Biathlon : les confidences de Lou-Anne Dupont Ballet-Baz
Au printemps 2024, la Cluse Lou-Anne Dupont Ballet-Baz est entrée pour la première fois dans les collectifs de biathlon de la Fédération française de ski (FFS) au sein du groupe Excellence 2030. Intégrée à cette équipe de France juniors en même temps que sa grande copine Voldiya Galmace-Paulin, la Haut-Savoyarde n’a pas connu la même destinée.
Pendant que la Lilloise de naissance brillait en IBU Cup, la biathlète des Aravis participait à deux manches du circuit Junior Cup en décembre avant de manquer les sélections pour les championnats d’Europe et du monde juniors.

Tout de même reconduite en groupe Excellence 2030, Lou-Anne Dupont Ballet-Baz s’est relancée tout au long de la préparation estivale jusqu’à renouer avec le podium en octobre à La Féclaz (Savoie). Pour Nordic Magazine, elle a accepté de faire le récit de ses douze derniers mois.
Un bilan honnête de son hiver 2024/2025 : « J’ai vraiment réussi à prendre beaucoup de recul sur cette saison et à en sortir du positif »
« Lors du premier Summer Tour de l’automne dernier, en septembre 2024 à Prémanon, j’étais seulement focalisée sur le résultat. Comme je venais d’entrer en catégorie U22, il y avait des filles deux ans plus âgées et ça faisait reculer rapidement dans le classement même si j’avais fait de belles courses. »
« J’ai eu une semaine de moins bien, puis on est retournés en stage et le début de saison s’est très bien passé. Je pars en Junior Cup en décembre, mais je loupe deux occasions de faire de belles courses. Après la période de Noël, j’ai ensuite eu beaucoup de mal à me remettre dedans. Lors des sélections pour les championnats d’Europe juniors, j’étais la première pas sélectionnée… C’était le premier coup dur. Après, sur les sélections pour les Mondiaux, il n’y avait qu’une place en jeu. Célia [Henaff] a gagné les quatre courses, donc le ticket était déjà pris. J’ai voulu me battre pour être remplaçante et ça n’a pas fonctionné non plus. »

« Pendant la compétition, je regardais ça de loin. J’ai coupé et je ne regardais que le résultat, mais vite fait. C’était hyper compliqué, j’avais du mal à le vivre. Après ça, j’ai essayé de me reprendre en me disant que j’allais prendre les courses comme elles viennent, en prenant du plaisir et ce qu’il y avait à prendre. Malheureusement, je n’ai pas réussi à me faire plaisir. »
« Maintenant, c’est une force parce que je sais ce que ça fait de ne pas prendre une sélection »Lou-Anne Dupont Ballet-Baz à Nordic Magazine
« Quand la saison était terminée, Amandine Mengin m’a dit : « Ça y est, on a fini ! ». J’ai dit : « Ah bon !? ». C’était comme si la saison était encore longue dans mon esprit et que j’avais encore le temps de montrer ce que je voulais montrer. C’était frustrant, mais j’ai été bien entourée pour faire un bon bilan de saison avec mes coachs fédéraux et de club. J’ai vraiment réussi à prendre beaucoup de recul sur cette saison et à en sortir du positif, ce qui n’était pas gagné du tout après Les Saisies ! »

« Je n’avais encore jamais connu de saison creuse. J’avais toujours fait des hivers où ça montait petit à petit au fur et à mesure de la saison. Là, ça avait commencé pareil et, au final, ça a baissé. Pour remonter, c’est hyper dur ! Cela me servira forcément pour la suite. Il fallait le digérer et, maintenant, c’est une force parce que je sais ce que ça fait de ne pas prendre une sélection. »
Un deuxième été de suite en groupe Excellence 2030 : « C’était plus facile d’aller dans la bonne direction sans s’éparpiller »
« Au printemps, j’étais encore éligible pour être conservée dans le groupe Excellence 2030. Quand on m’a appelée pour me dire que j’étais prise, j’étais très très contente ! C’est ce que j’attendais, mais il y avait une petite partie de moi qui se disait que ce n’était pas encore fait, qu’on ne pouvait pas savoir. Du coup, après ça, on a commencé la préparation à Prémanon avec des stages en mai, juin et juillet. »

« Je connaissais déjà le fonctionnement et les coachs, donc c’était beaucoup moins prise de tête pour moi. C’était plus facile d’aller dans la bonne direction sans s’éparpiller. Cela m’a beaucoup aidée et j’ai passé un été nickel, sans mauvaises passes, que ce soit en ski ou en tir. Je me mettais des objectifs mensuels et je faisais des points réguliers avec ma coach mentale. Si certains n’étaient pas validés, je les reportais au mois d’après et je faisais encore plus attention lors des stages, qui sont les moments où je progresse le plus. »
L’athlète la plus expérimentée du collectif féminin : « Je ne me considère pas comme la plus grande »
« Les autres filles ont juste un an de moins que moi ! Il y a pas mal de choses où elles me posent des questions. Par exemple, elles peuvent me demander si je fais du classique ou de la course à pied en récupération. C’est spécial parce que je leur donne ma réponse, bien sûr, mais, intérieurement, c’est trop bien parce que ça me fait réfléchir à la raison de ma réponse. C’est trop cool ! »

« On s’entend bien dans le groupe. Je ne me considère pas comme la plus grande, c’est juste que c’est ma deuxième année dans ce collectif et je sais comment ça se passe. Elles, elles découvrent et je peux parfois les aiguiller. »
Les axes de travail de la préparation : « Je me suis fait une to-do list avec les éléments à travailler durant la préparation »
« Sur les skis, c’était vraiment de progresser. L’année dernière, j’ai mis beaucoup de choses en place, mais je ne suis pas parvenue à les ancrer. En fin de saison, je me suis fait une to-do list avec les éléments à travailler durant la préparation pour passer des caps. Il y avait notamment des points techniques, comme prendre le temps de presser sur mes jambes, le temps fort/temps faible ou bien utiliser mes bras. »
« Quand j’ai commencé à passer des caps dans l’été, j’avais plus de facilités à skier sans plus en demander à mon cardio et à m’essouffler plus. C’était vraiment plaisant que voir que ça a tenu sur l’été. Il va maintenant falloir passer sur la neige, où c’est forcément différent ! »

« Le tir, ça a été ! L’année dernière, il y a juste eu un engrenage qui faisait que ça n’allait pas partout. Je savais que j’aimais le tir. Il a fallu être plus pointilleuse et rigoureuse là-dessus et j’ai encore bien progressé cet été. »
Les larmes lors du Summer Tour d’Arçon : « J’ai fait mon premier 0/5 en course lors de la poursuite… »
« A Arçon, j’ai quasiment fait un week-end de fondeuse parce que ça allait très bien en ski-roues et pas du tout au tir où j’ai notamment fait mon premier 0/5 en course lors de la poursuite. En sortant de mes cinq anneaux, si j’avais eu la mentalité de l’année dernière, je me serais dit que me battre ne servirait à rien. »

« Là, je me suis dit qu’il ne fallait plus que je le refasse et je suis ressortie avec la rage de me dire que j’allais me prouver que je pouvais finir correctement. Malheureusement, on m’a arrêté avant mon quatrième tir à cause de la règle des 3 minutes. J’ai pleuré parce que c’est hyper frustrant de ne pas finir une course… »
Le double podium sur le Summer Tour de La Féclaz : « Je ne me suis pas laissée avoir sur un sprint final comme ça a pu être le cas par le passé »
« Quand les choses se déroulent trop bien lors des réglages et à l’échauffement, j’avais ce problème de me dire en moi-même que c’était bizarre et que quelque chose de négatif allait forcément m’arriver. J’en ai parlé avec ma coach mentale. Elle m’a dit de profiter de ce moment où tout se passe bien pour surfer dessus parce qu’il n’y a pas de raison que quelque chose flanche si je n’ai pas ces pensées en tête. »
« A La Féclaz, je me suis donc dit cela et ça s’est bien passé. Sur le sprint, je fais le 8/10 avec le plein au debout. Je n’avais pas de super sensations sur les skis, mais j’ai tout donné et je finis troisième. Cela m’a redonné un petit coup de boost et m’a montré que je savais toujours faire ! »

« Le lendemain, je fais un très bon début de course puis je sors deux balles au premier debout avec une double faute pour finir. Dans le dernier tir, j’étais en chasse-patate derrière Louise [Roguet] et je me suis un peu perdue là-dedans… Même si tu ne veux pas penser au résultat, il y a des arrière-pensées et je fais trois fautes. Je ressors avec Lola [Bugeaud] pour jouer le podium, que je me suis autorisée à viser alors qu’avant j’aurais terminé quatrième. J’ai déclenché dans le final et ça a marché ! »
« J’étais vraiment contente parce que je ne me suis pas laissée avoir sur un sprint final comme ça a pu être le cas par le passé, notamment sur les Mondiaux jeunes. Je sens que le mental progresse en même temps que le physique ! »
De la confiance engrangée avant de rechausser les skis : « On se dit qu’on est capable, qu’on l’a fait et qu’on voudrait bien le reproduire »
« C’est un peu difficile à dire parce qu’on sait très bien que les courses d’été ne correspondent pas forcément au niveau de l’hiver. Bien sûr, cela m’a mise en confiance pour essayer de faire de même lors des prochaines courses, et notamment les mêmes approches. »

« Un week-end comme celui de La Féclaz juste avant de se lancer sur les skis, ça donne confiance. On se dit qu’on est capable, qu’on l’a fait et qu’on voudrait bien le reproduire sur le stage et les courses à Bessans ! »
Ses objectifs de début d’hiver : « Je n’ai pas envie de me fermer la porte de l’IBU Cup »
« Il n’y aura que deux places en jeu chez les filles, donc c’est réduit quand on sait le nombre de filles prétendantes à ces places-là. Je suis encore juniors, donc je sais qu’il y aura ensuite la Junior Cup, mais je n’ai pas envie de me fermer la porte de l’IBU Cup. »

« Le but est de prendre ces courses-là avec l’ambition d’aller chercher la sélection. Si c’est le cas, je serai heureuse parce que, oui, c’est un objectif. Si ça ne se fait pas, il y aura des choses à tirer des courses avant la première coupe de France sélective pour la Junior Cup. »
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