Pour la première fois de l’histoire, une équipe de France est devenue championne du monde du relais mixte simple en biathlon. C’était ce jeudi après-midi sur le stade de Pokljuka, en Slovénie. Avec un Antonin Guigonnat et une Julia Simon en totale maîtrise, et intenable dans le dernier tour de ski, les Bleus ont devancé la Norvège des numéros uns mondiaux Johannes Thingnes Boe et Tiril Eckhoff. Entretien.
- Quel parfum a ce titre de champion du monde pour vous deux ?
Julia : C’est une grande satisfaction et une belle revanche de prise sur mes débuts de championnats du monde. C’est super de partager ça avec Antonin, on a fait nos débuts ensemble en IBU Cup ! C’est une grande fierté.
Antonin : Pour moi, c’était déjà une surprise d’être aligné sur ce relais mixte simple ! Je pensais avoir plus d’arguments pour l’individuel mais le staff a annoncé en même temps que Fabien ferait le 20 kilomètres et moi cette course. Ça a été une surprise mais c’était un choix payant sur un format que j’affectionne. Je m’y suis entraîné pendant plusieurs jours, notamment pour faire des tirs rapides et engagés et gérer ce stress particulier de ce format court et intense.
- C’était vraiment naturel que vous formiez ce duo…
Antonin : Ça a surpris tout le monde mais il y a deux ans, on était l’équipe-type du relais mixte simple français ! Mais, depuis deux ans, je ne l’avais plus fait. J’ai laissé gracieusement ma place à Emilien [sourire]. Julia, malgré ses débuts de championnats, restait l’athlète la plus cohérente à aligner sur ce format-là côté féminin.
« Je ne saute pas au plafond, je ne pleure pas de joie mais je sais que c’est quelque chose d’énorme » (Antonin Guigonnat)
- Sur l’ensemble de la course, vous piochez à cinq reprises à vous deux : le tir a eu une part importante dans votre succès…
Antonin : Cinq pioches, c’est un bon résultat mais pas parfait ! D’entrée de jeu, j’ai une pioche que je manque mais j’ai su rester calme pour ne pas faire encore plus d’erreurs que ça. J’ai l’impression que Julia a aussi su garder son sang-froid sur les balles ratées.
Julia : Ce que je vois, c’est qu’on s’est plutôt bien complétés. Antonin a été plus en difficulté sur son premier relais avec quelques pioches, à ma différence, et inversement sur le deuxième relais. Ça nous a permis de tout le temps rester au contact et de terminer en beauté sur ce dernier tour grâce à mes capacités en ski. C’était une course pleine que ce soit sur la piste ou au niveau du pas de tir.
- À l’arrivée, vous avez crié très fort Julia : pouvez-nous expliquer ce que vous avez ressenti ?
Julia : Quand je passe la ligne, c’est un mélange de rage et de satisfaction. J’ai été pas mal critiquée ses derniers temps et c’est vrai que c’est la meilleure des manières de donner une réponse. J’avoue que dans ce dernier tour, j’ai laissé sortir mes émotions, je n’ai pas contrôlé et c’est un énorme plaisir de passer cette ligne en tête. C’était vraiment de la rage. J’ai encore un petit peu de mal à réaliser…
Antonin : Je n’ai pas vécu le même dernier tour que Julia, je l’ai regardé faire. J’étais stressé mais confiant sur ses qualités pour finir la course de la meilleure des manières, que ce soit sur le dernier tir ou la piste. C’est un peu difficile de mesurer ce qu’on a fait parce qu’il n’y a pas de public. Quand on est juste sportif et qu’on fait son exercice du jour, on ne mesure pas tout de suite le résultat qu’on vient d’avoir. J’avais le même ressenti il y a deux ans quand je fais ma médaille aux Mondiaux, donc je sais que beaucoup de gens vont m’en reparler et qu’elle va rester dans la mémoire de beaucoup. Je ne saute pas au plafond, je ne pleure pas de joie mais je sais que c’est quelque chose d’énorme.
« Quand on est sur le podium pour La Marseillaise, il y a tout le staff qui forme un bon petit groupe de personnes qui ont le sourire, c’est génial de pouvoir procurer cela ! » (Antonin Guigonnat)
- Dans le contexte actuel, ce genre de performances fait du bien au grand public : vous vous en rendez compte ?
Antonin : Déjà, on a la chance d’avoir une Fédération internationale qui tient la route pour organiser des compétitions à travers l’Europe dans des conditions sanitaires plus que correctes. La couverture médiatique est quasi identique, il manque juste le public pour profiter et sentir toutes ses vibrations. Les supporteurs sont devant la télé et on mesure en temps réel la portée de ce que l’on fait sur les réseaux sociaux, que ce soit les critiques ou les bonnes nouvelles. Quand on est sur le podium pour La Marseillaise, il y a tout le staff qui forme un bon petit groupe de personnes qui ont le sourire, c’est génial de pouvoir procurer cela !
Julia : C’est beau de voir le staff heureux comme ça. C’est pour ça qu’on s’entraîne toute l’année. Vivre ses émotions, c’est quelque chose de fort. C’est ce que l’on retiendra à la fin de nos carrières, pas les échecs. Le vivre comme ça pleinement sur des championnats, c’est vraiment génial.
- Si vous deviez dire un mot chacun de l’autre, comme le définiriez-vous ?
Antonin : Julia elle puissante physiquement sur les skis mais aussi de force mentale pour s’accrocher dans les moments difficiles et de revenir encore plus forte.
Julia : Ce qui me vient à l’esprit, c’est son calme, sa sérénité. Ce n’est pas quelqu’un qui montre ses émotions. Quand je regarde Antonin, c’est vraiment quelqu’un de calme sur les skis et derrière la carabine. Il arrive à trouver du relâchement. Je pense que ce sont des choses sur lesquelles je peux m’inspirer.
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Photos : Nordic Focus.
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maujean
19/02/2021 à 10 h 14 min
Je suis un fan de biathlon depuis 1968 (Grenoble). C’est la première fois que je fais un commentaire car j’ai vécu hier un très grand moment