Biathlon : un retour aux affaires concluant pour Anastasiya Kuzmina
Revenir à la compétition après une pause aussi longue, cela pouvait sembler être mission impossible pour Anastasiya Kuzmina. Pourtant, cinq ans après l’annonce de sa retraite – pour se concentrer sur sa vie de famille -, la Slovaque de 39 ans a regoûté aux joies du haut niveau, qui plus est devant son public.
Cinquante-neuvième du sprint, elle terminait ensuite trente-neuvième de la poursuite puis dixième lors du relais mixte pendant ces championnats d’Europe à Brezno-Osrblie (Slovaquie). Une des belles histoires de la semaine, bien que celle-ci ait pu ressembler à un long chemin de croix pour la triple championne olympique.
« Après tant d’années, c’est un énorme défi et une grande joie d’être ici [sur le site de Brezno-Osrblie]. J’avais l’impression que j’étais à bout de forces, mais l’adrénaline qui montait au fil de la course m’a poussé à aller de l’avant », a-t-elle confié à SportNet après le relais mixte dimanche dernier.
Interviewée par l’IBU en milieu de semaine sur ses récentes performances, le parcours d’Anastasiya Kuzmina ne ressemble à aucun autre. Elle se remémore les discussions qui l’ont amenée à rechausser les skis pour cet hiver : « Des représentants de la Fédération slovaque de biathlon m’ont approché et m’ont suggéré : ‘Puisque tu es toujours en forme, pourquoi ne pas essayer à nouveau ?’ »
« Je continuais à m’entraîner continuellement, mais de façon légère. Je me suis dit que ce serait bien de revenir pour stimuler le biathlon slovaque, de susciter l’intérêt des fans et de contribuer au succès de notre équipe. En raison des contraintes de temps, nous n’avons pas pu nous préparer pour les championnats du monde [d’été à Brezno-Osrblie fin août 2023, NDLR], et nous avons donc décidé de viser les championnats d’Europe à domicile. Je ne m’attendais pas à ce que cela s’avère être un énorme défi personnel et une expérience aussi importante pour moi », poursuit-elle.
L’emploi du temps a ainsi drastiquement changé pour la mère de famille, qui a pu compter sur l’appui de ses proches. Elle raconte : « Je suis soudainement passée à deux voire trois séances d’entraînement quotidiennes, six jours par semaine. Le plan initial était de s’entraîner à la maison, mais en novembre, nous avons dû partir à l’étranger en raison du manque de neige à Osrblie. Notre fils de seize ans, qui est fondeur, nous a rejoints, ce qui était génial car nous sommes devenus des sparring-partners l’un pour l’autre. »
Elisey Kuzmin, le fils d’Anastasiya, était ainsi à Gangwon pour y disputer les Jeux olympiques de la jeunesse en Corée du Sud, qui se déroulaient en même temps que les championnats d’Europe de biathlon. Trente-quatrième de l’individuel classique – au cours duquel Quentin Lespine avait décroché le bronze, le jeune slovaque a pu avoir l’appui de son père.
« Mon mari et mon fils étaient en Corée du Sud pour les Jeux olympiques de la jeunesse, alors nous restions en contact par téléphone et par messages. Pour ma part, courir devant le public local a suscité de fortes émotions. Ma fille et ma belle-mère y ont assisté, ainsi que mon beau-fils d’Ukraine, qui nous a rejoints pendant la guerre. Je cherchais à leur faire plaisir et à ne pas les décevoir, et ces pensées ont influé sur mon tir. La connexion avec les fans, leurs chants… c’est une responsabilité. Je m’efforçais d’absorber leur énergie sans perturber mon rythme de tir, en me rappelant comment je la gérais auparavant », détaille la triple championne olympique.
Avant de goûter aux joies de la compétition, la Slovaque connaissait des journées plus rudes en début de saison, en devant concilier vie d’athlète et vie de famille : « Ma routine quotidienne impliquait des échauffements matinaux, avec des tirs à sec. Ensuite, je traversais une première phase de séances longues et difficiles pendant que les enfants étaient à l’école. Après le déjeuner, la deuxième phase arrivait, avec une séance plus courte et plus intense. Les soirées étaient consacrées à la récupération et aux étirements. Ces jours ont apporté des changements importants pour moi, tant sur le plan physique que sur le plan de la dynamique familiale. »
Une pièce sur Justine Braisaz-Bouchet pour les Mondiaux ?
A moins d’une semaine du coup d’envoi des championnats du monde de Nove Mesto (République tchèque), Anastasiya Kuzmina ne veut pas se mouiller quand il s’agit de faire des prédictions. Mais la Slovaque semble avoir une affection toute particulière pour Justine Braisaz-Bouchet.
« Les jeunes talents pourraient surprendre, mais les noms bien connus (dont une maman !) se comportent exceptionnellement bien cette saison. Dans l’ensemble, les Françaises sont en excellente forme. La beauté du biathlon réside dans la nature imprévisible du tir et dans l’art de se présenter avec une forme maximale pour l’événement le plus important de l’année. Par conséquent, je préfère ne pas faire de prédictions spécifiques », conclut-elle.
Si la liste des Slovaques retenus pour les Mondiaux n’a pas encore été publiée, la quintuple médaillée olympique a déjà signé un excellent retour à la compétition après près de cinq ans hors des pistes. La biathlète de 39 ans, qui souhaite avant tout être un exemple auprès de ses compatriotes, veut les aider sur les relais grâce à son expérience. Elle se verrait également bien inscrire des points en coupe du monde sur les sprints.
« Pour cela, je dois encore m’améliorer », tempérait-elle au micro de la télévision slovaque. Une chose est sûre, Anastasiya Kuzmina est revenue pour de bon et avec de belles ambitions pour la suite.
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