Biathlon : Chloé Bened se confie sur Camille Bened
Cette saison, Camille Bened, 24 ans, a remporté le classement général de l’IBU Cup de biathlon. Après deux hivers difficiles marqués par un surentraînement puis une grave blessure, la Chablaisienne est donc parvenue à briller de façon régulière au plus haut niveau international. Des performances qui lui ouvrent les portes de la coupe du monde, qu’elle va découvrir cette semaine à Oslo-Holmenkollen (Norvège).
A quelques jours de ce grand rendez-vous, Nordic Magazine a demandé à Chloé Bened, se petit sœur retraitée des pas de tir depuis la fin de l’hiver 2024, de raconter sa Camille Bened. Celle qui s’est lancée dans des études d’esthéticienne fait ainsi d’émouvantes confidences.
La fierté de voir sa sœur briller au plus haut niveau
« Bien sûr que je suis fière de ma grande sœur, c’est ma fierté ! Camille, ça a toujours été un exemple et ma première idole. J’ai toujours voulu faire comme Camille, donc bien évidemment que je suis fière de ce qu’elle a fait cette saison, de toutes ces années qu’elle a parcourues, de son palmarès juste impressionnant. Certes, je ne fais plus partie du monde du biathlon, mais, avec elle, j’ai toujours un pied dedans, et je trouve ça génial parce qu’elle me fait encore vivre ce que je ne vis plus. Je suis derrière elle, je l’accompagne, je suis chaque course qu’elle fait sur mon téléphone ! Je regarde et je lui envoie des messages. Je n’ai pas été beaucoup présente sur les entraînements durant la préparation parce que, maintenant, j’ai ma vie, mais j’ai toujours un petit bout de moi dans le biathlon grâce à elle. »
Ce que Camille Bened lui dit sur sa saison
« Paradoxalement, elle ne me dit pas grand-chose sur sa saison ! Elle met en place ce qu’elle a préparé tout au long de la période d’entraînement et fait son petit bout de chemin toute seule en faisant les entraînements qu’on lui demande. Je pense que je définirais Camille comme une personne hyper rigoureuse et qui vit pour ça, le biathlon. Elle ne lâche rien et, franchement, ça fait sa force. Je pense que c’est pour ça qu’elle en est là aujourd’hui. »
Retour en arrière sur les deux saisons difficiles de Camille Bened
« Les deux saisons précédentes n’ont pas été faciles pour Camille, au niveau mental comme physique. Elle a enchaîné les pépins physiques et je pense qu’on peut dire que c’est une belle récompense. Il y a d’abord eu une année où elle n’a pas pu finir la saison parce qu’elle était en surentraînement, et puis la deuxième où elle a enchaîné les blessures. Quand elle chute et se fait l’épaule et le coccyx à Bessans, ça a été très très dur pour elle comme pour moi… Elle n’aurait pas pensé revenir à la compétition dès le mois de janvier comme elle l’a fait. Elle ne voulait pas faire de saison blanche, et elle a eu cette capacité à aller chercher cette fin de saison où elle a réussi à performer malgré son début de saison complètement à l’arrêt. Cette épreuve, c’est une vraie force pour elle. »
La fin de carrière de Chloé Bened, un moment compliqué pour les deux sœurs
« La fin de ma carrière a été compliquée pour nous deux, surtout le début de la préparation où on a été séparées alors que l’été d’avant on partait à l’entraînement et sur les stages ensemble. Là, c’était Camille sans Chloé, et ça a été un peu dur. Personnellement, j’ai eu une grosse période où il ne fallait plus qu’on me parle d’entraînement et de sport parce que, comme tout athlète de haut niveau qui décide d’arrêter sa carrière, c’est un poids mental… Aujourd’hui, je remonte la pente, je refais du sport, mais j’ai eu besoin de ce moment où je ne voulais plus aller m’entraîner et faire de sport parce que ça me rapportait tout de suite à la compétition et je ne voulais pas ça. »
« C’est vrai que j’ai un peu délaissé Camille sur cet été où elle s’entraînait seule. J’avais mon boulot à côté [elle suit une formation d’esthéticienne, NDLR] donc je ne pouvais pas forcément l’accompagner, sauf sur deux, trois séances. On n’a pas forcément beaucoup parlé de ce qu’elle ressentait… Sur les stages, quand on était ensemble, on se reposait beaucoup sur les épaules de l’autre. Même si on n’était pas dans les mêmes chambres et tout le temps ensemble sur les séances, on parlait beaucoup. Se retrouver le soir, discuter 5 minutes, pouvoir s’épauler et faire les voyages ou les valises ensemble, c’était un peu comme notre refuge. On était le refuge l’une de l’autre parce qu’on se sentait soutenue. Si Camille n’allait pas bien, elle venait me voir, et inversement. Là, sur les stages, la préparation et le début de saison, elle s’est toujours retrouvée seule… Mais, justement, Camille a eu cette force de caractère pour le surmonter ! C’est un peu une femme solitaire pour qui la solitude n’est pas dérangeante, comparée à moi. »
Pourquoi Camille Bened performe-t-elle cette saison ?
« Je ne sais pas trop pourquoi ça a fonctionné cette année. J’ai juste envie de dire que c’est l’aboutissement de tout ce qu’elle a donné depuis tant d’années. C’est une fille tellement rigoureuse qui mérite amplement tout ce qu’elle a connu ses derniers mois. Après tout ce qu’elle a parcouru, c’est juste normal qu’elle décroche le globe du cristal de l’IBU Cup. C’était son rêve, mais c’était aussi le rêve de toute la famille de voir la grande sœur à son plus haut niveau. Cet hiver, tout était aligné pour que ça marche, et je lui dis un grand bravo, c’est juste exceptionnel ce qu’elle a fait ! Du début à la fin, elle n’a rien lâché… alors qu’elle a eu des pépins jusqu’à la fin, comme cette chute avec l’Ukrainienne avant la dernière étape. Elle a dû se battre et elle a réussi ! C’est vraiment un boulot de championne, et l’aboutissement de tellement de choses. C’est pour ça qu’elle le mérite, parce qu’elle n’a jamais rien lâché, et c’est ce qui fait sa force aujourd’hui. »
Camille Bened, l’idole de sa petite sœur, présente sur place à Oslo-Holmenkollen en cette fin de semaine
« Elle a un soutien énorme de toute notre famille, pas que de moi, mais aussi de mes parents, de mes autres sœurs [Justine et Ninon, NDLR], de son copain, des amis, de la famille en général… On l’accompagnera toujours dans sa petite vie d’athlète, parce que c’est notre star, notre championne, notre idole. Moi, c’est vrai que depuis que je suis petite, on a deux ans d’écart, je voulais faire tout comme Camille ! Je voulais avoir le même palmarès, les mêmes médailles, aller aux mêmes endroits qu’elle. Franchement, je n’ai pas d’autres choses à dire à part que c’est exceptionnel ! C’est juste à couper le souffle. Moi, je n’ai jamais vraiment eu d’idole dans le biathlon, mais, aujourd’hui, je peux dire que mon idole, c’est ma sœur, et ça le sera toujours. Je ne sais pas quand elle va arrêter sa carrière, on n’en a jamais parlé, mais je lui souhaite d’aller le plus haut et le plus loin. Je serai toujours derrière elle quoi qu’il arrive. »
« Sa place en coupe du monde, c’est juste une récompense de tout ce qu’elle a abouti cette saison, et on ne peut que lui souhaiter de réussir, de s’amuser, de profiter et d’emmagasiner le maximum d’expérience. J’espère que ce sera l’ouverture d’une porte en coupe du monde pour l’année prochaine ! On sera d’ailleurs là pour la soutenir à Oslo, on part à une dizaine ! »
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