Biathlon : Valentin Lejeune vice-champion du monde juniors de l’individuel
Ce dimanche matin, le Vosgien Valentin Lejeune a réalisé une magnifique performance lors de l’individuel des Mondiaux juniors de biathlon d’Otepää (Estonie). Avec un 20/20, le seul de la course, il se classe effectivement deuxième derrière l’Allemand Leonhard Pfund et accroche, ainsi, sa première médaille internationale en individuel.
Après avoir reçu sa breloque argentée, Valentin Lejeune s’est confié à Nordic Magazine. Entretien.
- Pouvez-vous nous raconter votre course marquée par un 20/20, le seul de tous les biathlètes alignés sur cet individuel des championnats du monde juniors ?
On s’est réveillés le matin avec une piste béton et ils nous ont dit qu’il y avait un changement de parcours et qu’on allait devoir tourner sur la boucle de 2,5 kilomètres parce que la 3,3 était trop dangereuse. Cela a changé la dynamique du départ parce qu’on avait deux tours à faire, soit cinq kilomètres, en partant. J’ai donc pris un départ assez prudent, mais j’ai senti rapidement que les jambes n’étaient vraiment pas au top. J’arrive au tir en ayant confiance en moi, le vent est stable, mais il y a des clics à faire et je fais un 5/5. Je sens ensuite que je m’améliore sur la piste puis, au debout, je ne me précipite pas. Je sais que sur un individuel, il faut mettre les balles.
- Avant votre second passage au tir couché, vous êtes déstabilisé par une petite erreur…
Je perds effectivement un bâton à l’entrée du pas de tir ! C’était donc un petit peu la panique pour réussir à prévenir la coach que j’avais perdu une canne pour qu’on puisse m’en redonner une [rires]. Au final, j’arrive à me remettre dedans en faisant un nouveau plein puis un autre au second couché. C’est clairement à partir de là, avec le 15/15, que ça a travaillé dans ma tête. Je jouais le 20/20 et une place sur le podium.
- Dans quelles dispositions mentales vous présentez-vous au dernier debout ?
Je suis bien anxieux et stressé avec la boule au ventre et les jambes qui tremblent un petit peu. Je m’arroche cependant à chaque balle et je compte : seize, dix-sept, dix-huit… jusqu’à vingt ! Quand je sors du pas de tir, j’y crois moyennement à ce 20/20 qui est mon tout premier en compétition. Je suis très satisfait du tir !
- Avec ce score parfait, vous sortez même en tête du dernier tir : y’a-t-il de la frustration de ne pas être parvenu à garder cette première place et de devoir prendre la médaille d’argent ?
J’ai donné tout ce que j’avais dans le dernier tour ! Il y a un poil de regrets de ne pas avoir la médaille d’or parce qu’avec une forme normale me concernant sur les skis, j’avais ce titre. Malgré tout, je suis tellement satisfait d’être parvenu à faire ce 20/20. C’est la course parfaite !
- Que représente pour vous ce 20/20 ?
Mon objectif en début de saison était de stabiliser mon tir debout. Si je garde la précision, je sais comment faire au couché, mais pas le debout. Au fil de l’hiver, je sentais que les choses se mettaient en place parce que j’ai fait un premier 10/10 au debout dans des conditions pas faciles. Je tenais quelque chose d’intéressant ! Avant la course, je savais donc que j’étais capable de tirer à 20/20 et je l’ai abordé sans être hyper stressé. Dans mes objectifs de l’année, il y avait cependant une médaille individuelle aux Mondiaux juniors donc il y avait malgré tout de l’enjeu. Je voulais cette médaille ! Avoir réussi, c’est une énorme satisfaction.
- Il s’agit d’ailleurs de votre toute première médaille aux Mondiaux en solitaire…
Je ressens un sentiment d’accomplissement. Je n’ai jamais été le meilleur tireur en compétition et j’avais souvent tendance à craquer au debout. J’ai l’impression d’être parvenu à progresser cet hiver en alignant toutes les planètes pour performer.
- Cet hiver, vous avez effectivement vécu beaucoup de premières avec les IBU Cup, la coupe du monde et cette médaille mondiale juniors. Votre saison est globalement magnifique…
Carrément ! Faire ma première coupe du monde m’a beaucoup aidé en me faisant relativiser énormément les choses. C’était un rêve que j’ai pu réaliser avec un enjeu énorme et devant 25 000 personnes. Je n’avais jamais vécu des émotions pareilles et ça fait relativiser, par exemple, ces championnats du monde. C’est un événement important, mais pas la coupe du monde !
- S’il y avait un élément à mettre en avant pour déterminer ce qui fait votre force actuellement, quel serait-il ?
Je dirais la gestion des émotions pendant la course. Là, sur cet individuel, j’ai quand même eu des petits pépins et j’ai réussi à rester calme en gérant bien mes émotions. Avant, je n’étais pas vraiment un biathlète, mais plus un fondeur qui tirait. Je débranchais le cerveau sur la piste et je n’en mettais pas une dedans au tir. Là, c’était le contraire parce que j’ai gardé mon calme toute la course et suis resté focus en construisant du biathlon.
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