Biathlon : Jeanne Richard est enfin rentrée en France
« Je viens de traverser une petite aventure… Emotionnellement, c’est sans doute l’aventure la plus spéciale de ma vie. Nous sommes le mercredi 20 mars au soir, je me trouve à Munich à bord d’un avion en route vers Genève. Le décollage vient juste de se produire, je me remémore les événements qui viennent de se dérouler ! »
« Pour se remettre dans le contexte, nous sommes juste après la dernière étape de la coupe du monde, après avoir passé les trois dernières semaines entre Oslo-Holmenkollen, Salt Lake City et, enfin, Canmore. Cette tournée nord-américaine de fin de saison est une étape rare, organisée par l’IBU environ tous les cinq ans. La fatigue de fin de saison se fait ressentir chez chaque athlète, d’autant plus avec le décalage horaire et cette envie irrépressible de prendre un break. Cela laisse des traces, croyez-moi ! »
« Tout a commencé lundi à 8h45 [heure canadienne, 15h45 en France, NDLR]. Nous sommes le premier jour de break, au lendemain de la finale de la coupe du monde. Toute l’équipe de France quitte l’hôtel de Canmore en bus, en direction de l’aéroport de Calgary pour prendre un avion charter, réservé et organisé par l’IBU, en direction de Munich (= carrefour européen). Le trajet en bus dure 1h30 et nous arrivons à destination à 10h15. L’avion est prévu pour un départ à 13h. C’est parti pour trois heures et demi d’une file d’attente interminable pour l’enregistrement… et le début des galères. »
« A ce moment-là, nous savions tous qu’il allait falloir être patients, mais nous ne savions pas que ça allait devenir le maître-mot du voyage et que c’était seulement le début d’une longue série d’attente ! Finalement, l’avion a décollé à 17h50, avec 4h50 de retard. Nous sommes arrivés à Munich à 10h30 le mardi matin. Seulement, nous avions prévu de prendre un autre avion, à 11 heures pour Genève, avec l’équipe de France. Mais, entre récupérer nos affaires parmi plus de 6 tonnes de matériel et les multiples rebondissements… nous ne pouvons pas monter dedans. Premier avion raté ! »
« Les autres membres de l’équipe ont décidé de louer quatre bus en direction de Genève. Affaires chargées, ils sont partis à 13h. Après de longues négociations, je suis finalement restée sur place car ma carabine est bloquée à Calgary et il était impossible de la renvoyer chez moi. Nous étions dix athlètes dans ce cas, et seuls les propriétaires des armes peuvent les récupérer. Après des montagnes russes émotionnelles, j’ai pris un taxi seule en direction du centre de Munich. Le chauffeur m’a trouvé un hôtel et m’a expliqué le fonctionnement de la ville, ce qui m’a un peu remonté le moral ! »
« L’Italienne Samuela Comola, qui était dans la même situation que moi, m’a envoyé un message privé sur Instagram pour me dire qu’elle prenait également un taxi pour Munich. Je l’ai invitée à l’hôtel et nous avons passé la soirée ensemble à visiter, à marcher et à dîner. Le lendemain [mercredi], nous avions rendez-vous à partir de 14h10 à l’aéroport de Munich pour récupérer nos carabines au bureau des objets trouvés. »
« J’ai un vol à 18h15 pour Genève, donc, à 14h, je prends un train d’une heure depuis Munich ville jusqu’à l’aéroport. Une fois là-bas, mon AirTag (merci maman !!) localise ma carabine à Francfort. Problème, elle n’est donc pas à Munich ! On nous dit que les carabines arriveront depuis Francfort à 18h30. Deuxième avion raté. Nous étions encore huit à ne pas avoir nos armes : deux Ukrainiens, un Bulgare, deux Roumains, un Kazakh, une Italienne [Samula Comola] et moi. Nous avons donc attendu 3h30 autour d’une grande bière (fin de saison oblige). »
« Avec Samuela [Comola], nous avons donc réservé le dernier vol pour Genève qui partait à 21h55. Après plusieurs coups de téléphone, je ne peux pas me permettre de le rater même si nous n’avons pas nos carabines. A 18h30, ma carabine est toujours localisée au terminal 1 de Francfort. Les négociations commencent. L’Ukrainien Alexei Kravchenko proposent de rédiger une lettre dans laquelle je consens à les laisser partir avec ma carabine. L’idée est qu’ils prennent mon arme pour l’emmener en voiture à Salzbourg, au centre de l’IBU. Ainsi, je pourrais partir sans ma carabine. Après de nombreux documents à remplir, je suis de retour au check-in à 20h30 pour prendre l’avion sans ma carabine. Mais il y a un problème avec la machine, elle ne fonctionne pas. Nous sommes redirigés vers un autre service… »
« A 20h50, une heure avant le départ, nous passons enfin la sécurité. Je reçois alors un appel d’Alexei [Kravchenko] me confirmant que nos carabines sont arrivées à Munich. Je suis très émue, mon cœur bat vite, et nous courons vers le service des bagages avec Samuela [Comola], récupérons nos carabines sans problème, puis retournons au check-in pour enregistrer nos carabines à nouveau. C’est alors qu’un nouveau gros problème survient : ils ont supprimé la possibilité d’enregistrer un bagage supplémentaire. »
« Plusieurs coups de téléphone s’en suivent, impossible de faire quoi que ce soit… A 21h15, je craque. Il n’y a plus aucune solution, je me vois déjà passer la nuit à l’aéroport. A 21h35, Samuela [Comola] prend les devants et résout le problème avec la police, en expliquant l’histoire que je ne parvenais pas à dire en anglais. Sous le stress de rater une fois de plus l’avion, alors que nous étions enfin si proches de rentrer chez nous, il était pour moi impossible de décrocher un mot d’anglais. »
« A 21h36, nous passons la sécurité… mais un nouveau problème survient : Samuela [Comola] avait voyagé avec une balle dans son sac depuis Calgary. Elle s’est fait arrêter, fin des hostilités pour elle. Je lui fais un gros câlin et elle me dit juste : « RUN !! ». J’ai couru et pris un train pour me rendre à la porte K18, à l’autre bout de l’aéroport, évidemment la plus éloignée, sinon ça aurait été trop facile… A 21h51, je suis enfin dans l’avion. Je vérifie une dernière fois le AirTag, ma carabine est tout près de moi. »
« Il est maintenant 23h05 et je viens d’atterrir à Genève sans Samuela [Comola]. Fatiguée, épuisée mais heureuse, mes joues piquent des larmes qui ont coulées sur mon visage. Je ferme l’ordinateur pour aller récupérer mes valises au service des bagages. Gilonne [Guigonnat] vient me chercher pour que je passe la nuit chez elle et que nous allions [jeudi midi] à Méribel pour finalement participer aux championnats de France qui débutent vendredi ! »
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1 Commentaire(s)
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Oliver
22/03/2024 à 0 h 54 min
Incroyable !