Biathlon : pourquoi la Suède a-t-elle démarré l’hiver en boulet de canon ?
La saison dernière, la Suède avait décroché, au total, sept podiums. Six pour la seule Hanna Oeberg et un pour Linn Persson, lors de la mass-start du Grand-Bornand (Haute-Savoie). Aucune breloque pour les hommes en individuel, de pâles sixièmes et quatrièmes places à la coupe des nations et un zéro pointé, hormis le bronze d’Oeberg, l’arbre qui cachait la forêt, lors des Mondiaux d’Antholz (Italie) : le bilan était maigrelet.
Cette année, la dynamique a radicalement changé puisque les biathlètes du royaume sont montés sur quatre podiums en quatre courses décrochant même neuf tops 10 au cours du week-end. Une véritable revanche pour cette équipe de grand talent mais qui n’arrivait pas à concrétiser jusque-là.
Hanna Oeberg (SWE) – Manzoni/NordicFocus
La première raison du succès suédois, c’est tout simplement l’émulation créée par les individualités du groupe national : Sebastian Samuelsson, Jesper Nelin, Martin Ponsiluoma, Hanna et Elvira Oeberg, Linn Persson, Johanna Skottheim ou Mona Brorsson. « Tout le monde s’entraîne ensemble à Östersund maintenant : ils peuvent s’y affronter toute l’année. C’est la clé du succès », décrypte Bjoern Ferry, ancien biathlète expert pour la SVT, la télévision nationale publique.
Le champion olympique de la poursuite 2010 avance une autre raison : le très étoffé encadrement présent autour des stars de l’équipe nationale. « Il est meilleur que jamais. Lorsque Wolfgang Pichler était le coach, il s’occupait de tout, était omniscient, se rappelle le champion. Aujourd’hui, vous avez des spécialistes pour chaque domaine, ce qui change tout pour Johannes Lukas. »
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Pour expliquer cette grande forme suédoise à Kontiolahti, comme l’ont d’ailleurs dit les Français en zone mixte, il ne faut pas non plus occulter qu’ils s’entraînent sur neige, à basse altitude (Östersund est à 312 mètres d’altitude, peu ou prou comme Kontiolahti), depuis de longues semaines. À la différence des Européens, plutôt en difficulté sur les skis samedi et dimanche. Aussi, à Idre Fjäll, ils ont pu remettre un dossard dans le cadre d’une vraie compétition.
Enfin, Stina Nilsson est également un des facteurs explicatifs de la bonne forme suédoise : « Elle donne de l’énergie aux autres, croit savoir Bjoern Ferry. Tout le monde est un peu plus concentré simplement parce que Stina est très impliquée. » Un argument que réfute pourtant Hanna Oeberg dans les colonnes de Dagens Nyheter : « Elle a certainement des choses à apporter mais je pense que c’est plus important pour elle de faire partie de la meilleure équipe féminine du monde que l’inverse. »
Sebastian Samuelsson (SWE) – Manzoni/NordicFocus
Jeudi, Oeberg portera le dossard jaune de leader du général lors du second sprint de Kontiolahti (Finlande). Derrière elle au classement ? Johanna Skottheim alors que Mona Brorsson et Linn Persson sont dans les dix. Chez les hommes, Sebastian Samuelsson, numéro deux mondial, se place comme le principal adversaire de Johannes Thingnes Boe en ce début d’hiver. À confirmer sur cette deuxième étape mais, surtout, à Hochfilzen (Autriche) avant les fêtes de Noël où les Européens pourraient avoir retrouvé leur forme habituelle.
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Photos : Nordic Focus.