Biathlon : Julia Simon de retour à la compétition
Ce samedi matin, après avoir partagé une séance de course à pied en compagnie de la plupart des stars du ski nordique engagées dans l’après-midi sur les différentes courses du Martin Fourcade Nordic Festival, la Villaraine Julia Simon s’est arrêtée en zone mixte au micro de Nordic Magazine. Si elle n’a pas souhaité répondre aux questions portant sur l’affaire judiciaire dans laquelle elle est actuellement impliquée, elle s’est longuement confiée sur son nouveau statut de biathlète à battre. Entretien avec celle qui va retrouver dans quelques heures la compétition près de six mois après sa dernière course.
- Comment se régénère-t-on à la suite d’une saison pleine marquée par un titre mondial et, notamment, le gros globe de cristal de vainqueure du classement général de la coupe du monde ?
Je me suis pensée forte mentalement en me disant que cela allait aller, mais le coach [Cyril Burdet, NDLR] m’a dit que j’allais être très fatiguée. Et cela a été le cas ! Mon corps m’a envoyé plein de signaux en faisant un petit malaise pendant le tournoi des Douanes. J’ai ensuite fait ma tournée médiatique puis j’ai complètement coupé pendant deux, trois semaines à juste profiter de mes amis et de ma famille sans faire de sport. J’avais vraiment un grand besoin de me retrouver et de faire une pause. L’hiver est tellement stressant avec la pression que je m’impose, comme les journalistes et les fans, qu’on arrive à un moment où on relâche tout. C’était donc un bon break au printemps.
- Après tout cela, êtes-vous parvenue à retrouver des forces ?
Le plaisir est assez vite revenu avec l’envie de bouger et d’aller faire des tours en pleine nature. La forme est là, je sors d’un gros bloc de volume et je viens ici pour valider le travail de l’été, surtout au niveau du tir. C’est quelque chose de très important de remettre un dossard avec cette boule au ventre avant le départ. Tout dossard est vraiment bon à prendre, surtout ici sur le Pâquier !
- Vous allez attaquer la saison 2023/2024 en tant que numéro une mondiale et biathlète à battre : comment l’abordez-vous ?
L’hiver dernier, j’ai coché toutes les cases de mes objectifs ! J’ai donc beaucoup de confiance parce que je sais que je suis capable de faire partie des meilleures. On me regarde un petit peu plus donc cela donne de la confiance, mais il y a aussi plus de pression parce que, justement, j’aurai ce maillot jaune sur la première coupe du monde. Il faut se préparer à cela, mais c’est un privilège d’avoir ce genre de pression. J’ai hâte d’apprendre à gérer cela, d’être devant cette situation et de voir si j’ai la capacité mentale de rester concentrée sans sortir de mon schéma pour aller chercher mes objectifs.
- Et tenter de s’inscrire dans la durée…
C’est quelque chose qui est vraiment très difficile parce que c’est tellement dur de réaliser une saison pleine. Cela paraît difficile, mais c’est un super beau challenge que j’espère relever. Je m’entraîne pour cela et je vais tout faire pour.
- D’autant que la concurrence est forte sur le circuit féminin…
Les filles présentes sur le MFNF seront celles qui le seront sur l’hiver ! On ne peut pas avoir un plus beau plateau avec du palmarès au mètre carré sur les neuf engagées. La concurrence est rude, mais la saison est très longue avec une gestion à avoir. Il ne faut pas paniquer malgré les aléas et ne pas cogiter. C’est quelque chose que Dorothea Wierer a très bien su faire en allant décrocher deux titres l’un après l’autre [en 2019 et 2020, NDLR]. J’essaierais donc de faire de mon mieux en m’appuyant sur l’expérience de l’année dernière. On s’entraîne pour cela donc c’est la suite logique et un honneur de défendre mon maillot.
- Vous fixez-vous d’ores et déjà des objectifs précis pour la saison à venir ?
Bien sûr, mais je ne me dis pas que je veux aller chercher le globe une nouvelle fois. C’est le meilleur moyen de se planter (sic). La question est de savoir comment je vais essayer de défendre mon titre et d’aller chercher des points. Cela passera par essayer de gagner un peu plus souvent sur le circuit de la coupe du monde. Derrière, on verra ce que cela donne ! Peut-être que je tomberais sur plus forte que moi, mais je veux me concentrer sur ma performance avant tout en gagnant le plus possible.
- Vous sortez d’un stage d’altitude à Bessans (Savoie) où vous avez pu vous entraîner avec les Norvégiennes : que cela vous a-t-il apporté ?
S’entraîner deux semaines avec les Norvégiennes, c’était vraiment top ! Cela m’a apporté de nouvelles collègues d’entraînement avec d’autres discussions et cela m’a permis de travailler mon anglais. L’hiver, on s’entend bien, mais il y a toujours des timing à respecter alors que, là, on a plus le temps pour discuter. C’était cool de m’entraîner notamment avec Karoline Knotten qui tire vite et Ingrid Landmark Tandrevold qui est très forte sur les skis. C’était sympa de pouvoir faire partie de leur équipe sur ces quinze jours.
- Y a-t-il des axes de travail prioritaire sur cette préparation ?
Je veux vraiment repartir sur ce que j’ai fait l’an dernier avec des tirs construits et appliqués. Ce sera une nouvelle fois la clé et le fil conducteur de mon hiver. Physiquement, cela devrait tenir donc je suis assez confiante. Le mot d’ordre sera d’être régulière.
- L’hiver prochain, enfin, l’étape du Grand-Bornand (Haute-Savoie) n’aura pas lieu…
En tant que Française, c’est une étape qu’on attend forcément. Il y a de la pression, mais c’est une semaine folle avec l’ambiance. Ce sont des expériences que je n’aurais jamais pensé vivre quand j’étais gamine. Cette année il va falloir faire sans, mais il y aura de belles étapes. On va notamment aller découvrir le site de Lenzerheide en Suisse. J’ai eu la chance de le voir en IBU Cup, mais ce sera quelque chose de nouveau sur la coupe du monde. On va aussi aller en tournée américaine et il y aura encore une fois Oslo, une étape que j’adore, comme Antholz.
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