Biathlon : le retard de croissance qui a ralenti Eric Perrot
Si, depuis cinq ans, Eric Perrot monte les marches les unes après les autres avec une facilité déconcertante, les premiers hivers de la carrière du Peiserot n’ont pas été faciles. Avant de devenir champion du monde de l’individuel ce mercredi à Lenzerheide (Suisse), le Savoyard a effectivement connu des années de disette.
Du milieu du collège à la fin du lycée, le garçon d’Aime-la-Plagne (Savoie) subissait effectivement les effets d’un retard de croissance. « Mon corps avait physiologiquement deux ans de retard », avoue-t-il dans le n°42 de Nordic Magazine (disponible ICI). « Il était tout petit, se souvient Marie Gontharet, une amie de longue date avec qui il a passé ses années au ski-club de Peisey Vallandry (Savoie). Sur les pistes, c’était fou, on aurait dit qu’il s’était trompé de catégorie ! La différence de taille et de masse était impressionnante. »
Pendant cette période, Eric Perrot, dont les traits du visage étaient juvéniles à l’époque, a donc décidé de prendre sa (future) carrière en main. « J’ai anticipé le fait de grandir, explique-t-il. J’ai eu un déclic quand j’ai compris qu’il fallait que j’arrête d’attendre de grandir que je pouvais progresser sur d’autres domaines comme mon état d’esprit, le tir et tout ce que l’on classe dans le mental. »
« Ce n’était pas le meilleur de son année au club, par contre, qualitativement, il bossait super bien, se remémore effectivement Cyril Cleyrat, coach du SC Peisey-Vallandry. Techniquement, c’était super propre sur les skis et on voyait que ça allait dans le bon sens. Il savait où il voulait aller. »
Il s’est construit durant cette période
En lui, brûle déjà un feu sacré, celui du haut niveau, de la gagne, du champion. « Je n’ai jamais eu envie d’arrêter pour une raison assez inexplicable. J’ai toujours eu ce truc assez fort en moi. J’étais convaincu que j’allais pouvoir jouer devant, m’amuser et rayonner sur la scène internationale en me faisait plaisir. J’ai toujours eu cette flamme à l’intérieur. Cela peut paraître arrogant de l’affirmer, mais c’est ce que j’ai toujours ressenti, avoue-t-il. Pendant mes années compliquées, je restais donc confiant dans mon projet, d’autant que j’ai toujours été soutenu par mon entourage. »
Pourtant, à l’époque, Eric Perrot est loin d’occuper les premières places du classement des courses nationales. « Aux championnats de France U16, il faisait 80e, mais il disait que ce n’était pas maintenant qu’il fallait être devant. Je me souviens aussi du derby de Champagny, une course toute en descente, quand on avait 8, 9 ans. Il gagne et je fais deuxième et me dit, je m’en souvient comme si c’était hier : ‘’C’est la première victoire de ma carrière.’’ Il avait une vision d’adulte sur une carrière de haut niveau alors qu’il était très jeune », indique Gianni Giachino, son meilleur ami ancien fondeur devenu depuis plusieurs mois son manager en charge des partenariats.
Finalement, c’est lors de la saison 2018/2019, après un hiver terminé au 36e rang de la coupe de France U19, que l’ascension d’Eric Perrot s’est enclenchée, une fois son retard de croissance commençant à se combler.
Sur les installations du stade Florence-Baverel d’Arçon (Doubs), lors du traditionnel Summer Tour, il remporte la poursuite. « C’était la première fois que je jouais devant que je gagnais. C’était ma première vraie victoire. Je suis passé de ne pas être dans le match à gagner une course ! C’est assez surprenant », admet-il.
Depuis, il grimpe les marches avec une facilité déconcertante
Le déclic avait eu lieu. Lors de l’hiver suivant, Eric Perrot se qualifie pour le Festival olympique de la jeunesse européenne (FOJE) de Sarajevo (Bosnie-Herzégovine). Dans la République née de la dislocation de la Yougoslavie, il brille, encore une fois, remportant la médaille d’or du sprint le 12 février 2019. « D’un coup, je passe de n’avoir jamais eu ne serait-ce qu’une lueur d’espoir de participer à ça, à gagner une course internationale ! Pour résumer, je suis passé de courir après le wagon à pouvoir piloter le train », rigole-t-il.
Dans les années suivantes, le jeune homme va même prendre le train de vitesse. Il intègre le comité de Savoie en 2019/2020, saison lors de laquelle il gagne la coupe de France U19, découvre la Junior Cup et gagne une médaille mondiale jeunes… à Lenzerheide. En 2020/2021, Eric Perrot se révèle en IBU Cup puis aux championnats du monde juniors d’Obertilliach (Autriche), où il ne sort pas du top 10, gagnant l’argent de la poursuite et l’or du relais.
La coupe du monde s’ouvre à lui en fin de saison à Östersund (Suède) puis il continue de franchir des caps l’hiver suivant, se qualifiant en tant que remplaçant pour les Jeux olympiques de Pékin 2022.
« J’ai sauté de circuit en circuit, image-t-il. Après tant d’années où je ne pouvais pas jouer comme je le voulais et où j’étais frustré, j’étais juste tellement heureux de pouvoir être sur la scène internationale. C’était super amusant parce que je vivais mon rêve ! Il y avait toujours des nouveautés et c’était super stimulant. Je passais du bon temps et j’étais là où j’avais envie d’être. C’est passé tellement vite que j’ai presque le regret que mes années juniors soient passées à cette vitesse. »
Malgré un retour en IBU Cup en janvier 2023, la progression d’Eric Perrot n’a ensuite cessé d’être linéaire… jusqu’à ce mercredi 19 février 2025 qui a fait du Peiserot le cinquième champion du monde français de l’histoire.
> Cliquez ICI pour lire le portrait complet d’Eric Perrot publié dans le n°42 de Nordic Magazine
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