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Biathlon : la coupe du monde d’Östersund vue par Sandrine Bailly
Tout au long de l’hiver, un biathlète français à la retraite débriefera pour Nordic Magazine les différentes étapes de la coupe du monde. C’est l’Aindinoise Sandrine Bailly, notamment vainqueure du gros globe de cristal en 2005, qui lance la série pour revenir sur la coupe du monde d’Östersund (Suède), la première de la saison.
La star de la semaine : Lou Jeanmonnot, auteure du doublé sprint/poursuite
« Cela n’arrive pas souvent pour une Française et même au sein de la coupe du monde. Surtout, ce qu’il faut regarder, c’est la manière. Faire ce doublé sprint/poursuite est quelque chose de rare, mais ce doit l’être encore plus avec un 30/30. C’est en cela que Lou Jeanmonnot a réussi une performance incroyable et qu’elle a vraiment marqué les esprits. Elle s’est affirmée sur ce week-end ! »
« Elle m’a surtout impressionné sur la poursuite parce qu’elle n’était pas bien physiquement. Elle a fait avec les armes du moment et a su s’adapter en prenant les bonnes décisions. C’est tout ce que l’on demande à un athlète. Elle est restée dans ses marques et a su prendre son temps, ce qui est hyper dur en biathlon, sur les tapis. Cette adaptabilité qu’elle a su trouver en rehaussant son niveau d’exigence au tir, c’est super. Maintenant qu’elle a passé cela, il ne peut plus lui arriver grand-chose sauf de devoir gérer le fait d’être régulièrement devant. »
« Je ne suis pas inquiète pour Lou [Jeanmonnot] en ce qui concerne la suite. C’est quelque chose qui est venue au fur et à mesure pour elle, même si ça vient plus vite que prévu par rapport au fait qu’elle est encore toute jeune sur la coupe du monde. Avec toute l’expérience prise, tout ce qu’elle a su accumuler pour progresser, ça paye maintenant à un moment où elle est en pleine force de l’âge. Il faudra gérer cela du mieux possible, mais elle est très bien entourée avec Cyril Burdet et ses coachs de tir [Patrick Favre et Jean-Paul Giachino, NDLR]. Ils sont stables et vont forcément l’aider à prendre les bonnes décisions et à passer les caps au fur et à mesure. »
Le moment fort de la semaine : Johannes Thingnes Boe est redevenu humain
« C’est la bonne nouvelle ! Maintenant, on a un peu plus d’attrait pour les courses masculines. On ne va pas se voiler la face : Johannes [Thingnes Boe] était tellement monstrueux l’hiver dernier qu’il ne laissait plus de place à personne ! Il est toujours présent sur les skis même si les écarts ne sont pas monstrueux, donc je pense qu’il va revenir. »
Les montées en puissance de la semaine : Julia Simon et les Français
« Sur la poursuite, on a Julia Simon senti plus offensive. Son temps de ski est bon, ce qui est rassurant ! Evidemment que l’année dernière est sa référence et qu’elle avait mis la barre très haute en gagnant à la même époque de la saison. Elle n’est pas sur les mêmes bases, mais c’est une année différente avec d’autres contraintes psychologiques. En tout cas, je pense qu’elle a dû trouver du positif sur cette fin d’étape. »
« Pour les Français, il y a eu du positif sur la poursuite. Il manque cependant un petit quelque chose et ils vont avoir à recaler certaines choses sur le pas de tir. Ils ont eu la même préparation que les filles, terminée en altitude et sans confrontation étrangère, mais on voit que les gars qui jouent devant sont en Scandinavie depuis plus longtemps. Je ne suis donc pas vraiment inquiète pour les garçons, c’est juste qu’il y a de l’attente de la part de tout le monde. C’est cela qui fait qu’il y a un petit peu de déception en sortant d’Östersund, notamment pour Fabien Claude qui jouait le podium sur le dernier tir de la poursuite. Il reste des choses à travailler et la saison se lance un petit peu en retrait, plus que l’an dernier, mais ce n’est pas très grave. Elle est encore longue et ce n’est jamais linéaire ! »
La surprise de la semaine : les résultats allemands
« C’est la chose la plus importante que l’on peut retirer de cette dizaine d’Östersund : la mise en avant de l’équipe d’Allemagne, mais pas que d’un personnage, de toute l’équipe masculine et féminine ! Cela faisait un moment qu’ils ne nous avaient pas montré cela et qu’on attendait des résultats. Je pense que c’est dû à la bonne préparation et à un groupe arrivé à maturité. Ce ne sont pas des athlètes jeunes, sauf Selina Grotian. C’est là qu’il y a une interrogation : vont-ils tenir jusqu’aux Jeux olympiques de Milan/Cortina 2026 ? En tout cas, c’est intéressant de les voir revenir, même si c’est à confirmer sur Hochfilzen, sa piste différente, son altitude et d’autres skis à utiliser. »
La frustration de la semaine : Justine Braisaz-Bouchet
« J’étais un peu déçu pour Justine [Braisaz-Bouchet]. Elle avait vraiment fait un bon relais mixte et on pouvait se dire qu’elle avait stabilisé des choses. Finalement, ce n’est pas le cas et c’est mal payé. Elle fait des tours malgré sa bonne forme, ce qui est frustrant pour elle comme pour nous. J’imagine bien qu’elle laisse sa petite à la maison pour faire des résultats en accord avec ce qu’elle est capable de faire. On connaît l’athlète et c’est quelqu’un qui nous a habitués à être dans le dur puis à tout remettre dans le bon sens à un moment où on ne l’attend plus. C’est tout Justine, mais pourvu que cela arrive le plus vite possible ! »
Le coup de cœur de la semaine : les Norvégiennes
« J’ai été bluffée par les Norvégiennes ! Après les retraites de Tiril Eckhoff et Marte Olsbu Roeiseland, la relève prend tout de suite le relais. Karoline Knotten se dévoile sur un sprint et assume cette relève. Juni Arnekleiv a également été assez impressionnante, comme Marthe Kraakstad Johansen. Ce sont toutes des filles que l’on va revoir, comme d’ailleurs Ingrid Landmark Tandrevold, même si elle était un peu plus en retrait en ce début de saison. Même constat, d’ailleurs, avec les Italiennes Lisa Vittozzi et Dorothea Wierer ou les sœurs Oeberg. Il n’y a pas eu que du positif, notamment au tir. Globalement, on est tout de même sur une belle densité féminine, et encore plus que l’année passée j’ai l’impression ! »
La performance collective de la semaine : les Bleues
« J’étais contente que le groupe soit mis en avant pour des bonnes raisons. Cette équipe féminine se montre sous un beau jour avec des résultats qui sont bien là. Le travail paye alors qu’on pouvait se poser la question avec cette fin de préparation en altitude sans confrontation avec les étrangères. Finalement, elles font des performances qui donnent le tempo pour l’année. »
Les gagnants de la semaine : Vebjoern Soerum et Sebastian Samuelsson
« J’ai bien aimé l’arrivée de Vebjoern Soerum. On ne l’avait pas forcément imaginé faire si bien et il se retrouve devant et même sur le podium. J’étais contente que Sebastian Samuelsson arrive à faire enfin quelque chose en individuel chez lui après autant de temps sans victoire. Il avait tellement un ski monstrueux qu’il fallait qu’il en profite et, là, il l’a fait. Il va pouvoir savourer ! »
Le perdant de la semaine : Sturla Holm Lægreid
« C’est dur de performer en Norvège, il faut toujours être au top ! On voit que, là, Sturla Holm Lægreid a très peu de chances de rester en coupe du monde après Hochfilzen. Il va devoir trouver des ressources qu’il n’a peut-être pas. S’il doit retourner en IBU Cup, ce sera bizarre sachant qu’il se battait l’année dernière pour des classements généraux avec Johannes [Thingnes Boe], mais c’est arrivé à beaucoup de Norvégiens par le passé. Johannes [Dale-Skjevdal] avait dû y retourner à une époque et Endre Stromsheim a mis longtemps à arriver en coupe du monde. »
« Cela fait partie du jeu et, pour les Norvégiens, il est très serré et difficile ! Ils ne vont pas le favoriser par son statut de cadre. C’est quelque chose qui pourrait arriver chez les Français dans quelques semaines. Les règles sont ainsi faites. »
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