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Biathlon : qu’attendre des championnats du monde de Lenzerheide ?
Pour Nordic Magazine, au matin du lancement des championnats du monde de biathlon de Lenzerheide (Suisse), Delphyne Burlet, avec son œil d’experte d’ancienne championne des équipes de France, a accepté de poser les enjeux de la compétition phare de l’hiver.
Les Françaises vont-elles tout rafler ?
« Si l’on se fie à la coupe du monde, oui ! C’est d’ailleurs pour ça qu’on attend les championnats du monde avec impatience. Il y a des garanties, grâce à leur début de saison, qui permettent de dire qu’elles vont briller. Dans chacun des formats, une des Françaises peut faire la médaille d’or. J’ai même envie de dire qu’une médaille d’argent ou de bronze ce sera pas mal, mais décevant si aucune Française n’est devant. Il y en a toujours une qui pourra gagner, ce qui n’est pas le cas dans toutes les autres nations. »
Quentin Fillon-Maillet a-t-il le niveau pour être (enfin) sacré en individuel ?
« Il a l’air en forme, c’est chouette de voir ça ! Il se bat toujours un peu contre ses démons, mais un peu moins qu’avant. Je le sens un peu plus libéré. J’ai l’impression qu’il lui a fallu deux ans pour revenir dans son biathlon. Tant qu’il ne rate pas sa première couché, tout va bien ! Il faut qu’il arrête ça [rires]. J’ai l’impression qu’il est mieux dans sa peau et plus heureux. Il est moins à se battre et en colère contre ses erreurs. »
Julia Simon va-t-elle réitérer sa moisson de l’année dernière ?
« Elle a gagné le sprint de la coupe de France de La Féclaz samedi dernier. Je lui souhaite la même réussite que l’année dernière à Nove Mesto. J’espère que a bien pu se reposer, avoir refait du jus et arriver sur ces Mondiaux dans de bonnes dispositions. A Oberhof, déjà janvier, elle était fatiguée… Faire quatre pénalités à la suite au tir, ce n’est pas bon. Il y a un truc qui ne va pas, c’est l’inconscient qui parle. Elle s’est ensuite reprise en regagnant de la confiance puis fait un podium à Antholz après une super course. De toute façon, elle a une force de caractère énorme, c’est une battante dingue ! On peut compter sur elle. »
Les Norvégiens en force entre les derniers Mondiaux des frères Boe et la force tranquille Sturla Holm Lægreid
« Ils vont être redoutables ! J’ai presque envie de dire que c’est dommage que Tarjei [Boe] ait lui aussi décidé d’arrêter. Il est en pleine possession de ses moyens. Je ne dis pas que ça peut durer encore des années, mais il fait qu’il en profite. C’est un compétiteur né ! Il ne fait de cadeaux à personne et il y a va. Toujours avec le sourire, mais tu sens qu’il est à fond. Avec Johannes [Thingnes Boe], ils risquent d’être dangereux. »
« En Norvège, ensuite, celui qui est dans tous les bons coups, c’était [Sturla Holm] Lægreid. C’est normal qu’il porte le maillot jaune à ce moment de la saison. Il est très régulier dans le top 6 et quand il faut gagner, il le fait. Il me rappelle un peu le Lægreid de l’année où il avait explosé en coupe du monde sur son talent. »
Un premier titre mondial en individuel pour Lou Jeanmonnot ?
« J’ai confiance en elle. Elle apprend vite et on sent que quand elle fait quelque chose qui n’est pas dans son protocole et ses habitudes, ça lui fait mal parce qu’elle n’est pas devant. Un peu comme Julia [Simon], c’est une vraie compétitrice. Elle fait tout pour essayer d’éviter de refaire les mêmes erreurs. Je sens qu’elle va pouvoir faire quelque chose ! »
Des grands Mondiaux pour Emilien Jacquelin ?
« Sacré Emilien ! Il faut le prendre comme il est. C’est quelqu’un d’atypique et d’original. Si tout va bien, qu’il est bien dans sa tête, tout rentre et il peut claquer trois courses ! Malgré tout ce que l’on peut dire sur lui, il est dans le cercle des meilleurs du monde. Il est plus à l’aise avec ce statut et semble l’avoir accepté et intégré. Même s’il n’est pas hyper régulier, on sait que c’est quelqu’un de très dangereux pour les étrangers. »
Justine Braisaz-Bouchet peut-elle se retrouver sur ce rendez-vous ?
« L’année dernière, elle avait fait le triplé à Lenzerheide ! C’est un site où elle se sent bien. Elle aime l’altitude et les bosses pentues du parcours. Ce que j’aimerais et ce que j’espère, c’est qu’elle est parvenue à faire le tri dans sa tête et qu’elle a réalisé ses choix à elle et qu’elle va s’y fier pour pouvoir bien tirer aux Mondiaux. Il n’y a que ça qui lui manque. Il faut qu’elle ose, qu’elle y aille ! C’est le grand pas dans l’inconnu, mais elle l’a déjà fait. C’est ça, le biathlon : on a toujours l’impression d’être un débutant. Elle sait ce qu’elle doit faire et j’espère qu’elle va nous montrer qu’elle est de retour au tir. »
Quelles performances pour l’ambitieux Eric Perrot ?
« Comme il l’a dit dans une interview avant de partir en Suisse, il court pour l’or et gagner. C’est son tempérament, il est fait comme ça, mais on sent, aussi, que ce n’est pas totalement l’or ou rien. S’il y a le bronze ou l’argent, il sera aussi content parce que tout ne dépend pas totalement de sa propre performance… mais des résultats des autres. Il faut qu’il tire bien et, sur cette piste dure, je pense que ça peut lui aller ! »
Quelles performances pour Jeanne Richard et Océane Michelon ?
« Jeanne [Richard], j’espère qu’elle va pouvoir tirer les marrons du feu avec son petit gabarit sur une piste difficile comme celle de Lenzerheide. De toute façon, il faudra bien tirer et, là-dessus, je ne suis pas très inquiète pour elle ! Si elle tire bien, elle sera devant, mais je mise plutôt sur un format à quatre tirs. Je connais moins Océane [Michelon], mais c’est pareil. Il y a une bonne émulation entre les deux. Ce sont des filles saines qui savent ce qu’elles veulent. Elles sont décomplexées. Il y a toujours des surprises aux Mondiaux, alors pourquoi pas elles ! »
Le relais français va-t-il enchaîner une cinquième victoire de suite pour aller chercher l’or ?
« Tout ce que je souhaite, c’est que les garçons fassent le 5-0 ! Ce serait trop bien. C’est fou parce que leurs quatre victoires, elles sont nettes, les autres sont loin, c’est incroyable et dingue. Ils sont vraiment forts. Ils ont trouvé leur équilibre et on leur fait confiance. Les deux années précédentes ont été difficiles. Il y a des biathlètes dans l’équipe qui n’aiment pas qu’on doute d’eux. Si on doute d’eux, ils ne sortent pas les dents et ça les accable. Ils perdent leurs moyens. Eux, ils aiment qu’on leur fasse confiance. C’est leur esprit, ils sont bien comme ça. Là, ils ont gagné leur confiance et leur harmonie. C’est peut-être ça leur secret. »
Quelles étrangères pour contrecarrer les Bleues ?
« Je vois [Ingrid Landmark] Tandrevold jouer tout devant pour les titres. Elle est fraîche et s’est faite opérer en décembre. Elle n’a plus de problèmes de cœur donc tout est nickel pour elle, elle est heureuse ! On sent que ça va bien pour elle. Elle a pu peaufiner sa préparation et il y aura des courses où elle va bien pouvoir se montrer. D’ailleurs, j’adorerais avoir de nouveau ce match des gauchères au tir avec Jeanne [Richard] comme sur le relais d’Oberhof. »
« Sinon, je vois bien la Finlandaise Suvi Minkkinen jouer les médailles, la Bulgare Milena Todorova, les Allemandes Franziska Preuss et Selina Grotian, évidemment. Il faudra aussi se méfier des jeunes Allemandes. La Mannschaft est de retour ! Il y a aussi les sœurs Oeberg pour la Suède et la Slovène Anamarija Lampic. C’est une piste pour elle et si elle fait la différence et qu’elle tire ne serait-ce qu’à 8/10, tout peut arriver pour elle. Dorothea Wierer, enfin, elle m’épate. Il y a de temps en temps un petit trou de souris et s’y faufile. Il faudrait seulement que sa forme soit montée ! »
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