Biathlon : Claire Breton, coach de l’équipe de France aux JOJ, raconte les péripéties tricolores en Corée du Sud
« Quand on voit de l’extérieur le dénouement de l’histoire des JOJ 2024 et l’aspect comptable, on peut parler d’une très belle édition et de beaux moments de sport que nous ont offerts les jeunes. Pourtant, elle ne démarrait pas en toute simplicité. Déjà, nous sommes arrivés au village olympique 7 heures plus tard que prévu après une connexion manquée à Paris et une courte nuit… mais aussi avec un bagage en moins (la valise d’Alice Dusserre), des munitions en moins et une table de fartage manquante. »
« C’est sous des conditions très humides que nous avons été accueillis »Claire Breton à Nordic Magazine
« Finalement, nous avons tous découvert les pistes du stade olympique de 2018 – l’Alpensia Biathlon Centre – le jeudi, à J-2 de la première course. Mais cette première journée ne nous a pas permis de s’installer en douceur dans cette semaine coréenne. Après avoir fait venir au stade les garçons au lieu des filles (40 minutes de trajet !), nous n’avions pas de nouvelles des bagages et du matériel. Nous avons pu malgré tout avoir la joie de découvrir les pistes et le pas de tir. La météo ne nous laissait pas voir à quoi ressemblait le site en terme de panorama car c’est sous des conditions très humides que nous avons été accueillis. »
« Les nuits, d’ailleurs, n’étaient pas encore bien calibrées pour chacun ! La veille de course, journée importante des compétitions en terme de repérage, il fallait pourtant se mettre dedans. Toujours sous un grand plafond gris et humide, les jeunes apprécient les pistes et tentent d’apprivoiser le pas de tir. C’est avec envie et concentration sur ce qui arrive que toute l’équipe reste concentrée sur l’essentiel et prépare crescendo son entrée en matière. »
Alice Dusserre sans bagage ni carabine
« Bastien Moretti et Chloé Remy composent, usent, testent et retestent pour trouver notre structure du lendemain car le règlement nous permet de jouer uniquement sur ce paramètre ainsi que le choix de skis des athlètes [le fartage commun était de rigueur sur cet événement, NDLR]. Rachel Demangeat parcourt la piste encore et encore pour affiner sa perception et sa lecture afin de donner aux athlètes la stratégie qu’ils devront s’appliquer à mettre en place sur l’individuel. Quant à moi, je parcours le pas de tir en long, en large et en travers. J’observe nos jeunes Français, les masses d’air, la concurrence ou la luminosité qui s’assombris très vite. Malgré de gros lampadaires, c’était à se demander s’ils avaient été réutilisés depuis les Jeux de 2018 ! »
« Alice Dusserre, elle, vit dans le calme l’entraînement et le quotidien sans valise et le tir sans sa propre carabine. La cabane, de son côté, s’organise sur une seule table pour le technique et les athlètes. Le mot d’ordre, alors, était : « Ce n’est pas grave, on va y arriver ! » Finalement, nous entamons la première course avec le matériel et les bagages retrouvés. Heureux et plein d’innocence, mais convaincus de vouloir faire leur 100 % du jour, les jeunes ont toutes et tous appliqué les consignes données la veille au soir et appris sur cette première course. Certains étaient déçus, mais avec une médaille au compteur dans le clan français [l’or d’Antonin Guy, NDLR]. C’est une prise de conscience collective qui anime les athlètes : « C’est possible ! » »
« Les trois derniers jours allaient nous montrer que l’édition de 2018 avait cette grande complexité à intégrer »Claire Breton à Nordic Magazine
« Le lendemain, sous les encouragements de toute l’équipe, Antonin Guy et Alice Dusserre nous offrent plus qu’une médaille sur le relais mixte simple puisqu’ils signent une course de haut niveau dans un format nerveux et piégeur dans lequel ils sont novices. Félicitations à eux ! »
Les félicitations de Vanessa Hinz et Dominik Windisch
« La journée de repos est enfin plus calme et se déroule sans encombres. Mais voilà, nous ne connaissions pas encore l’intégralité de ce site réputé venteux et très froid. Les trois derniers jours allaient nous montrer que l’édition de 2018 avait cette grande complexité à intégrer. C’est donc un premier entraînement dans le vent et avec vue sur les montagnes qui s’est bouclé le lundi. »
« Très vite, nous voilà projetés sur le sprint où les garçons qui courraient le matin nous régalaient de deux médailles supplémentaires [l’or d’Antonin Guy, la troisième, le bronze de Flavio Guy, NDLR]. Pour les filles, l’après-midi, c’était une journée plus compliquée avec du vent violent qui rendait les passages au tir très aléatoires. Elles n’ont rien lâché et ont montré de belles démarches sportives ! Suite à cela, ils auront reçu les félicitations de Vanessa Hinz et Dominik Windisch, athlètes modèles présents sur la semaine. »
« Cet événement est une entrée dans le sport de haut niveau dynamisante, pleine d’apprentissages »Claire Breton à Nordic Magazine
« Le relais mixte de clôture, lui, ne démarre pas sur le même ton que le single, mais on sait que les rafales peuvent faire tourner la course. On a une équipe de qualité et la concurrence est comme nous alors c’est avec le soutien des quatre jeunes sur le bord de piste, du staff ainsi que du CNOSF, monté pour l’occasion, que nous y avons tous cru jusqu’au bout. Ils ont su jouer sur leurs convictions, leurs points forts et faire face à leurs appréhensions pour décrocher cette médaille d’argent qui termine bien la semaine. »
Un voyage retour également chaotique… et interminable
« Il y a une belle formation au sein des régions et cette semaine le confirme. On ne peut pas parler de carrière pour les jeunes, mais d’un tremplin qu’ils et qu’elles vont devoir prendre pour aller plus loin dans ce projet si tel est le leur. Cet événement est une entrée dans le sport de haut niveau dynamisante, pleine d’apprentissages et riche pour eux. Ils et elles ont été clairement dignes en représentant de très belle manière les couleurs de la France. »
« Alors que le retour en France continue, les péripéties également. Le retard accumulé sur le tarmac de l’aéroport ne nous permettra peut-être pas d’avoir notre deuxième vol en partance de Paris pour Genève ou alors, s’il nous le permet, ce sera a priori sans les bagages. Mais qui sait, peut-être que la fin de l’histoire des JOJ 2024 sera finalement plus simple ! Finalement, c’est après un voyage de plus de 32 heures – avec tous les bagages – que nous avons retrouvé la maison. Malgré des péripéties diverses et variées, le bilan français est beau ! »
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