Biathlon : les confidences de Maya Cloetens
Cet hiver, Maya Cloetens a vécu des moments plus ou moins bons. Blessée à une épaule à la fin de l’été, elle est d’abord entrée dans sa saison de manière délicate. Pas en forme en décembre sur la coupe du monde et obligée de faire une pause avant Noël, elle est descendue en IBU Cup en janvier, y signant son tout premier podium. A partir de ce moment, la Grenobloise reprenait goût en son sport pour enchaîner les compétitions et les belles performances.
Maya Cloetens raconte sa saison dans un long entretien accordé il y a quelques jours à Nordic Magazine dans un train l’amenant à Copenhague (Danemark) sur le chemin de la Norvège où elle passe le début de ses vacances.
- Votre saison a commencé difficilement puisque vous reveniez d’une luxation de l’épaule gauche, survenue fin août, lors d’une sortie en vélo effectuée en marge des championnats de Belgique d’été d’Elsenborn (Belgique). Comment avez-vous vécu ce moment ?
C’était dur, mais je l’ai presque bien pris dans un premier temps en disant que j’allais apprendre, que cela allait me permettre de me reposer parce que j’étais fatiguée en fin d’été. Après quelques semaines, c’était vraiment compliqué, surtout mentalement, et je m’en suis pas rendue compte sur le moment. J’avais le sentiment d’être seule et isolée parce que je n’étais pas dans le groupe. Avec le recul, je me rends compte que j’ai traversé un moment difficile. Après, cela a été la course contre-la-montre à vouloir être prête pour le début de saison et, même si j’ai voulu reprendre progressivement, c’est toujours trop vite. Je sais maintenant que tout le temps passé dans la blessure est utilisé pour cela, et qu’il ne faut pas chercher à accélérer le processus. Je ne me suis donc pas bien reposée avant le lancement de la coupe du monde. J’ai beaucoup appris dans ces moments-là !

- En décembre, justement, vous signez des résultats loin des meilleures et de vos attentes…
C’est ça. Physiquement et mentalement, je ne me sentais pas bien et, à ce niveau-là, c’est rédhibitoire. Je n’avais ni la confiance ni la forme, donc ça a été un peu une catastrophe. Heureusement, j’étais bien entourée et on a vite convenu que cela ne servait à rien que je cours à ce niveau-là, donc j’ai pris une semaine de repos en décembre. J’ai passé la semaine avant Noël à la mer, et je crois que c’était le bon choix !
« Je broyais du noir, et pas forcément que les jours de course »Maya Cloetens à Nordic Magazine
- Même s’il y avait une raison, comment avez-vous encaissé cet échec ?
C’était vraiment dur ! Comparée à l’année dernière où tout était rose et où je surfais sur ma vague, j’ai limite tout remis en question. Je me suis rendue compte à quel point le mental faisait énormément dans la performance sportive. Je broyais du noir, et pas forcément que les jours de course. Je ne passais pas des bons moments et je me demandais ce que je faisais là… C’est pour cela que rentrer chez moi et sortir du biathlon m’a fait le plus grand des biens.
- Est-ce donc ce qui vous a permis de bien revenir en forme en janvier quand vous brillez en IBU Cup avec votre premier podium signé à Martell-Val Martello (Italie) ?
Après avoir pris le temps de me reposer et de passer du temps en famille, ce que je n’avais pas pu faire avant le début de saison, je reviens donc en IBU Cup en Italie. C’était un peu le turning point, l’élément déclencheur, de ma saison. Je ne dirai pas que ce podium est un coup de chance, mais toutes les planètes se sont alignées le jour-J. La veille, j’étais super malade à cause de problèmes digestifs… J’ai hésité à faire la course et je suis finalement arrivée au départ sans pression. Les conditions étaient super difficiles ce jour-là, on avait une super glisse et je fais le 10/10 quand d’autres filles très fortes ratent. Cela me permet de monter sur le podium, c’était incroyable et une grande surprise ! Cela m’a redonné espoir, et m’a fait du bien à la tête pour la suite, alors même que mes sensations à ski étaient horribles [rires].
« Malgré les mauvais résultats, j’avais retrouvé le sourire, ce qui était hyper important »Maya Cloetens à Nordic Magazine
- La semaine suivante, pourtant, c’est de nouveau compliqué…
C’est vrai qu’il y a eu du bien et du moins bien sur les résultats, mais cela allait beaucoup mieux dans la tête. J’ai retrouvé le goût de l’effort et le jeu du biathlon, ce qui change tout. Malgré les mauvais résultats, j’avais retrouvé le sourire, ce qui était hyper important pour arriver aux Mondiaux en confiance et avec beaucoup d’envie.

- Vos championnats du monde de Nove Mesto (République tchèque) sont ensuite convaincants avec des relais historiques et des bons résultats individuels…
En ski, j’ai vraiment retrouvé des sensations à l’occasion de cette compétition. Je fais crescendo 55e, 41e et 33e sur les courses individuelles lors desquelles, avec une balle ou deux de plus dedans, je joue encore plus devant, notamment dans le top 20. J’ai vraiment fait de belles courses ! Sur les relais, c’était incroyable. J’y fais mes deux meilleures courses et on fait huitièmes au mixte, puis sur le tout premier relais féminin de la Belgique, je pars devant et je passe le relais sixième ! C’est un de mes meilleurs souvenirs de la saison.
« Cela montre que je suis capable d’être au rendez-vous quand je suis attendue »Maya Cloetens à Nordic Magazine
- Sans pause, vous enchaînez avec les Mondiaux juniors d’Otepää (Estonie) où vous êtes solide dans le top 10, sans gagner de médaille…
Du 1er février au 10 mars, j’ai vraiment enchaîné et j’avais peur d’arriver sur cet événement cramée. Finalement, pas du tout, parce que la forme montait au fil des courses. C’était mon objectif de l’année, parce que je faisais partie des favorites et il y a donc un petit peu de frustration de ne pas monter sur le podium. Avec le recul, cependant, je suis super contente d’avoir répondu présente sur les trois courses et d’avoir joué les médailles à chaque fois. Le sprint, où je suis quatrième, c’est là où j’ai le moins de regrets parce que je fais la course parfaite, et il y avait plus fortes que moi. C’est hyper positif et cela montre que je suis capable d’être au rendez-vous quand je suis attendue.

- Etait-ce important pour vous de participer à vos derniers Mondiaux juniors, malgré la proximité calendaire avec ceux des seniors ?
Cela faisait beaucoup, mais, personnellement, je suis très contente d’avoir participé à mes derniers championnats du monde juniors ! C’est quand même quelque chose d’important dans une carrière. C’est la dernière fois où tu peux jouer devant, avant que ce ne soit chez les grandes. Enfin, j’ai continué à enchaîner avec le relais mixte d’Oslo-Holmenkollen, en coupe du monde, qui était super important pour l’équipe. Cela s’est hyper bien passé, j’étais super surprise de ma course en jouant devant, notamment face à Julia Simon, parce que j’étais fatiguée par les deux jours de voyage. En IBU Cup, à Obertilliach, pour terminer ma saison, j’ai couru avec la forme du jour, mais c’était régulier !
« Être biathlète, c’est avoir un mode de vie de tarés, avec 200 jours par an loin de la maison »Maya Cloetens à Nordic Magazine
- Dans une publication postée il y a quelques jours sur vos réseaux sociaux, vous écriviez avoir vécu le meilleur et le pire cet hiver…
C’était vraiment cela ! Le mois de décembre, c’est l’un de mes pires souvenirs de biathlon avec mes moments difficiles en équipe de France juniors. C’était vraiment horrible et, derrière, je fais podium en IBU Cup, et puis les Mondiaux juniors, les super relais aux championnats du monde qui sont mes meilleurs souvenirs en biathlon. C’est la première fois de ma carrière que je reviens après avoir mal commencé une saison. Par le passé, ce n’était pas le cas et, là, j’ai réussi à rebondir ! Je suis très satisfaite de cela et ça me donne très envie pour la suite.

- Clément Dumont, votre coach depuis deux ans, a annoncé quitter les commandes de l’équipe nationale belge : quand l’avez-vous appris et comment le vivez-vous ?
Il nous l’a appris à la fin des championnats du monde de Nove Mesto et cela a été quand même un choc… On était assez surpris, mais c’est un choix que je comprends complètement ! Le biathlon, c’est super, mais la vie personnelle passe avant tout. Être biathlète, c’est avoir un mode de vie de tarés, avec 200 jours par an loin de la maison. Il va nous manquer, mais j’ai vraiment été contente de ce j’ai appris avec lui, et j’espère pouvoir continuer sur cette lancée avec le nouveau coach, entouré de Margit [Dahl Soeresen], qui reste avec nous.
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