Biathlon : Emma Oustry se stoppe avant de passer chez les juniors
C’est le vendredi soir des championnats de France de biathlon des Saisies (Savoie) que la Chamoniarde Emma Oustry, qui fêtera ses 19 ans au début du mois de juin, a pris une décision radicale : mettre un terme à sa carrière le lendemain après le relais par comités.
Biathlète prometteuse, la Montblanaise avait participé, en 2023, au Festival olympique de la jeunesse européenne de Forni Avoltri (Italie). Plus, depuis, remontée à l’international notamment à cause d’un virus, Emma Oustry a donc décidé de jeter l’éponge. Elle en explique les raisons à Nordic Magazine.
Un méchant virus venu ralentir sa progression
« La saison dernière, j’ai contracté un cytomégalovirus qui est l’équivalent d’une mononucléose. Cela a été compliqué pour moi mentalement, surtout que j’ai mis trois mois à me rendre compte que j’étais malade. Quand ça a été le cas, j’ai dû arrêter totalement les compétitions et je n’ai pu revenir que sur la mass-start des championnats de France. C’était vraiment dur parce que mon objectif était d’aller aux JOJ après avoir fait des bons Summer Tour. J’étais profondément malheureuse et ça a été compliqué à gérer. Mon seul regret, c’est de ne pas savoir ce qu’il se serait passé si je n’étais pas tombée malade ! »

« Cette saison, je repartais avec énormément de motivation, mais pendant ma saison quasi blanche, je me suis rendue compte que le biathlon pouvait potentiellement ne pas fonctionner. Je me suis demandée ce que je voulais faire de ma vie si ça ne marchait pas. Je me suis rendue compte que j’avais des rêves de grandes écoles ! Je suis partie en vacances au Canada, j’ai visité des universités à Montréal, et je me suis dit que je voulais aller étudier là-bas. C’est un rêve qui ne m’a pas quittée et mes priorités ont changé. Le biathlon est passé au second plan par rapport à mes rêves professionnels. »
Un décision prise… après la mass-start des championnats de France des Saisies
« La décision, je l’ai prise aux championnats de France, après la mass-start du vendredi. Je me suis rendue compte de ce que ça impliquait de repartir sur une nouvelle saison d’entraînement, avec le passage en juniors, plus d’heures d’entraînement. Moi, je n’ai plus envie de donner 100 % de mon temps au biathlon. J’ai envie d’avoir l’expérience étudiante et partir voyager ! Je sais que je n’aurais pas été heureuse si j’avais continué le biathlon. Cela aurait été juste horrible et m’aurait dégoûté du sport. »

« Sur la mass-start, j’avais tiré à 10/20, c’était une catastrophe. Du coup, quand j’ai pris conscience que ça allait être terminé après le relais, j’ai ma maman, mon petit frère, ma grand-mère et ma marraine qui ont fait le déplacement ! Ils avaient fait une pancarte et, quand j’ai vu ça, j’ai pleuré. Globalement, j’ai pleuré à chaque étape : aux essais de skis, quand j’étais été déposer ma carabine, aux réglages et encore 30 secondes avant le départ ! J’ai finalement réussi à me remobiliser et j’ai fait une course de ouf. Cette saison, j’ai eu du mal à tout donner sur les courses, mais les deux épreuves où j’ai fait des super prestations, c’est sur les deux relais. »

« Quand j’ai passé le relais à Emma Gachet, ma coéquipière, il y avait ma maman et toutes les filles. J’ai ensuite pleuré toute la journée parce que mon aventure était terminée. Mais je me sentais apaisée parce que c’était la meilleure des décisions que je pouvais prendre. »
Une victoire émouvante sur le relais mixte U19 de Prémanon plus tôt dans l’hiver
« C’était vraiment incroyable ! Dans le biathlon, c’est quand tu vis ce genre de moments que tu oublies tous les moments compliqués traversés. La balance entre ce genre de moments et les instants difficiles, cependant, était vraiment inégale. Pendant deux ans, je me suis pris des sacrés coups sur la tête, mais avoir fait ce relais avec les copains, c’était incroyable ! Après le dernier tir d’Esteban [Moreira], j’étais au pas de tir, et je me rappelle avoir pris Juliette [Oliva] par derrière pour la secouer comme une bouteille de champagne [rires]. C’était un moment incroyable. Ce qui m’a fait pleurer, c’est de le vivre avec eux ! »

Le douloureux souvenir du FOJE 2023 de Forni Avoltri
« J’étais partie au FOJE en étant remplaçante puisque j’avais profité du forfait d’Alice Dusserre pour faire les courses. Pendant toute l’expérience, je me sentais illégitime et je n’ai pas profité de l’événement. Je me demandais ce que je faisais là, j’avais honte d’être là et je ne me sentais pas à ma place. C’était assez compliqué à gérer. Avec du recul, je me dit que j’ai été bête de ne pas profiter du moment. »

« Dans ma carrière, j’ai vécu beaucoup de moments compliqués où je pleurais et je n’ai pas su apprécier et accepter ceux où tout allait bien. Je suis vraiment fière de moi d’avoir réussi à accrocher une sélection, j’étais ensuite en mode warrior, mais les événements ont fait que ça n’a pas continué sur cette lancée. Il faut savoir apprécier chaque moment parce que tout peut s’arrêter et basculer du jour au lendemain. »
Voldiya Galmace-Paulin, de rivale à amie
« Je la vois maintenant comme une meilleure amie et non plus comme une rivale. Elle me fait rêver ! Elle est assidue à l’entraînement, c’est un exemple. Voldiya [Galmace-Paulin], c’est une crack. Je n’ai pas d’autres mots pour la décrire. Elle brûle les étapes à vitesse grand V. Sur sa première saison en IBU Cup, elle est à deux doigts de gagner le gros globe. Ce qui m’a toujours marquée chez elle, c’est son humilité et sa manière de ne pas se vanter et à rester très humble. C’est une personne en or ! Elle est incroyable. Tout est simple et naturel pour elle, elle est faite pour ça. »

Des études supérieures dans le viseur
« Je vais partir sur une année à l’étranger pour apprendre l’anglais en distanciel. Comme je vais encore bénéficier du statut de sportive de haut niveau l’année prochaine, je vais ne profiter pour ensuite postuler dans une école américaine l’année suivante dans le commerce avec une double maîtrise en comptabilité et finances. »

Que va devenir sa carabine ?
« Il y a deux écoles : soit on la vend, soit un la garde et, moi, je pense que je vais la vendre. Je vais faire une dernière cérémonie avec elle où je vais tirer plein de balles, comme un rituel. Elle restera dans mon cœur. J’ai envie qu’elle vive des expériences de ouf avec une autre personne qui l’aimera et qui deviendra sa meilleure amie [rires]. »

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1 Commentaire(s)
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RICHARD BIANCONI
07/04/2025 à 9 h 32 min
Voir ces jeunes arreter le biathlon à 19 ans me ferait réfléchir si j’étais le sélectionneur de l’équipe de France. A 19 ans les jeunes ont un choix à faire, le sport ou les études ?
On a des JO en 2030, alors je proposerai le pole France excellence 2030 à toutes celles et ceux ayant du potentiel pour le biathlon. Chez les garçons l’horizon n’est pas bouché, il y a des places à prendre ; par contre chez les filles, les filles de 18 ans peuvent s’inquiéter car la concurrence est grande, mais ne peut-on pas leur dire, avec les exemples de réussite de nos jeunes championnes qu’elles peuvent bien vivre du biathlon, si elles en ont la passion et d’attendre d’avoir 22 ans avant de vendre la carabine.
RICHARD BIANCONI
07/04/2025 à 10 h 01 min
Finalement, je crois que les norvégiens ont raison de ne pas présenter leurs jeunes à l’international à part pour les mondiaux juniors, l’argent peut etre mieux utilisé.
J’ai cru lire qu’après les JO, il y aurait des modifications importantes dans les compétitions des jeunes, il serait bien de nous en parler.