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Biathlon : qu’attendre des championnats du monde de Nove Mesto ?
En 2014, la Pyrénéenne Marie-Laure Brunet a mis fin à sa carrière de biathlète. Double médaillée olympique en 2010 à Whistler (Canada), elle est également montée sur neuf podiums aux championnats du monde, décrochant l’or du relais mixte en 2009 à Pyeongchang (Corée du Sud). Auteure de dix podiums individuels en coupe du monde, celle qui est devenue coach mentale prenait, au mieux, la septième place du classement général.
Pour Nordic Magazine, au matin du lancement des championnats du monde de biathlon de Nove Mesto (République tchèque), Marie-Laure Brunet, avec son œil d’experte, a accepté de poser les enjeux de la compétition phare de l’hiver.
Le relais mixte, un bon moyen de lancer les Mondiaux ?
« Je trouve que c’est une belle opportunité de commencer par un relais mixte, une course qui est toujours super sympa et qui met, en général, dans une bonne dynamique et qu’on a envie de courir. Cette course rassemble les deux meilleurs hommes et les deux meilleures dames et a donc une vraie importance dans la dynamique collective. Plus tôt on débloque le compteur, et plus vite l’équipe se porte bien. Avec le relais mixte, il est donc possible de mettre une équipe sur orbite pour la suite de la compétition. L’équipe de France aura donc à cœur de bien soigner son entrée en matière dans une course où elle sera opposée à des équipes ultra compétitives. Il y aura de la concurrence, mais on a, en France, des tops athlètes qui auront à cœur de briller et d’aller chercher la plus belle des médailles. »
Les Norvégiens vont-ils tout écraser ?
« C’est toujours difficile de faire des pronostics. Ce n’est pas ce que je souhaite, mais c’est la période où les virus circulent facilement, donc ils ne sont pas plus à l’abri que les autres d’une grippe. Il faut bétonner la santé et, ensuite, je vois qu’il y a tout de même de la concurrence avec les Allemands, les Suédois, qui vont peut-être se montrer présents sur ce rendez-vous, ou les Italiens, menés par Tommaso Giacomel, que je vois bien aller prendre une médaille. Les Mondiaux, c’est toujours un événement à part. Oui, il y a une domination norvégienne depuis le début de la saison, mais les choses ne sont pas écrites d’avance. Sinon, cela ne vaudrait pas le coup de se déplacer à Nove Mesto. J’espère, en tout cas, qu’on ne verra pas toujours les mêmes sur le podium ! »
Les Françaises vont-elles ramener une breloque sur chacune des courses ?
« Franchement, ça peut bien sourire ! On a des filles en forme et en confiance avec une sacrée émulation au sein du collectif. Sportivement, on a de belles cartes à montrer côté Français et c’est même dur de faire des choix pour les relais ou les courses individuelles. Ce sont des problèmes de riches comme on dit ! Après, c’est un site où il peut y avoir du vent, où la piste, exigeante, demande à toujours travailler. Le tir aura vraiment son importance tout comme la forme physique. Les athlètes puissantes, je pense, arriveront à tirer leur épingle du jeu ! On a ce qu’il faut pour avoir du spectacle et j’espère qu’on aura une nouvelle championne du monde française, et même plus qu’une. »
La France va-t-elle remporter une médaille individuelle chez les garçons ?
« J’espère que les athlètes masculins vont parvenir à trouver les clés. Il faut être clair, la concurrence est solide. Depuis Antholz, il y a eu quinze jours de coupure et cela se jouera sur la fraîcheur mentale parce que les courses s’enchaînent rapidement aux Mondiaux. Il faut rester mobilisé tout en parvenant à switcher d’une course à l’autre. C’est une gestion particulière dans la saison. Là-dedans, j’ai envie de voir les Français devant ! On sent que ça peut être pas loin sur certains points et c’est vrai qu’un Quentin [Fillon-Maillet], un Emilien [Jacquelin], un Fabien [Claude] ou un Eric [Perrot] peuvent venir jouer les trouble-fêtes face aux Norvégiens. »
« Voir autant de drapeaux norvégiens aux premières places du classement général, cela m’agace un petit peu donc j’ai envie de voir des Français qui s’amusent et prennent du plaisir. Plus que les résultats bruts, c’est ça : je veux voir des Français pour qui le biathlon redevient simple et efficace. Ce sont toutes des chouettes personnes avant tout. J’ai envie de les voir heureux et contents d’être là. »
La France va-t-elle enfin gagner le titre mondial du relais féminin ?
« J’espère ! Je me souviens qu’on avait fini deuxièmes à Ruhpolding [en 2012 avec Sophie Boilley, Anaïs Bescond et Marie Dorin-Habert, NDLR] et j’étais vraiment déçue. Là, elles ont ce qui ressemble à une équipe championne du monde ! Je leur souhaite cela et ce serait vraiment chouette pour le biathlon français qu’elles aillent chercher ce titre. Je pense qu’elles le feront. »
Les Bleus vont-ils rester champions du monde du relais ?
« Ils auront à cœur d’aller chercher ce nouveau titre. Je ne pense pas qu’il faille vouloir défendre les choses, mais c’est clair qu’il y a une belle équipe. Les émotions du relais sont toujours agréables à vivre. S’ils peuvent aller claquer des médailles en individuel et mettre la cerise sur le gâteau avec le relais, ce serait top ! C’est tout ce qu’on leur souhaite. Maintenant, il y a une réalité, qui est celle du biathlète : il faudra mettre toutes les balles ! Je regarde beaucoup de rugby en ce moment et, pour faire une analogie, c’est le moment de gommer et d’éviter toutes les petites fautes bêtes. Il ne faut donc plus faire de tirs approximatifs et mettre de l’envie et de la rigueur sur toutes les balles. »
Qui sont les autres favorites ?
« On arrive à un moment de la saison où il se passe des choses. C’est-à-dire que des athlètes en forme au début de l’hiver commencent un peu à voir leur forme et leur fraîcheur mentale se dégrader, tandis que d’autres vont arriver un petit peu plus en forme que jusque-là. J’attends donc de voir comment va se comporter [Ingrid Landmark] Tandrevold, je suis curieuse. Je me dis aussi qu’Hanna Oeberg va bien finir par réapparaître à un moment ! Il y aura aussi les Italiennes Lisa Vittozzi et Dorothea Wierer. »
Comment aborder des premiers Mondiaux pour Jeanne Richard ?
« On ne sait pas encore si elle va courir et, si oui, de quelle manière, mais elle sera là au moins comme remplaçante. Ce sont des Mondiaux, mais, finalement, ce sera la même chose qu’en coupe du monde ou qu’à La Féclaz en coupe de France samedi dernier. Elle doit prendre de l’expérience et jouer sa carte à fond ! C’est une super opportunité parce que, plus tôt tu participes à cet événement, et plus tôt ça te met dans le bain en vue, notamment, des JO de 2026. Courir en République tchèque, qui plus est, c’est quelque chose ! Il y a une ambiance de fou. Quoi qu’il se passe pour elle, ce sera de l’expérience engrangée. Si elle court, il faudra seulement qu’elle fasse ce qu’elle sait faire et ça fera de bons résultats. Elle a tout à gagner ! »
Qui sera la belle surprise féminine ?
« Sophie Chauveau ! Ce ne serait pas une surprise à proprement parler, mais elle ne figure pas parmi les grandes favorites. C’est une athlète qui montre qu’elle a engrangé de l’expérience et de la régularité, donc ça peut faire quelque chose de beau. »
Qu’attendre d’Anastasiya Kuzmina pour son retour aux championnats du monde, à 39 ans, cinq ans après ses dernier ?
« J’ai beaucoup de respect pour cela, mais je serai super bien dans mon canapé pour la regarder faire ! Je trouve cela un peu fou, et amusant à la fois. Elle doit y aller avec un maximum de relâchement parce que sa carrière est déjà faite. C’est assez dingue ! Personnellement, je ne me vois pas repartir avec la carabine sur le dos et faire tout ce que l’on peut imaginer pour retrouver le haut niveau. Pour faire cela, je pense qu’elle aime souffrir et s’entraîner .J’y vois aussi une opportunité pour elle de transmettre aux plus jeunes et j’espère que les jeunes iront lui parler parce que c’est une sacrée athlète dont il peuvent s’inspirer. »
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1 Commentaire(s)
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Oliver
29/02/2024 à 15 h 26 min
Je me rappelle des propos des françaises avant leur sacre olympique en handball: « on tient la boutique ».
Les femmes ont tenu la maison biathlon français sur leur épaules.
Certainement historiquement la plus grande saison féminine du biathlon. Ces dames ont apporté à la FFS un record de médailles sur ces championnats du monde de Nové Město au moment où les hommes sont dans leur pire saison.
Incroyable alors d’avoir battu Martin Fourcade et Marie Dorin-Habert d’Oslo 2016. Merci et bravo MESDAMES !
Les hommes ont sauvé « leur » honneur avec le bronze du relais et la 3ème place de QFM. Ouf… après ce pataquès ou putsch sur les ex-coaches, il était temps de monter sur la boîte et ne pas rester fanny.
Mention mega spéciale pour les techniciens qui ont certainement obtenu la meilleure glisse de ces championnats ! En OR ceux du truck. Champagne !
Allez encore 3 dates pour du cristal les filles !!!