Biathlon : « J’ai eu des troubles du comportement alimentaire », révèle Laura Boucaud
Dimanche, la biathlète drômoise Laura Boucaud, 21 ans, a annoncé mettre un terme à sa carrière. Un parcours magnifié par un titre mondial juniors en relais décroché en janvier 2020 quelques semaines avant une médaille d’argent européenne remportée sur le sprint.
« J’ai commencé en venant de la Drôme en faisait les aller-retour tous les mercredi pour aller faire le ski à Autrans grâce à mon papa qui m’emmenait », se rappelle-t-elle notamment pour Nordic Magazine à qui elle explique en longueur pourquoi elle a décidé d’arrêter le biathlon. Entretien.
- Pouvez-vous nous expliquer ce qui vous a ammener à mettre un terme à votre carrière à seulement 21 ans ?
Tout allait bien jusqu’en 2020, quand je réalise mes meilleurs résultats en terminant notamment deuxième du sprint des championnats d’Europe juniors d’Hochfilzen. La poursuite a ensuite été annulée à cause du coronavirus, ce qui m’a laissé un goût d’inachevé. Finir l’hiver comme cela alors que j’avais progressé toute la saison m’a déçu sur le moment, mais, pendant toute la période Covid-19, je suis restée motivée et j’étais toujours dans les groupes fédéraux avec les copines.
- Quand est-ce que tout a basculé du mauvais côté ?
Pendant la préparation, il y a eu du surentraînement notamment parce que j’essayais de me faire plaisir sur le vélo en tentant de suivre les garçons. Je me suis d’ailleurs fait engueulée plusieurs fois pour cela. Ensuite, il y a eu le Summer Tour d’Arçon où on a fait une indigestion alimentaire au sein du groupe féminin. La course a été terrible, j’avais zéro force et, à la fin, j’étais totalement vidée. A chaud, il y a eu une remise en question totale avec les coachs de toute ma préparation et cela m’a fait perdre toute ma confiance en moi. Depuis, plus rien n’allait parce que je faisais le job à 100%, mais j’ai eu des troubles du comportement alimentaire.
« Je faisais hyper gaffe à tout ce que je mangeais et, depuis ce jour-là, j’ai perdu confiance »Laura Boucaud à Nordic Magazine
- Cela a dû être dur à vivre…
Je faisais hyper gaffe à tout ce que je mangeais et, depuis ce jour-là, j’ai perdu confiance et cela a effectivement été très compliqué. Le deuxième Summer Tour, c’était également la catastrophe. Ensuite, j’ai repris deux, trois kilos, ce qui était énorme pour moi, et pour les premières courses de décembre, dans ma tête, je n’étais plus à 100%, pas dedans et j’ai fait une pause. Le biathlon, c’était ma passion et, ne plus être à 100% à l’entraînement, je savais que cela ne le ferai pas en course.
- Qu’avez-vous fait ensuite ?
D’abord, fin 2020/2021, j’ai quand même tenté de me qualifier pour les Mondiaux, l’objectif de l’hiver. J’avais fait toute la préparation donc j’ai tenté de me réentrainer seule pour cela, mais cela ne l’a pas fait. Je n’ai ensuite pas recouru puis pas été reprise à la Fédération au printemps. Je suis donc retournée au comité du Dauphiné qui a monté un groupe universitaire. J’étais motivée à repartir, mais c’est vrai que le niveau n’était pas le même.
« J’ai replongé et, pendant les JO d’été, je n’arrivais plus à m’entraîner »Laura Boucaud à Nordic Magazine
- Votre hiver dernier a été vierge de toute course : pourquoi ?
J’ai fait la préparation, mis j’ai de nouveau eu des périodes difficiles l’été dernier parce que les troubles du comportement alimentaire ne m’ont pas laissé tranquille. J’ai été suivie, j’ai pris des aides pour m’en sortir, mais cela ne se répare pas facilement. J’ai replongé et, pendant les JO d’été, je n’arrivais plus à m’entraîner. Je n’avais pas la motivation pour les Summer Tour et je n’ai donc jamais repris le départ d’une course depuis début 2021.
- Dans le message publié sur Instagram pour annoncer votre arrêt, vous expliquez avoir mis du temps à accepter que vous aviez perdu l’envie…
Je suis quand même repartie au printemps dernier avec le comité dans l’idée de revenir à 100% et je n’ai pas réussi. Je devais courir le deuxième Summer Tour l’automne dernier et, à la sortie d’un stage, je me suis rendu compte que je n’avais plus envie. Le corps avait déjà lâché et, là, c’est la tête qui ne se faisait plus plaisir. C’est pour cela que j’ai mis du temps à le dire. Après, au fond de moi, cela faisait six mois que je savais que j’arrêterai.
« La santé mentale est plus importante »Laura Boucaud à Nordic Magazine
- Etes-vous frustrée d’arrêter là-dessus ?
La santé mentale est plus importante que certaines choses. C’est vrai que je me dis que c’est dommage d’arrêter là-dessus parce que je ne voyais pas ma vie sans le biathlon jusqu’à ce que tout cela arrive. Je vivais pour cela à 100%, c’était tout tracé. J’ai aujourd’hui d’autres objectifs qui me poussent à passer à autre chose.
- Quels sont-ils ?
Pour l’instant il n’y a rien de concret, mais je suis en train de me mettre dans le cyclisme. J’ai fait ma première cyclo il y a une semaine dans la roue de Jeannie Longo ! J’essaye de me mettre au vélo de route et de me faire plaisir. Je suis très endurante et cela me plaît.
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