Biathlon : Justine Braisaz-Bouchet sur la fin de sa carrière
Ce vendredi après-midi à Bessans (Savoie), à la veille de remettre un dossard sur neige pour la première fois depuis sa grossesse, la Savoyarde Justine Braisaz-Bouchet, 27 ans, s’est confiée à plusieurs médias, dont Nordic Magazine. Au cours de cette interview, la maman de Côme, championne olympique en titre de la mass-start, a annoncé qu’elle ne se projetait pas à plus de « trois ou quatre ans ». Avec les Jeux olympiques de Milan/Cortina 2026 dans le viseur. Entretien.
- A deux semaines de votre grand retour en coupe du monde, dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Ça va bien ! On termine le dernier stage à Bessans et en altitude. Globalement, la préparation s’est très bien passée. Je suis là où je voulais en être physiquement et en performances de biathlon comme je me l’imaginais il y a neuf mois en arrière. Je suis excitée à l’approche des courses ! Il y a forcément de l’appréhension, mais il y a plus d’excitation. D’abord pour les courses de Bessans, qui seront des bons points de repère, puis les compétitions de reprise de coupe du monde.
- Le circuit et la compétition sont-ils des éléments qui vous ont manqué ?
Il y a des choses qui me manquaient l’année dernière, mais plutôt certains souvenirs d’un site à l’autre. La compétition, oui, mais pas forcément de biathlon. J’étais heureuse sur mon canapé à regarder les courses depuis chez moi. Regarder tous les sports d’hiver à la télévision a réveillé mon instinct de compétitrice. J’avais besoin d’aller m’aérer et de me mettre des petits challenges dehors, même avec mon mètre cube autour du ventre ! Cette période m’a fait du bien parce que je me suis recentrée sur moi-même et cela a affirmé certains de mes choix.
- Lesquels ?
De poursuivre ma carrière ! C’était déjà dans le plan, mais en regardant le biathlon -j’aime ce sport et être compétitrice -, cela m’a conforté dans mon choix. Mon mari a pris un congé parental et a sacrifié momentanément sa carrière professionnelle pour que je puisse faire ma carrière. C’est un choix fort.
- En tant qu’athlète, pensez-vous avoir changé ?
Oui, mais je pense que c’est ma personne. J’ai les idées plus claires et je me sens plus détachée du regard des autres. J’avais du mal à assumer mes résultats, qu’ils soient très bons, bons ou moins bons. J’étais touchée par cela. Aujourd’hui, j’ai envie de laisser davantage de place à qui je suis en tant que personne. Selon moi, c’est ce qui fait l’identité d’un athlète.
- Cela veut-il dire que vous vous projettez au-delà de 2026 et des prochains Jeux olympiques ?
Ah non ! Je pense que je suis plutôt sur la fin de ma carrière. J’ai cette projection-là de me dire qu’il me reste trois, quatre ans. Je n’irai pas au-delà, c’est une certitude. C’est le sprint final.
- Quels seront vos objectifs pour l’hiver à venir ?
Physiquement, je sais que le niveau international ne m’a pas attendu sur la piste ! Je ne sais pas quel niveau je vais avoir, mais je suis fière d’où je suis actuellement. Mon objectif principal est d’être quelqu’un sur le pas de tir. C’est ce qu’il me tient le plus à cœur : enfin pouvoir me réaliser face aux cibles. J’ai l’impression de me mettre la pression avec cela, mais j’en ai vraiment envie. Sur les résultats, je vois une fourchette large : j’espère monter sur la boîte plusieurs fois, mais je pense être régulière dans le top 10. Au-delà de cela, je serai déçue !
- Que voulez-vous dire par vous réaliser sur le pas de tir ?
Jusqu’à maintenant, j’avais peur et pas confiance. J’étais effrayée face aux cibles. Dans l’intention, réussir à être quelqu’un de présente au tir est difficile.
- Vous arrivez dans une équipe renouvelée avec de nouveaux coachs et de nouvelles coéquipières : cela amène-t-il de la fraîcheur supplémentaire ?
Cyril [Burdet] est très pertinent, il a coaché un groupe très performant avec les sprinteurs en ski de fond, donc le discours tient la route. Maintenant, moi j’aime bien, bien connaître mes entraîneurs. Avec Frédéric Jean, je commençais à bien le connaître. Aujourd’hui, avec Cyril, on est encore un peu dans la découverte, surtout que je ne l’ai rejoints qu’en milieu de préparation, mais cela se passe très bien. Le groupe a été renouvelé aussi avec beaucoup de jeunes. Cela amène de la fraîcheur. Ensuite, sur la piste, c’est vraiment intéressant parce qu’elles ont toutes des qualités et un gros potentiel. Sur le terrain, ça m’intéresse aussi, que ce soit le groupe relève ou les filles avec moi, elles sont très performantes et j’ai presque hâte qu’elles éclosent, parce que cela me booste. Elles me poussent dans mes retranchements, et, ça, c’est vraiment moteur.
Avec Thomas Bray, à Bessans (Savoie).
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