Biathlon : Célia Henaff a brisé son plafond de verre
Cette saison, la biathlète savoyarde Célia Henaff, dix-neuf ans, a réalisé ce qu’elle n’était jamais parvenu à faire jusque-là : décrocher des sélections internationales. Montée sur la Junior Cup en décembre à Pokljuka (Slovénie) puis Ridnaun-Val Ridanna (Italie), elle continuait sur sa lancée pour se qualifier pour les championnats du monde U22 d’Otepää (Estonie).
Sur les installations du Tehvandi Stadium, elle remportait même la médaille de bronze du relais en compagnie de Léonie Jeannier, Fany Bertrand et Lisa Siberchicot. Egalement auteure de deux podiums en coupe de France, Célia Henaff, sociétaire du club d’Arêches Beaufort (Savoie), a accepté de revenir sur son hiver pour Nordic Magazine. Entretien.
- Comment résumeriez-vous votre hiver ?
C’est une saison qui est réussie, parce que c’était la première fois que je montais au niveau international, que ce soit en Junior Cup ou aux Mondiaux juniors. C’étaient deux belles expériences, parce que j’étais tout le temps en coupe de France les années d’avant, sans réussir à me faire ma place comme cet hiver. J’étais super contente de cela, d’autant que j’ai fait des résultats plutôt bons.
- Ces montées sur les circuits internationaux constituaient vos objectifs de la saison. Quand on y parvient, comment le vit-on ?
Je n’ai pas trop appréhendé ces courses-là. J’y suis simplement allée en me disant que c’était une nouvelle opportunité. Justement, j’ai trouvé que l’international m’avait libéré au niveau du stress. Sur le circuit national, avec les sélections, je me mettais du stress, justement, pour réussir à monter. Arrivée là-haut, j’étais libérée [rires] !
« Avoir réussi à faire cela donne de la confiance pour l’année prochaine, et me permet de me dire que je suis capable de le faire »Célia Henaff à Nordic Magazine
- Surtout que parvenir à passer ce cap constitue une étape importante dans votre construction…
Je pense que c’était le moment de passer ce cap. Je suis première année U22, donc avoir réussi à faire cela donne de la confiance pour l’année prochaine, et me permet de me dire que je suis capable de le faire.
- Si on reprend le fil de vos performances hors de l’Hexagone, vous terminez cinquième du sprint de Pokljuka (Slovénie), en Junior Cup, pour votre grande première sur le circuit…
Je ne m’y attendais pas du tout ! Avec Eva [Laine, elle aussi Savoyarde, NDLR], on était toutes les deux sur notre première sélection en Junior Cup, et on fait cinquième et septième. On était trop contentes et on s’est dit que l’écart de niveau, par rapport à la coupe de France, n’était pas si élevé.
« J’étais surprise quand j’ai su que j’étais quatrième et que je partais aux Mondiaux ! »Célia Henaff à Nordic Magazine
- Justement, quel est le plus gros changement entre les deux circuits ?
Sur les compétitions internationales, cela va de soi, on est mélangées et opposées aux étrangers. C’est cela qui change. En France, on connait tout le monde, on a l’habitude du circuit, de son organisation et des stades. Là, plein de petites choses banales, comme le pesage des carabines, changeaient.
- Ensuite, vous devez vous resélectionner en janvier pour les championnats du monde juniors, ce que vous parvenez à réaliser. Cela montre-t-il votre régularité ?
Oui ! Ces sélections, c’étaient sur trois week-ends et, après le deuxième, je n’étais pas très confiante, parce que je suis tombée à Peisey-Nancroix et j’ai tordu ma plaque de couche… Je me suis dit que c’était le seul joker que j’avais, puis j’ai continué les sélectons, mais sans forcément briller. J’étais donc surprise quand j’ai su que j’étais quatrième et que je partais aux Mondiaux ! Cependant et après coup, j’étais contente de cette régularité sur les six courses parce que, avec moi, c’est souvent une bonne course puis une moins bien.
« C’était un peu fou de me dire qu’on jouait la gagne et qu’on était la meilleure équipe aux Mondiaux »Célia Henaff à Nordic Magazine
- En février, vous participez donc aux Mondiaux U22, un événement différent de la Junior Cup…
On savait qu’on allait passer deux semaines tous ensemble, et que le but était de ramener des médailles. Du coup, tout le monde se tirait vers le haut dans notre groupe, qui était bon ! Rien que la cérémonie d’ouverture, c’était top et ça montrait qu’il y avait de l’enjeu.
- Malgré des performances individuelles décevantes, vous rentrez en France avec la médaille de bronze du relais. Après le podium, vous aviez expliqué dans nos colonnes avoir kiffé la course…
J’étais troisième relayeuse et les filles [Fany Bertrand et Léonie Jeannier] m’ont lancée en première position ! C’était un peu fou de me dire qu’on jouait la gagne et qu’on était la meilleure équipe aux Mondiaux. J’ai fait une bonne course, mais j’étais moins bien en ski que les deux filles face à moi. En tir, j’ai notamment bien tenu alors que j’avais un peu peur du stress, parce que, la veille, sur la mass-start 60, j’étais arrivée dixième au dernier tir avant de louper trois cibles. Là, je n’avais pas le droit de faire la même chose et j’ai tenu mon rang en ramenant l’équipe troisième, pas forcément loin de la tête. C’était super de partager cela avec les filles !
« Je veux faire comme l’année dernière, en réussissant une bonne préparation puis à me sélectionner dès le début de l’hiver »Célia Henaff à Nordic Magazine
- Sur l’hiver, qu’est-ce qui vous a permis de tenir cette belle série de résultats ?
Je crois vraiment que le fait de passer les sélections en début d’année, malgré le stress, et de me dire que je pouvais y arriver, m’a permis de me mettre en confiance et d’être régulière. Je suis donc restée dans le coup pour la suite, à la différence de l’hiver dernier où j’avais été seulement remplaçante en Junior Cup.
- Que vous dites-vous quand vous voyez la densité de l’équipe de France féminine ?
Je me dis qu’il faut faire sa place, mais que c’est dur ! Elles sont très fortes. On est un peu plus jeunes et il faut réussir à passer devant, mais ce n’est pas facile. Pour la suite, je veux faire comme l’année dernière, en réussissant une bonne préparation puis à me sélectionner dès le début de l’hiver.
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