L’hiver parfait de Julia Simon, vainqueure du gros globe de cristal : « Elle a construit cette performance »
« Je me souviens de la dernière séance qu’on a fait deux jours avant la première course de la saison [elle est sa préparatrice mentale, NDLR]. Je ne l’ai pas verbalisé parce qu’elle était dans un mode où elle ne voulait pas dire qu’elle jouait le général, mais, quand on a raccroché, je me suis dit que c’était vraiment possible qu’elle le fasse. Et elle l’a fait ! Elle ne le disait pas, mais je pense qu’elle en avait l’envie au fond d’elle de jouer le général au cours de sa carrière. Ce n’est donc pas une surprise. Elle a construit cette performance. »
« En biathlon, il faut construire les choses. Cela ne se fait pas en quelques semaines ou mois ou en une saison. Julia [Simon] a vraiment entrepris cette démarche d’aller gagner en régularité il y a deux ans. C’est quelque chose qu’elle a bossé quotidiennement que ce soit avec Jean-Paul [Giachino], Frédéric [Jean], Cyril [Burdet] et moi. Elle s’est donnée les moyens de trouver cette régularité. La saison passée, cela a commencé à se mettre en place, mais ce n’était pas encore nickel. C’est là qu’on a senti qu’elle avait vraiment la consistance pour arriver à le mettre en place de façon répétée. Un été de plus à répéter les bons gestes, cela a beaucoup aidé. »
« Elle a fait attention à tous les détails et c’est comme cela qu’un globe va se chercher »Marie-Laure Brunet à Nordic Magazine
« Dans cette saison, elle s’est retrouvée avec le dossard jaune rapidement et elle n’a jamais dérogé au cadre et au cap qu’elle s’était fixée. C’est comme cela qu’on va, je pense, chercher un gros globe. Elle a été très bien accompagnée, notamment par Cyril [Burdet] qui lui a apporté beaucoup. Polo [Giachino], c’est le vieux sage qui arrive à tempérer et à garder les pieds sur terre. Il maintient un environnement stable, ce qui est important. »
« Ce que Julia [Simon] a fait, c’est énorme. Au cours de l’hiver, j’ai entendu des personnes du milieu [du biathlon] dire qu’il n’y avait pas les Russes et d’autres absentes, mais, avec ou sans les autres, elle avait les épaules pour le faire. Je pense même qu’elle est capable de le répéter. Je ne peux pas dire que ce sera dès la saison prochaine, mais il n’y a pas de débat là-dessus. Elle a été solide et a été la plus forte en étant capable de gérer son état de forme tout au long de l’hiver à la différence, notamment, d’une Elvira [Oeberg]. Elle a fait attention à tous les détails et c’est comme cela qu’un globe va se chercher. »
« On a focalisé sur Julia [Simon] avec l’impression que c’était rapidement plié [pour le gain du général], mais ce n’était pas le cas. Elle, elle le savait parce que d’autres derrière auraient pu revenir. Elle a su bien enchaîner les courses et savait très bien que ce n’était pas fait. Elle ne s’est pas relâchée et a maintenu son niveau d’exigence jusqu’au bout. »
La fin de carrière d’Anaïs Chevalier-Bouchet : « Une athlète dont les jeunes générations doivent s’inspirer »
« Respect à elle ! Je suis admirative de la manière dont elle a su mener sa carrière. C’est une athlète qui a beaucoup évoluer au fil des années et qui a su créer son modèle de performance en apprenant à se connaître et à comprendre de quoi elle avait besoin. Anaïs [Chevalier-Bouchet], c’est un bel exemple d’une athlète qui n’est pas dans l’attente et qui construit les choses. »
« Avant, je regardais Anaïs [Chevalier-Bouchet] en me disant que c’était fort de faire cela en étant maman, maintenant que je suis également maman et que je vois ce que cela implique, je me dit qu’elle a été costaud ! Elle a été bien entourée et a su bien s’entourer. C’est une athlète dont les jeunes générations doivent s’inspirer. Sur le papier, ce n’est pas celle qui a plus grosse VO2 max et le plus gros potentiel et, finalement, elle a su optimiser le plus de paramètres de performance possibles. C’est fort ! »
« C’est une athlète que je connais un peu plus en dehors du biathlon parce que Martin [Bouchet, son mari, NDLR] est un bon copain. Cela n’a pas toujours été évident pour elle parce que c’est une grosse bosseuse très centrée sur ce qu’elle avait à faire. Parfois, ce n’est pas toujours compris au sein d’une équipe. Je fonctionnais de la même manière donc cela ne me choque pas. Arriver à faire une année de plus [après les Jeux olympiques], être performante et terminer au sommet, c’est la marque des grandes ! Je suis trop contente pour elle et ce n’est pas donné à tout le monde. Peu d’athlètes terminent de cette manière. »
Un groupe féminin globalement (très) performant : « Une équipe qui a vraiment fière allure »
« Il y a une équipe de France féminine qui a vraiment fière allure. Cela me fait plaisir parce que pendant des années nous parlions du potentiel de ces filles et, là, elles ont su concrétiser le potentiel en actions, et donc en résultats. C’est chouette d’être dans cette densité parce que cela va élever le niveau global du groupe et individuel de chacune. L’enjeu va maintenant être de savoir comment garder cette densité tout en ayant de gros objectifs individuels. Les six Françaises sont dans les vingt-et-une premières du général, ce qui en dit long sur leur hiver. »
« Lou [Jeanmonnot] s’est vraiment révélée cette saison, Sophie [Chauveau] pareil. C’était assez tôt dans la saison pour cette dernière, donc c’était compliqué de terminer. Pour l’avoir vécu, je sais que c’est difficile physiquement de tenir sur les premières années. Mais cela va beaucoup lui apporter. C’est une athlète en pleine construction et cela va être important de bien ancrer ce qui a fonctionné et de mettre les choses en place les unes après les autres pour continuer de progresser, notamment au tir où elle doit aller chercher de la régularité. »
« En revanche, je reste sur ma faim pour Caroline [Colombo] et Chloé [Chevalier]. Je les sais capables de faire de bonnes courses, mais elles manquent de régularité. On a envie d’en voir plus. Elles sont capables de régulièrement faire mieux en lâchant les chevaux ! Il y a beaucoup de signes positifs, mais il faut oser. Elles en sont capables. »
Les globes du relais et de la coupe des nations pour les Bleues : « Elles peuvent s’appuyer et compter les unes sur les autres pour élever le niveau global et individuel »
« On parle beaucoup de la Norvège chez les garçons, mais les filles de l’équipe de France ont montré cet hiver qu’elles dominaient le biathlon au niveau mondial. C’est important dans la construction du collectif et des individues. Elles peuvent s’appuyer et compter les unes sur les autres pour élever le niveau global et individuel. C’est une force et, en plus, elles ont un entraîneur [Cyril Burdet, NDLR] câblé et compétent pour les amener à faire cela. Elles ont tout pour avoir de belles perspectives sur les années à venir. Ce qu’elles doivent garder de ces globes, c’est qu’elles sont parvenues à le faire, mais qu’elle peuvent s’en servir pour construite le futur. »
Les départs de Denise Herrmann-Wick et de Marte Olsbu Roeiseland : « Elles ont su s’arrêter par la grande porte au moment qui est juste pour elles »
« Denise [Herrmann-Wick], c’est une athlète que je n’ai pas côtoyé parce qu’elle a changé de sport quand j’ai arrêté. C’est presque un regret parce que je trouve que c’est une athlète inspirante. C’est intéressant de voir comment elle a construit sa carrière. Cette saison, elle est parvenue à aller chercher cette médaille d’or mondial sur le sprint à la maison. Respect parce que ce n’est jamais facile à faire ! »
« La trajectoire de Marte [Olsbu Roeiseland] est intéressante. En France, je trouve qu’on a du mal à avoir ce genre de plan d’action. On ne sait pas, ou on n’ose pas, faire. En Norvège, il y a une vraie vision globale de ce qu’est un athlète et la performance. Je trouve cela super intéressant et ce qui fait que, derrière, une Marte [Olsbu Roeiseland] parvient à se préparer pour arriver présente à ses objectifs et à les remplir. On doit se nourrir de cela. »
« Marte [Olsbu Roeiseland] et Denise [Herrmann-Wick] sont donc des athlètes complètes. On ne peut que les respecter parce qu’elles ont fait de très belles carrières et elles ont su s’arrêter par la grande porte au moment qui est juste pour elles. Cela montre leur tempérament et leur bonne gestion. »
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