Biathlon : Coralie Langel revient sur son hiver
Cette saison, la biathlète doubienne Coralie Langel, vingt-deux ans, n’est pas parvenue à valider son objectif de retrouver le circuit IBU Cup. Pourtant, la sociétaire du Ski Club Mont Noir sort de cet hiver avec le sourire. Après une année 2022/2023 difficile et marquée par un surentraînement, la Franc-Comtoise, sortie des collectifs fédéraux au printemps dernier, a retrouvé le plaisir dans la pratique de son sport.
Vainqueure du classement général de la coupe de France, Coralie Langel, qui a récemment attaqué une formation à distance en design d’intérieur pour se créer une soupape de décompression en dehors du biathlon, se confie à Nordic Magazine. Entretien.
- Quel bilan faîtes-vous de votre hiver, totalement passé sur le circuit de la coupe de France ?
Pour moi, cette saison a vraiment été très enrichissante sur le plan de l’apprentissage. Cela a été une de mes meilleures à ce niveau-là parce que j’ai pu y apprendre beaucoup de choses. C’était un hiver différent, sans structure, avec de nouveaux entraîneurs et sans copains pour se tirer la bourre, mais je me suis bien trouvée. Je suis vraiment contente d’avoir fait ce choix de me prendre en main. Même si je n’ai pas atteint mon objectif principal, cela reste globalement une saison dont je suis plutôt contente.
- Concrètement, de quoi êtes-vous la plus satisfaite ?
Où je suis vraiment contente, c’est d’avoir repris du plaisir et de me sentir bien dans mon biathlon. Au début de la saison, c’était encore très compliqué pour moi parce que j’avais encore beaucoup de vagues d’émotions et un peu peur. Je me mettais la pression pour être performante dès le début, mais j’ai réalisé plus tard que mon corps avait encore besoin de temps pour se retrouver, reprendre confiance et avoir un petit peu plus de fraîcheur. J’ai compris qu’il fallait que je me reconstruise tout doucement. Le lancement de l’hiver n’était donc pas à la hauteur de ce que j’attendais, mais j’ai appris et compris des choses sans m’affoler.
- Vous n’êtes pas parvenue à rallier l’IBU Cup, qui était votre objectif dans ce premier hiver seniors. Comment l’avez-vous encaissé ?
Il y a notamment eu le week-end des Saisies qui m’a vraiment fait du mal, parce que c’était catastrophique au tir alors que j’étais bien présente sur les skis. Je pense que je loupe clairement une montée en IBU Cup à ce moment-là [Noémie Remonnay, elle, obtenait son ticket qu’elle ne lâchera plus jusqu’en mars, NDLR]. À Noël, je me suis interrogée sur la différence entre l’entraînement et la compétition. Je n’étais clairement pas heureuse en course, donc j’ai décidé de me fixer des objectifs de plaisir sans me focaliser sur les résultats ou les sélections.
- Vous ne perdez finalement pas en motivation et remportez le dossard jaune de vainqueure de la coupe de France…
Les chances pour l’international étaient de plus en plus minces, donc j’ai continué à travailler sur la Coupe de France. J’ai compris plein de choses derrière la carabine à compter de ce moment-là. J’étais hyper légère dans mes sensations. J’ai pris chaque course comme une opportunité d’apprendre sur moi-même pour vraiment me connaître. J’avais fait une préparation toute seule, à m’entraîner tous les jours, ce n’était pas pour lâcher en milieu d’hiver sans rien y apprendre. La victoire au classement général de la Coupe de France a été ma petite récompense. Sur les dernières courses de la saison, il manquait encore plein de détails à améliorer, mais elles étaient vraiment bonnes.
- Vous venez d’évoquer le sujet, mais comment avez-vous vécu cette préparation passée en solitaire ?
J’ai adoré faire cela et avoir fait ce choix-là. Tous les matins, j’étais trop contente de partir m’entraîner. J’avais toujours envie même si personne n’était avec moi. J’ai trouvé que c’est passé super vite et, parfois, j’étais même accompagné par Mathis Huyghe, qui habite pas très loin de chez moi. Je remercie aussi beaucoup ma famille qui m’a accompagnée tout l’hiver sur les coupes de France – où je représentais le comité du Massif jurassien – et qui venait avec moi l’été en vélo électrique sur les sorties longues. J’ai réussi à trouver les bonnes personnes pour m’entourer. La seule difficulté, c’était le manque de confrontation au tir et lors des vitesses. C’était surtout le cas à l’automne, une période où il faut être présent et faire beaucoup d’intensités. Je suis plutôt fière d’avoir relevé ce défi !
- Après cette saison, quel choix avez-vous fait quant à la suite de votre carrière ?
Je me suis posée la question de savoir si je continuais ou pas, mais je ne suis pas prête à mettre le clignotant pour le moment. J’ai encore trop de choses à vivre et à travailler. J’ai tellement appris sur moi en cette fin de saison que j’ai envie de continuer dans cette voie en essayant de vivre tout ce que je peux sans avoir de regrets. Je vais donc poursuivre à m’entraîner en solitaire avec mes deux coachs en qui j’ai totale confiance. L’objectif, l’année prochaine, sera l’IBU Cup, voire plus. Si je m’entraîne tous les jours, ce n’est pas pour rester sur le circuit national. À mon âge, on en veut plus !
- Lorsque vous repensez à votre année passée au sein des groupes fédéraux (2022/2023), vous dites-vous que c’est arrivé trop tôt ?
Je ne pense pas que c’était trop tôt, mais je suis juste déçue d’une chose : le nombre d’heures que j’ai faites cet été-là par rapport au comité était beaucoup trop élevé et c’était logique que j’allais craquer. Je suis donc déçue qu’on ne se soit pas rendu compte de cela sur le coup. Dès le mois de juillet, quand je faisais des migraines ophtalmiques, on a continué alors que c’était déjà un signe que ça partait dans le mauvais sens. Après, c’était une bonne année pour aller à la Fédération et c’est comme ça… Même si cela fait mal, cela reste de l’expérience acquise.
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