Biathlon : Océane Michelon, la reine de l’IBU Cup
Samedi dernier, la biathlète savoyarde Océane Michelon a soulevé le gros globe de cristal de vainqueure du classement général de l’IBU Cup, le circuit satellite de la coupe du monde. Remporté au bout d’une magnifique bataille gagnée face à la Norvégienne Jenny Enodd, il constitue une magnifique récompense pour la native de Chambéry (Savoie).
Revenue dans son massif des Bauges qu’elle apprécie tant, et à quelques jours de remettre le dossard sur la coupe de France de La Féclaz (Savoie), Océane Michelon s’est confiée à Nordic Magazine. Entretien.
- Qu’avez-vous ressenti au moment de franchir la ligne d’arrivée de la mass-start 60 d’Obertilliach (Autriche), course qui vous sacre au général de l’IBU Cup ?
C’est bizarre parce qu’on n’est jamais sûr ! On se dit toujours qu’il y a peut-être un petit détail… C’était plein d’émotions. D’abord, j’étais contente de faire une telle course d’équipe avec Anaëlle Bondoux qui gagne, Camille Bened qui fait quatrième et toutes les Françaises en place d’honneur. On s’est toutes retrouvées dans l’aire d’arrivée et on s’est rendu compte de tout ce que l’on avait fait sur ces deux semaines. Même si j’ai terminé devant et que c’était fait, j’ai attendu de voir à quelles places finissaient Jenny [Enodd] et Karoline [Erdal]. C’est une fois que j’ai eu le globe entre les mains, que j’ai commencé à réaliser. Je n’avais pas vraiment de mots, c’était juste : « Waouh ! » Au-delà du globe, on a célébré tout ce qu’on a fait tous ensemble sur ces dernières courses de l’hiver à Obertilliach.
- Avec un peu de recul, réalisez-vous ?
C’est toujours un peu pareil ! Là, les globes sont à côté de moi dans ma chambre, je les vois et je réalise un peu plus chaque jour… En prenant du recul, au-delà des globes, je regarde surtout le déroulé de ma saison et je me dis qu’ils en sont l’aboutissement, j’en suis très contente. En reprenant les souvenirs de l’hiver, je réalise tout ce qui a été fait et c’est trop bien !
- Si on revient en arrière et au début des étapes finales d’Obertilliach (Autriche), vous vous aviez confier vouloir faire passer la manière avant les résultats : comment cela a-t-il évolué au fil des courses, alors que vous reveniez petit à petit sur la leader du général ?
Avant le début des courses, je voulais vraiment mettre la manière en avant. Dès la première course, cela s’est bien enclenché. J’ai eu de très bonnes sensations, j’ai fait un très bon résultat et cela m’a un peu lancé après une longue période de trois semaines sans courir. Cela m’a mis en confiance pour la suite, puis ça a déroulé. J’ai pensé au général petit à petit. Cela a commencé par le gain du globe de la poursuite auquel je ne m’attendais pas du tout ! Quand l’officiel de l’IBU m’a dit qu’ils allaient me le remettre, j’étais totalement surprise, je n’avais aucune idée des classements. Cette belle première semaine à lancé la dynamique puis je me suis rapprochée au général. En arrivant en Autriche, c’était ambitieux, mais réalisable puis plus les courses passaient, et plus c’était réalisable ! Personnellement, mon travail n’était pas de compter les points, mais de bien faire les choses. Je ne voulais pas trop m’y attarder même si je l’avais forcément un peu en tête.
- Mentalement, cela vous demandait-il beaucoup de ne pas penser à cette lutte ?
Je ne sais pas trop… Je pense que tous les éléments étaient réunis avec un super groupe détendu qui fonctionnait très bien. On en parlait, mais sans trop le faire et ça me permettait de sortir de cet enjeu. Après, j’étais en chambre avec Noémie Remonnay et il y a des matins où je me suis réveillée stressée et je lui disais : « Nono, je suis un peu stressée ce matin ! » On discutait et ça passait. Autant, des fois c’est du stress, que là c’était plus du trac. Franchement, au final, cela s’est plutôt bien géré. Je prenais les courses les unes après les autres en restant sur le moment présent sans calculer pour la suite, ce qui ne m’aurais pas avancée.
- Lors de cette tournée finale, de l’extérieur, vous avez donné l’image d’une biathlète qui n’a jamais douté : la réalité est-elle celle-là ?
On a tout le temps des pensées et il y a des moments où j’ai douté et où je me demandais si ça allait vraiment le faire. Mais, une fois que j’étais en course, je savais ce que j’avais à faire : bien tirer et bien skier. Je suis restée focus là-dessus. Ce n’était pas une question d’être sûre de soi ou de douter, mais de bien faire les choses malgré le contexte. Cela a déroulé parce que j’étais concentrée sur les bonnes choses.
- Si l’on revient au gain de votre gros globe, que signifie-t-il dans votre carrière ?
C’est une très grande satisfaction, ne serait-ce que par rapport à ma saison dernière qui a été compliquée. J’avoue que je suis contente de cette saison dans sa globalité, depuis la préparation jusqu’à maintenant. Cela s’est plutôt bien passé. J’ai pris énormément de plaisir à faire du biathlon, ce qui était le plus important. Je suis contente d’avoir pu prendre ma petite revanche sur l’année passée qui a été très difficile à vivre. J’ai l’impression de progresser et je crois avoir fait un grand pas entre le début et la fin de la saison. Cela, notamment grâce à ce que j’ai su tirer de ma montée en coupe du monde.
- A la suite de votre sacre en IBU Cup, Stéphane Bouthiaux, directeur des équipes de France de biathlon, confiait dans nos colonnes que vous aviez passé ces derniers mois un gros cap psychologique : êtes-vous d’accord ?
Dans un sens, je pense oui ! Fut un temps, je ne sais pas si j’aurais été capable de gérer cette fin de saison de cette manière. Quelque chose à évolué, même si j’ai encore du chemin à parcourir et beaucoup de choses à découvrir et apprendre. Ceci dit, il y a eu une belle progression entre janvier et mars.
- Vous êtes devenue la deuxième Française après Lou Jeanmonnot, en 2022, à remporter ce gros globe de l’IBU Cup : quand vous voyiez ce que réalise actuellement votre compatriote, vous dites-vous que vous pouvez emprunter le même tremplin qu’elle ?
Carrément, j’espère en tout cas ! Lou [Jeanmonnot], c’est quelqu’un de très inspirant dans notre sport. Je suis contente de lui succéder et j’ai vraiment hâte d’être à la suite, d’autant que cette victoire offre un quota supplémentaire à la France pour les deux premières étapes de la prochaine coupe du monde. J’espère pouvoir profiter de cette place [rires] ! Quoi qu’il en soit, pour le groupe dans sa globalité, c’est hyper chouette et une belle récompense.
- Au-delà de votre victoire, la semaine dernière a été faste pour votre famille avec le titre mondial décroché par votre cousin Florian Michelon, guide d’Anthony Chalençon, au Mondiaux de para biathlon de Prince George (Canada)…
Quand je me levais le matin, j’avais les notifications ! Je suivais cela à distance et je regardais tous les résultats. Quand j’ai vu leur victoire, les images, c’était super ! A Prémanon, lors de notre stage de préparation de fin de saison, on les a vu se préparer, se donner à fond. Voir que cela a payé, je suis hyper contente pour eux. Ils font un travail costaud, et on a du mal à se rendre compte de la difficulté et de leur talent ! C’est beau à voir et je leur souhaite le meilleur pour la suite.
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