Biathlon : Lou-Anne Dupont Ballet-Baz revient sur son hiver
Derrière Voldiya Galmace-Paulin, grande espoir du biathlon féminin français, une autre athlète tricolore point le bout de son nez : Lou-Anne Dupont Ballet-Baz. La Cluse, d’ailleurs, partage partie depuis (presque) toujours le même groupe d’entraînement que sa grande copine. Moins impressionnante et en avance sur les temps de passage habituels, elle progresse tout de même régulièrement dans le sillage de sa coéquipière née à Lille (Nord).
Cette saison, la Montblanaise a d’ailleurs connu ses premières sorties internationales à l’occasion d’une Junior Cup et des championnats du monde jeunes. Des expériences enrichissantes sur lesquelles Lou-Anne Dupont Ballet-Baz a accepté de revenir pour Nordic Magazine au cours d’un long entretien.
- Quel bilan global faites-vous de votre hiver, marqué par plusieurs premières ?
Déjà, je suis beaucoup sortie à l’international. C’est un vrai point positif. Je trouve que cette saison m’a beaucoup apportée. Par exemple, je rentre en France malade après une seule course, sur la Junior Cup de Pokljuka, mais je ne me suis pas démotivée. Même chose pour les sélections aux championnats du monde jeunes : le premier week-end s’était très mal passé, mais je ne me suis pas laissée abattre, je me suis battue et j’y suis arrivée. Ce mental, qui a évolué au cours de l’hiver, c’est donc l’autre point positif de mon année. J’ai compris qu’il ne fallait pas rester sur ses échecs et aller de l’avant.
- Si l’on rembobine votre hiver, il commence à Bessans (Savoie), fin novembre, avec la première manche de la coupe de France où des places en Junior Cup sont en jeu…
J’étais malade le mercredi précédant cette coupe de France… Dans la nuit, je n’étais vraiment pas bien et je suis rentrée chez moi le jeudi. J’avais fait une indigestion et mon coach [Julien Bouchet, NDLR] me disait de rester à la maison. Je savais que, si c’était juste une indigestion, cela allait passer… J’ai donc décidé de monter à Bessans pour avoir ma chance de jouer la sélection. Je me suis accrochée. Le premier jour était très dur en ski, parce que je n’avais pas de jus. Mais, le lendemain, de manière tout à fait inespérée, je gagne ! C’était ma première victoire en coupe de France. Avec un 10/10 !
- Comme vous venez de le dire, votre début de saison à l’international a été difficile à cause d’une maladie attrapée lors de la Junior Cup de Pokljuka (Slovénie). Que s’est-il passé ?
Je suis arrivée là-bas et je pense que j’ai eu peur. C’était la première fois que j’allais à l’international, hors FOJE. C’est la cour des grands ! J’ai fait ma course le premier jour, un individuel, qui est bonne, pour une première, avec cette vingt-deuxième place. Après, dans la nuit, je me suis réveillée vers 4 heures avec un gros mal de ventre à droite. Je ne pouvais pas me lever, je faisais des mini malaises, je vomissais. Je suis descendue à l’hôpital, parce qu’ils suspectaient l’appendicite. Au final, ils sont partis sur une infection urinaire et, en parlant avec les coachs, on a convenu que le mieux était de rentrer en France, pour me reposer et pouvoir continuer la saison, encore longue à ce moment-là.
- De quoi étiez-vous atteinte exactement ?
C’était une colique néphrétique. J’ai des calculs rénaux qui sont descendus, ce qui irrite et fait très mal, en plus d’une infection urinaire. Je me suis reposée pendant trois, quatre jours en rentrant, puis j’ai repris tout doucement parce que ça me tirait dans le bas du ventre. Comme je me sentais bien rapidement, je suis allée sur la coupe de France des Saisies, le week-end d’après, en ayant la caisse sur les skis.
- Ensuite, en janvier, vous deviez vous qualifier pour les championnats du monde jeunes…
Comme je le disais avant, cela ne se passe pas du tout bien pour moi, sur la première des deux étapes du chemin de sélection à Bessans, où je fais huitième et dixième. Sur le coup, j’ai beaucoup pleuré parce que je n’avais plus le droit à l’erreur. J’ai laissé ce week-end de côté pour aborder celui de La Féclaz, avec l’envie de tout donner, pour me donner une chance d’y aller.
- Et vous y parvenez brillamment…
Je fais deux fois deuxième et je marque un maximum de points ! Je ne réalisais pas, j’étais un peu euphorique de me dire que j’allais partir en Estonie, et prendre l’avion pour la première fois. Ma coach mentale m’a beaucoup accompagnée là-dedans, pour faire le vide dans ma tête et oublier ce qu’il s’était passé avant. Pour la petite anecdote, lors de la Junior Cup, quand j’étais malade, j’attendais pour rentrer avec Killian Meilleur, le technicien, à côté de moi qui m’a dit : « De toute façon Loulou [son surnom], ne t’inquiète pas, on se reverra aux Mondiaux. » Je lui disais que c’était dans longtemps, mais il avait raison [rires] !
- Comment avez-vous vécu cette première expérience aux championnats du monde ?
J’y suis allée un peu comme à La Féclaz, en voulant avant tout faire ma course. Le premier jour, sur l’individuel, je fais onzième en tirant à 16/20. J’avais un gros dossard, donc j’étais fière de ma course et de ce que j’avais fait. Après, j’étais aussi contente de mon sprint, même s’il y a eu des balles en trop, dehors, pour jouer devant. La mass-start 60, ensuite, je sais que c’est un format que j’adore. Je rate une balle aux deux couché, puis je fais le 10/10 aux debout. Je vois que ça sort devant moi et que je peux aller chercher une médaille. Je reviens sur l’Italienne, troisième, et je me mets à l’abri derrière elle. Je déboîte dans la bosse avant l’arrivée, mais ça revient à l’aspiration et je termine quatrième à huit dixièmes du podium… Je me disais que ce n’était pas possible, que j’étais maudite parce que j’avais déjà fait quatrième à 2 secondes au FOJE !
- Le lendemain, vous terminez une nouvelle fois quatrième, lors du relais, que vous finissez : comment avez-vous encaissé cela ?
Sur le coup, c’était dur… Je me demandais pourquoi cela ne basculait pas de mon côté. C’est frustrant. Tout le monde est venu me réconforter en me disant que ce n’était que du biathlon, qu’il y aurait d’autres occasions de briller. Avec du recul, je me dis que cela m’a permis de prendre un maximum d’expérience. Honnêtement, je pense que ce que j’ai vécu en Estonie m’a beaucoup aidé pour les France de Méribel, où j’ai pris une belle revanche en gagnant le relais avec Maëlle Achoui et Gilonne Guigonnat. C’était d’ailleurs mon premier titre de championne de France !
- Dans votre catégorie des U19, vous êtes souvent seulement devancée par Voldiya Galmace-Paulin, votre coéquipière du comité du Mont-Blanc. Comment vivez-vous cette concurrence face à une amie ?
On a été au pré comité ensemble, on est au comité ensemble, on va à l’international ensemble [rires] ! Au début, c’était moi qui étais devant elle, en U17 première année. Ensuite, elle a pris un niveau monstrueux. Toutes les deux, on se tire vers le haut, chacune apportant à l’autre. Je pense que si on devait être séparées un jour, il me manquera ma coéquipière !
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