Quentin Fillon-Maillet, champion olympique dans l’âme
Ce mardi 8 février, Quentin Fillon-Maillet est entré dans l’histoire du biathlon. L’actuel leader de la coupe du monde a décroché, sur l’individuel, son premier titre olympique sur la piste chinoise de Zhangjiakou. Le Jurassien devient ainsi le quatrième Français médaillé d’or olympique en individuel en biathlon après Vincent Defrasne, Vincent Jay et Martin Fourcade.
« Le gros objectif, c’est la médaille d’or individuelle. Cela fait trois ans que j’enchaîne les médailles sur tous les Mondiaux, mais il me manque encore l’or à mon palmarès. Si elle venait à Pékin, ce serait vraiment l’aboutissement de plein de choses dans ma carrière sportive. Un titre serait le summum », expliquait-il à Nordic Magazine avant de s’envoler pour la Chine.
Quentin Fillon-Maillet et le biathlon, c’est une histoire qui remonte à l’enfance. Gamin, il confectionnait des arcs et des arbalètes avec ses frères et sœurs dans le jardin de la maison familiale de Saint-Laurent-en-Grandvaux (Jura). Déjà prêt à décocher des flèches vers les sommets sans doute… On peut voir dans ce souvenir d’enfance un heureux présage pour celui qui est devenu, à 25 ans, l’un des tous meilleurs biathlètes de la planète. Rencontre avec un champion aussi simple que discret.
Quentin Fillon-Maillet est tombé dans le nordique comme Obélix dans la marmite de potion magique. Sauf qu’en lieu et place du druide Panoramix, ce sont ses parents Hélène et Laurent qui lui ont donné le plaisir de l’effort, le bonheur de faire du sport en extérieur et en famille. « Quentin a toujours aimé ça, se souvient le papa. D’abord le ski alpin qu’on pratiquait régulièrement en famille puis le ski de fond. »
« J’aime être dehors », aime à dire le sociétaire de l’équipe de France de biathlon. Le cadre majestueux et sauvage du Grandvaux, terre de rouliers, ces commerçants voyageurs arpentant les terres de toute l’Europe avec leurs longues charrettes, depuis plus de 500 ans, invite justement à la contemplation et la découverte.
Sur cette terre perchée à près de 1 000 mètres d’altitude, dans un Jura préservé, sont nées des générations de bûcherons, scieurs, fermiers et amoureux du grand air. Dont de nombreux sportifs ravis de profiter d’un tel décor d’entraînement.
Avec une maman fondeuse ancienne vainqueure du Marathon des Cimes, notamment, le jeune homme a de qui tenir. « Mes parents m’ont donné énormément. Ma mère m’a mis sur les patinettes à l’âge de 4 ans pour aller à l’école. C’est vrai que je dois aussi les remercier pour m’avoir légué de telles capacités physiologiques », s’excusait presque l’intéressé en 2019 à l’occasion d’un portrait publié dans Nordic Magazine.
Comme si son parcours et sa progression, marche après marche, ne devaient pas grand-chose à toute son implication et son investissement dans l’entraînement, chaque jour de l’année.
La découverte du biathlon déjà grâce aux Jeux olympiques
L’aîné d’une tribu de quatre enfants (trois garçons et une fille) découvre un peu par hasard le biathlon à la télé, pendant les Jeux de Salt Lake City 2002. Il a alors 10 ans tout pile… « Ce sport m’avait surpris avec ces skieurs et leur carabine dans le dos. Après coup, une fois devenu athlète, je me suis dit que cette cara’ était en fait l’arc de mon enfance ! »
Sa voie est toute tracée. Encadré par son paternel, entraîneur de biathlon au sein du Massif jurassien et du ski-club du Grandvaux, le jeune sportif se construit, pierre après pierre. De ces cailloux dont on fait les solides édifices comme l’église de Grande-Rivière au bord du lac de l’Abbaye. Mais Quentin Fillon-Maillet emprunte, sur les conseils de ses parents, une voie différente de tous ses opposants inscrits en sport-études.
« Quentin a suivi le cursus scolaire normal et ça l’a toujours inquiété, note son paternel. Il craignait de prendre du retard sur la concurrence y compris quand il était au Pôle France et qu’il redescendait suivre les cours de son BTS à Morez alors que les autres partaient s’entraîner. Au final, il a tiré une très grande force de caractère de cette différence. Il a d’ailleurs, comme son oncle, un caractère de cochon parfois », s’amuse Laurent Fillon-Maillet.
Une personnalité qui, ce 8 février, lui permet donc d’entrer dans légende de son sport.
Il commence sa jeune carrière au ski-club de Saint-Laurent-en-Grandvaux. En 2012, il dispute ses premières courses en IBU Cup, le circuit B international. Il est sélectionné en équipe de France lors l’hiver 2013. Cette année-là, il découvre la coupe du monde au Grand-Bornand (Haute-Savoie) le 14 décembre. C’est un sprint. Il porte le dossard 95. Sa première victoire date du 27 janvier 2019, à Antholz, en Italie. Il gagne une mass-start.
Lors des Jeux sud-coréens, en 2018, avec une vingt-neuvième place comme meilleure performance sur la mass-start, il avait vécu des heures sombres. « Il y a quatre ans, j’ai vécu une olympiade vraiment difficile. Je fais un coucou à ma belle-famille qui a traversé des moments très durs », a-t-il confié, très ému, au micro de France Télévisions, après son sacre chinois.
En 2019, 2020 et 2021, il se classe troisième du classement général de la coupe du monde. Coupe du monde où il signe onze victoires individuelles.
Aux championnats du monde, par contre, il n’a jamais réussi à être sacré à titre personnel. Il compte tout de même deux médailles d’argent et trois de bronze. Pour l’or, il faut regarder du côté du relais mixte d’Oslo (Norvège) en 2016 et du relais d’Antholz (Italie) en 2020.
Avant les Jeux de Pékin, il mène le classement général de la coupe du monde avec 636 points, devant Emilien Jacquelin et le Norvégien Tarjei Boe. C’est avec ce statut, lorgné depuis de longues années et façonné pierre après pierre, qu’il devient champion olympique. « C’est dingue ce qu’il se passe en ce moment, les émotions sont fortes, je remercie tous ceux qui m’ont encouragé », a-t-il encore déclaré. Heureux. Reconnaissant. Soulagé.
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