation ?
Par moments, c’est vraiment pas mal. J’ai fait une nouvelle carabine donc je repars avec une nouvelle motivation et une nouvelle base. Je vois que je sais tirer à l’entraînement, mais c’est différent en course… Je pense que faire de belles courses, c’est dans mes cordes ! Pas régulièrement parce que ce sera difficile pour moi de l’être sur les tapis, mais être de temps en temps devant, c’est possible.
- Au printemps, avez-vous hésité à continuer le biathlon ou était-ce limpide ?
Je dirais que c’était plutôt limpide. Ce serait dommage d’arrêter après une saison où j’ai figuré parmi les meilleurs temps de ski. Ce n’est pas comme si j’avais 36 ans. Pour nous les Suisses, il y a un bel objectif qui arrive avec les championnats du monde 2025 à Lenzerheide. On a aussi une belle génération qui arrive, mais j’aimerais bien continuer jusqu’à cet hiver 2025. Ensuite, on verra ce qu’il est possible de faire.
- Après l’arrêt de Benjamin Weger en 2022, une nouvelle génération menée par Niklas Hartweg et Sebastian Stalder a pris la suite : pour avoir connu les deux époques, trouvez-vous qu’il y a des différences ?
Les jeunes sont des biathlètes qui tirent très bien ! Le biathlon suisse évolue vite ces dernières années. Jusqu’en 2004, la discipline ne faisait pas partie de Swiss-Ski. On est un petit pays qui demande beaucoup d’autorisations pour faire des infrastructures qui tiennent la route. Cela prend du temps, encore plus qu’en France. C’est de plus en plus médiatisé en suisse allemande, du monde arrive à la pratique du biathlon. Ce que les jeunes ont en plus que la génération Weger, c’est des stades de biathlon et des entraîneurs à disposition.
- Dans cette perspective des Mondiaux 2025 à Lenzerheide, voir les relais mixtes suisses briller doit vous donner envie d’en faire partie…
J’en ai déjà fait partie ! On avait fait le premier podium du biathlon suisse dans cette épreuve [deuxième à Pokljuka en décembre 2018 avec Elisa Gasparin, Lena Haecki-Gross et Benjamin Weger, NDLR]. C’est bien de voir que ce n’était pas un hasard ! Evidemment que cela donne envie d’en faire partie, mais mon premier objectif est de tirer bien à nouveau puis on verra si je suis dans le relais ou non.
- Vous aviez commencer votre carrière sous les couleurs françaises avant de bifurquer vers la Suisse : pouvez-vous revenir là-dessus ?
Je suis né à Genève et j’y ai grandi. Je ne dirais pas que je suis plus Suisse que Français, je suis autant l’un que l’autre, mais cela faisait sens pour moi de changer. C’était dur de se faire une place en France alors que c’était peut-être un peu plus facile en Suisse, il ne faut pas mentir. La Suisse, c’est mon pays. J’y habite depuis 31 ans maintenant. En dehors du biathlon où j’ai pu découvrir la coupe du monde et les Jeux olympiques, ce changement de nationalité m’a apporté plein de choses.
- Avez-vous encore des contacts avec vos anciens coéquipiers français ?
J’habite à Genève donc je vais souvent à Prémanon quand je suis à la maison ! J’y croise souvent les Français qui vont régulièrement là-bas, comme Quentin [Fillon-Maillet], un très bon ami à moi. On essaye de partager des entraînements ensemble de temps en temps. Je serai toujours reconnaissant de ce que la France a fait pour moi. Elle m’a beaucoup appris et j’ai pu bénéficier de super infrastructures à Villard-de-Lans [où il était en sport/études, NDLR]. Je suis toujours content de voir que le biathlon français fonctionne bien et que les biathlètes montent sur les podiums, surtout que les gens qui performent sont mes anciens coéquipiers, comme Antonin Guigonnat.
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