Biathlon : plus de 16 ans après ses débuts en tant qu’entraîneur, Siegfried Mazet se confie
Entraîneur depuis maintenant plus de seize ans dans le monde du biathlon, Siegfried Mazet est devenu au fil des années une pointure dans le milieu. D’abord coach de l’équipe de France où il a notamment permis l’éclosion de Martin Fourcade, le Français a ensuite pris les rênes de l’équipe nationale norvégienne où il a participé à faire de Johannes Thingnes Boe le meilleur biathlète du monde. Le Drômois revient sur toutes ces années au micro de l’IBU.
Après près de dix saisons aux côtés des biathlètes tricolores, Siegfried Mazet a donc accepté de relever le challenge d’entraîner les Norvégiens. Un véritable défi où le natif de Valence (Drôme) a apporté un nouvel état d’esprit à son groupe : « Il m’a fallu beaucoup de temps pour changer d’état d’esprit. Je pense, maintenant, après les trois ou quatre dernières saisons, qu’il y a une sorte de culture de l’esprit du biathlon. Il était important qu’ils voient les choses dans leur ensemble. Bien sûr, il faut aller vite sur les skis et bien tirer. Il ne s’agit pas seulement d’une combinaison, mais d’un mélange des deux. […] C’est ce qui a été très important dans notre travail avec les athlètes », détaille-t-il.
Durant tous ces hivers, le coach de 45 ans a également vu la discipline évoluer et prendre des tournants importants : « Il y a eu une évolution du côté de la technique du ski, du matériel et de la vitesse de tir. Il y a 15 ou 20 ans, c’était un peu la vieille école, on touchait d’abord les cibles. Aujourd’hui, les prennent plus de risques, comme mes athlètes ou Emilien Jacquelin qui tirent très vite et de manière agressive en mettant la pression sur les autres. J’aime beaucoup cela, surtout dans les épreuves de mass-start, de poursuite et de relais. C’est vraiment passionnant ! C’est ce que les gens aiment, un spectacle de 45 minutes avec tout ce qui se passe au pas de tir. C’est la véritable évolution du biathlon. […] J’aime aussi le festival de Martin [Martin Fourcade Nordic Festival, NDLR]. C’est un spectacle accessible pour les fans. C’est l’une des clés du développement du biathlon en été », explique Siegfried Mazet.
Au début des années 90, le Français s’est entraîné avec Raphaël Poirée. L’occasion pour lui d’apprendre et d’évoluer : « Raphaël [Poirée] m’a dit : « Chaque entraînement est une compétition et chaque compétition est un entraînement ». C’est exactement cela. Si vous vous entraînez comme si vous étiez en compétition, vous vous améliorez. De nombreux athlètes me demandent comment ils peuvent s’améliorer et après avoir posé quelques questions, je découvre qu’ils se comportent si différemment entre l’entraînement et la compétition. Si vous mettez un dossard et que vous vous comportez différemment de l’entraînement, vous échouerez à chaque fois », déclare-t-il.
Un entraîneur français comme mentor
Comme beaucoup de coachs, Siegfried Mazet a appris aux côtés de différents entraîneurs expérimentés. Pour lui, son mentor n’est qu’autre que l’entraîneur actuel de l’équipe de France féminine de biathlon, Jean-Paul Giachino.
« L’entraîneur que je suis aujourd’hui est différent de celui que j’étais il y a dix ans. Si Martin ou Simon [Fourcade] voyaient comment j’entraîne Johannes [Thingnes Boe] ou Tarjei [Boe], ils seraient surpris de voir à quel point je suis différent ! […] Jean-Paul Giachino était mon mentor. Quand j’ai commencé avec les Français, lui et Stéphane [Bouthiaux] étaient très expérimentés. J’ai appris des deux, mais surtout de Jean-Paul. Ils étaient toujours silencieux, mais quand ils parlaient, c’était toujours avec les bons mots. Il faut écouter les autres, ne jamais oublier ce qu’ont dit ceux qui nous ont précédés », estime-t-il.
Au cours de sa carrière, Siegfried Mazet a travaillé avec trois des plus grands noms du biathlon que sont Martin Fourcade, Ole Einar Bjoerndalen et Johannes Thingnes Boe. Mais au moment d’évoquer son protégé le plus talentueux, c’est un autre nom qu’il a décidé de retenir : « Sturla [Holm Lægreid] est très talentueux. Johannes [Thingnes Boe] est talentueux mais d’une manière très différente de lui, de Vetle [Sjaastad Christiansen] ou de Tarjei [Boe]. […] Quentin [Fillon Maillet] n’a rien obtenu gratuitement. C’est un travailleur mais qui n’est pas naturellement doué. En ce qui concerne les capacités de travail, la palme revient à Sturla, Quentin et Martin [Fourcade]. Ils ont tous travaillé dur pour atteindre un super niveau. Pour ce qui est des aptitudes naturelles, c’est sans aucun doute Johannes Thingnes Boe. »
Après l’exceptionnelle saison réalisée par sa formation l’hiver dernier, Siegfried Mazet a déjà remobilisé ses troupes pour la nouvelle saison : « Nous avons fait une super saison l’année dernière mais, maintenant, c’est fini. Les autres vont se préparer à nouveau, ils vont changer et essayer des choses. Peut-être que cela marchera ou pas. Je vois des jeunes comme [Niklas] Hartweg et [Tommaso] Giacomel, je sais qu’ils vont réussir. Nous serons attaqués, nous devons nous préparer à tout mais c’est une bonne chose. J’attends avec impatience un bon combat », termine-t-il.
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