Biathlon : Caroline Colombo donne de ses nouvelles
Cet hiver, la Franc-Comtoise Caroline Colombo, vingt-sept ans, ne mettra pas le dossard en compétition. Auteure l’année dernière des meilleures performances de sa carrière, avec notamment une cérémonie des fleurs en individuel et des podiums en relais, la biathlète de Mouthe (Doubs) a été touchée par une neuropathie cet automne.
Quelques jours après avoir officiellement annoncé que la saison 2023/2024 allait se terminer sans elle et serait blanche pour elle, Caroline Colombo a accepté de se confier longuement à Nordic Magazine. Entretien.
- Comment allez-vous ?
Ça va beaucoup mieux qu’en novembre même si je ne suis pas encore totalement rétablie. J’ai toujours des inflammations sur les nerfs, c’est quelque chose qui me donne encore pas mal de symptômes et de douleurs. C’est notamment pour cela que je n’ai pas pris le risque d’éventuellement hypothéquer la suite de ma carrière en revenant sur cette fin de saison. J’ai vraiment envie de prendre le temps de faire les choses bien pour pouvoir repartir sur des bases solides. J’ai donc mis un terme à ma saison sans l’avoir réellement commencée [elle a participé au premier sprint des sélections de Bessans début de novembre, qu’elle n’a pas terminé, NDLR].
- Vous n’êtes donc pas encore totalement guérie de votre neuropathie ?
Non. A ce stade, il faut que toute la toxicité parte de mon corps, ce qui va se produire, c’est quasiment sûr. Cela va prendre du temps et, maintenant, il faut apprendre à gérer les symptômes en m’entraînant. On ne sait juste pas dans combien de temps cela va se produire. Ils estimaient le délai à six mois après l’intoxication donc c’est en train de partir. Je sais que je reprendrai l’entraînement avec des symptômes et il faudra les gérer. Ensuite, cela devrait aller de mieux en mieux au fil des semaines et des mois de préparation.
- Quels sont les sympômes que vous évoquez ?
Principalement des brûlures dans les jambes, une sensation de chaleur, un peu comme des fourmis rouges qui se baladent dans les jambes. Evidemment, cela induit de la fatigue.
- Ces derniers mois, avez-vous continué à vous entraîner au tir ?
J’ai fait une pause à un moment dans l’hiver, mais j’ai toujours gardé ça. Je suis allée à Nove Mesto pour les Mondiaux et j’ai vu que les temps de tir étaient très rapides et ça fait du contenu à travailler ! C’est rigolo parce que j’ai rarement aussi bien tiré qu’en ce moment [rires].
- Justement, comment avez-vous vécu l’expérience de vivre des Mondiaux sans en être actrice ?
D’abord, j’étais super contente d’y aller grâce à mon partenaire Roy Energie qui m’y a invitée. C’était un super moment de pouvoir partager cela avec toute la team et de leur faire découvrir le biathlon. Le biathlon, c’est mon métier et ma passion et ça fait bizarre d’être out. J’avais l’impression de ne pas faire partie de la famille du biathlon. C’était un sentiment étrange, mais d’un autre côté, c’était trop cool d’y être. Voir l’événement différemment avec pas mal de recul, c’était top et j’en garde un super souvenir.
- D’autant que les performances françaises ont été magnifiques durant ces championnats du monde : cela vous donne-t-il encore plus envie de revenir et d’être à la bagarre ?
Complètement ! Ce qu’elles font est exceptionnel. On me demande souvent comment je le vis, mais je le vis bien. Si elles étaient cinquantièmes, ce serait plus compliqué parce que je me serais dit que la marche était très haute. Là, j’ai déjà battu les filles de l’équipe de France, je m’entraîne avec elles toute l’année et voir leur niveau me permet de me dire que je ne suis si loin de la réalité. Si j’arrive à retrouver mon niveau, je pourrais prétendre à de belles performances sur la coupe du monde.
- Lorsque vous avez annoncé la fin de votre saison, vous expliquiez être une athlète différente : pouvez-vous en dire plus ?
J’ai l’impression d’avoir pris énormément de recul sur le biathlon. J’en parlais avec Justine [Braisaz-Bouchet] qui m’a dit que c’était quelque chose qui avait été le cas durant sa grossesse. Cela permet de mettre moins d’émotion et d’affect dans tout cela, de voir que ce n’est du sport. J’ai l’impression que ça va me permettre de passer un cap, surtout au niveau des émotions. Durant ma carrière, j’ai souvent eu une mauvaise gestion de cela. Je voulais trop bien faire et prenais les choses trop à cœur. C’est quelque chose qui ne nous aide pas forcément. Le trop est l’ennemi du bien. Je vois maintenant les choses différemment, je prends plus le temps et je suis moins excitée en général. Je pense que cette maturité va m’aider.
- Même si les coachs étaient concentrés durant l’hiver sur le groupe coupe du monde, êtes-vous restée en contact avec le staff durant toute cette période ?
Ils ont beaucoup à faire, mais je suis en contact avec Cyril [Burdet]. Maintenant, je sais que je retournerai au printemps en équipe de France, mais je ne sais pas dans quel groupe. Cela aurait été plus facile pour moi de me recasser la cheville ou d’être enceinte [rires] ! Une neuropathie, c’est compliqué parce que ce sont des symptômes qui ne se voient pas, qui sont difficiles à gérer et surtout pas perceptibles. Ce n’est pas évident avec les personnes autour de moi, mais j’apprends à gérer tout cela. J’espère que la Fédération ne me laissera pas tomber au printemps.
- Cette neuropathie aurait-elle pu sonner la fin de votre carrière ?
A aucun moment ! J’ai encore trop d’objectifs à accomplir. Je veux faire du biathlon jusqu’à ce que je me dise que je ne peux plus progresser. Là, je sais que j’ai encore une marge de progression en tir et en ski. Tant que ce ne sera pas fait, je ne pourrais pas me regarder dans une glace ! Au niveau médical, par contre, si ça venait à perdurer avec des complications, cela pourrait mettre fin à ma carrière. Si tout revient correctement, en revanche, à aucun moment l’idée ne me vient d’arrêter. Malgré tout, je veux respecter mon corps en profitant de mes dernières années de biathlon. Je n’ai pas envie de terminer ma carrière là-dessus ! J’aime encore trop cela et je suis encore trop passionnée par ce sport. J’ai encore le feu qui brûle au fond de moi.
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