Cinquante-neuvième du sprint d’Oberhof. Vainqueure de la mass-start d’Oberhof. Soixante-deuxième de l’individuel d’Antholz. Vainqueure de la mass-start d’Antholz. Depuis une semaine, Julia Simon est sur courant alternatif. Mais un courant alternatif lui offrant deux victoires ainsi qu’un dossard rouge conforté. Quelques minutes après sa deuxième victoire en une semaine, la Savoyarde a répondu aux questions de Nordic Magazine. Entretien.
- Comment expliquez-vous ce succès rencontre lors des deux dernières mass-starts ?
C’est une course que j’aime bien. J’aime être directement en concurrence avec les filles dans cet état d’esprit de bataille. C’est peut-être étrange mais j’arrive plus à me concentrer sur moi-même sur ces courses-là. On voit directement où on en est par rapport à la concurrence et, quand ça va bien, c’est très sympa à vivre. Les sensations viennent directement. Aujourd’hui, c’était de la satisfaction et du plaisir.
- Lorsque vous revenez sur le groupe de tête en début de dernier tour, vous aviez un doute sur votre capacité à l’emporter ?
Honnêtement, je ne peux pas dire que j’avais aucun doute [rire]. Je ne sais si j’étais la plus forte parce que Lisa Theresa Hauser est en très grande forme en ce moment et on connaît les grandes qualités de finisseuse d’Hanna Oeberg. Je ne voulais pas être le dindon de la farce avec le retour des filles de derrière pour finir quatrième ou cinquième. J’ai essayé de passer, de mettre des à-coups pour les mettre dans le dur et, finalement, ça fait une très belle course se jouant à pas grand-chose. C’est ce qui fait la beauté de la mass-start.
« Je vais chercher la course, c’est une fierté »
- Ce samedi, vous gagnez avec le dossard rouge : que cela vous-a-t-il fait ?
C’était une grande fierté quand je l’ai vu dans la cabane. C’est un premier pas en avant qui montre que je suis capable d’aller le chercher et de me battre avec pendant une course. Mais, une fois arrivée aux réglages, je l’ai vite oublié. C’est bien de l’avoir mais ce n’est pas une finalité. Il faudra voir à la fin de l’hiver si je l’ai encore, ce sera ça le challenge.
- Ce petit globe devient-il un objectif ?
En début de saison, je voulais me battre pour un maillot donc, aujourd’hui, c’est évidemment toujours le cas. L’objectif sera de monter sur le podium à chaque course, comme d’habitude, en faisant de bons tirs et un bon ski. Il ne faut pas y penser tout de suite parce que c’est de la pression.
- Dans les grandes largeurs, cette course était un copier-coller de la mass-start d’Oberhof…
Oui et non. Je fais trois fautes et le dernier tour est accroché comme la semaine dernière mais ça n’avait rien à voir dans la manière. Mes tirs étaient beaucoup plus construits et me confortent dans mon travail que je suis en train de réaliser avec Paulo [Giachino, le coach de tir, ndlr.]. Je suis bien plus contente aujourd’hui que dimanche dernier. Je vais chercher la course, c’est une grande fierté.
« Ça va très vite dans le biathlon, dans un sens comme dans l’autre »
- Quels sont les ajustements que vous réalisez actuellement au tir ?
C’est très technique mais, pour faire simple, je travaille sur une arrivée au pas de tir à six heures, vraiment du dessous. Le but est de bloquer cette idée avant le départ. Ce n’est pas évident parce que ça demande d’être là à chaque seconde. C’est perturbant parce que ce n’est pas ma manière de tirer. Mais les tirs sont plus propres, groupés. C’est un travail à long terme, ça ne va pas se mettre en place tout de suite.
- Ce travail aurait-il pu être réalisé cet été ?
Le travail de cet été a très bien été réalisé. Il fallait passer par là. Le tir couché n’est pas naturel pour moi, je dois le travailler plus pour le comprendre. Cet été, on a bossé mon calme, ma respiration pour arrêter d’être excitée et tendue derrière la carabine. Là c’est la continuité. On travaille pour les années prochaines, pour acquérir de la régularité. Ce qui me conforte, c’est qu’avec des petits passages à vide, j’arrive à claquer deux victoires et un podium. Si je veux être meilleure athlète, je dois passer par là.
- Que vous manque-t-il pour réaliser de grosses performances sur les courses en contre-la-montre ?
Il me manque cette régularité, cette performance au tir. C’est quelque chose que je dois acquérir et mettre en place toute seule derrière cette carabine. Peut-être que ça pourrait le faire aux Mondiaux. Ça va très vite dans le biathlon, dans un sens comme dans l’autre.
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Photos : Nordic Focus.