Biathlon : les confidences de Paula Botet
Cet hiver, la Bressaude Paula Botet, vingt-trois ans, n’a pas eu la chance de participer à des manches de la coupe du monde de biathlon. Remplaçante aux Jeux olympiques de Pékin 2022 après avoir connu une progression fulgurante, elle sort de deux saisons compliquées. Reléguée l’année passée en IBU Cup, elle y avait brillé en terminant troisième du classement et en enchaînant les podiums.
Depuis cet été, seulement, la Vosgienne est gênée par d’handicapantes douleurs tibiales. Au bout d’un hiver pénible qu’elle qualifie elle-même de « pourri », Paula Botet a accepté de donner de ses nouvelles dans les colonnes de Nordic Magazine lors d’un entretien où elle revient sur ses difficultés, ses erreurs et son futur.
- Vous sortez d’une saison internationale timide : que s’est-il passé ?
C’était un hiver compliqué parce que j’ai attaqué en sachant que j’étais blessée. En fait, je suis blessée depuis le début du mois d’août. J’avais déjà eu la même chose l’année dernière, mais c’était passé une fois qu’on avait remis les skis et qu’on avait laissé la course à pied et le ski-roues, où je me crispe beaucoup, de côté. Cet été, quand c’est revenu, je me suis dit que cela allait être la même chose, sauf que j’ai eu des douleurs plus tôt dans la préparation. Avant d’aller à Bessans en novembre, je n’ai pas skié sur neige comme on l’avait fait l’année d’avant [à Seefeld, NDLR] donc ça a fait une différence. Je pense aussi que j’avais des restes de l’année d’avant, ce qui n’a pas non plus aidé.
- Pouvez-vous être plus précise sur ces douleurs qui vous gênent depuis de longs mois ?
J’ai vu qu’on avait parlé de syndrome des loges me concernant, mais ce n’est pas du tout cela [rires] ! Pour résumer, j’ai eu le syndrome de l’artère poplitée piégée, c’est-à-dire que mon artère se fait piéger par un muscle situé un peu plus bas que le genou. Cela engendre des déséquilibres parce que le sang ne descend plus correctement dans les pieds. Musculairement, cela m’a crispé toute la zone et, en faisant traîner ce problème, j’ai eu des périostites, ce qui m’a embêté sur la fin de l’hiver.
- Qu’avez-vous fait pour essayer de contrer ce syndrome ?
Dès le lendemain du retour de Sjusjøen [mi-décembre après trois semaines passées sur l’IBU Cup, NDLR], j’ai fait des injections dans le muscle pour le faire diminuer et, ainsi, que ça arrête d’appuyer sur l’artère. Ensuite, je n’avais pas le droit de marcher pendant une semaine, donc je ne faisais pas grand-chose si ce n’est du Skierg. Sachant que j’avais attaqué l’hiver sans être transcendante parce que je n’avais fait que la moitié des intensités à cause des douleurs et que je n’avais quasiment pas fait les Summer Tour, cette pause forcée m’a encore mise en coup. En revanche, je savais que ça allait me faire du bien par rapport à mes problèmes d’équilibre. Je ne tenais pas debout à cette époque.
- Par la suite, votre mois de janvier est rapidement écourté…
Après cela, on a décidé que j’allais à Martell pour la suite de l’IBU Cup, mais ce n’était pas la folie. J’ai commencé à avoir très mal aux périostes. En rentrant de Ridanna, j’ai donc coupé en faisant beaucoup de kiné. À ce moment-là, un mois après, je sentais que les injections dans les mollets faisaient leur effet. Seulement, j’avais les périostes en feu et je ne suis pas allée aux Europe ni à Arber.
- Vous allez finalement terminer votre hiver sur l’IBU Cup d’Obertilliach (Autriche) où les choses semblaient revenir dans l’ordre avec notamment un podium en relais mixte simple ainsi qu’un top 10 individuel…
Cela allait un peu mieux et j’avais un peu moins mal, donc j’y suis effectivement allée. Je n’avais cependant pas trop de rythme parce que je suis partie en Autriche en ayant fait un seuil sur une séance de 15 secondes d’effort et 15 secondes de repos.
- Ce dont vous êtes atteinte est-il guerissable ou vous aurez toujours plus ou moins des douleurs ?
J’espère que c’est soignable ! Maintenant que je sais que je suis fragile à ce niveau-là, je vais devoir adapter mon entraînement et j’ai bon espoir que ça passe.
- Pour résumer les choses, comment défeniriez-vous votre saison ?
Je ne sais pas s’il y a vraiment un mot pour tout bien décrire, mais c’était bien compliqué. C’était pénible, mais j’ai quand même appris pas mal de choses et en fin de saison, après avoir passé un hiver tout pourri, j’ai l’impression d’avoir retrouvé le plaisir. J’étais trop heureuse de faire des courses. Cela m’a rappelé pourquoi j’aime tant faire du biathlon. Quand on fait des courses en ayant mal et sans plaisir, c’est un peu dur. Même si les résultats n’étaient pas incroyables sur la fin, j’ai retrouvé le feu.
- Mentalement, comment avez-vous traversé cette épreuve ?
Au début, je savais qu’il y avait un problème, mais je ne voulais pas vraiment le voir. J’ai une petite phobie du milieu médical donc moins je vois les médecins et mieux je me porte [rires]. J’ai fait l’autruche en faisant comme s’il n’y avait pas de problème alors que je savais qu’il y en avait un. Finalement, cela n’allait pas si mal parce que je m’auto-persuadais qu’il n’y avait pas de souci. Une fois que l’hiver a commencé, cela n’a pas été facile. Il y a eu des moments vraiment difficiles, mais, dans l’ensemble, je trouve que j’ai plutôt bien géré la situation. Ce n’est pas complètement de ma faute, mais j’avais une part de responsabilité dans le fait que je me sois retrouvée à galérer tout l’hiver donc il fallait en assumer les conséquences.
- Comment avez-vous vécu, aussi, le fait de voir vos coéquipières briller tout au long de la saison alors que, vous, vous ne le pouviez pas ?
Quand on prend le départ d’une course, forcément, ce n’est pas pour faire quarante-cinquième, mais j’ai trouvé cela motivant ! Chez les filles, on est énormément à être très fortes et à faire des trucs trop bien, donc je prends cela comme une motivation. Je me dis qu’il y a des filles avec lesquelles je me suis entraînée tout l’été qui font des choses énormes. Cela donne envie de se soigner, de retrouver mon niveau et de repartir de plus belle !
- Mais, en voyant les résultats des autres Françaises, n’avez-vous pas le sentiment d’avoir laissé passer le wagon ces deux dernières saisons ?
Forcément, on a envie d’être tout le temps en coupe du monde. L’année dernière, c’était complètement bouché, tout le monde méritait sa place, et, cette saison, il y a eu pas mal de changements sur cette coupe du monde [avec les montées d’Océane Michelon et Jeanne Richard, NDLR] donc je me dis que tout est possible. Évidemment, je suis très motivée pour repartir en pleine forme et, surtout, en pleine possession de mes moyens.
- Quel est votre programme entre cette fin d’hiver et le début du printemps ?
Le but est d’essayer de soigner ces périostites pour qu’elles partent vraiment et repartir en mai, avec la reprise du ski-roues, sans avoir mal. Je fais donc pas mal de kiné et, sur la fin de l’hiver, j’ai fait beaucoup de classique pour lequel je me suis découvert une passion alors que je pensais détester ça [rires] ! Pour le plus long terme, je veux déjà voir si ça se soigne et que ce soit tout résolu avant d’y penser sérieusement. Là, je suis plus concentrée sur le fait de me rétablir.
- Finalement, que retenez-vous principalement de ces derniers mois ?
Il faut se soigner quand on a mal quelque part ! C’est clairement la principale chose que je dois retenir de cette période : arrêter de faire l’autruche.
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