Biathlon : « Justine était sur un nuage de légèreté », Sandrine Bailly
Quelques minutes après les mass-starts olympiques de Zhangjiakou (Chine), Sandrine Bailly, consultante sur Eurosport, a pris le temps de revenir, pour Nordic Magazine, sur les victoires de Justine Braisaz et de Johannes Thingnes Boe.
- Comment expliquez-vous le titre de Justine Braisaz, qui intervient une semaine après un sprint totalement manqué ?
Je trouve que c’est quelque chose que Justine a l’habitude de faire. Quand elle est longtemps en difficulté, à un moment donné, comme sur cette fin de Jeux olympiques, elle arrive à retrouver du répit et du calme. Elle nous a habitué à cela. Elle nous fait un petit peu le même coup des championnats du monde d’Östersund 2019 [bronzée sur l’individuel après un sprint terminé en soixantième place, NDLR]. Quand elle parvient à trouver du recul intérieur, du calme, Justine est exceptionnelle. Cela ne m’étonne pas qu’elle soit parvenue à le faire après avoir vécu des Jeux compliqués. Elle a dû se poser beaucoup de questions, mais elle a lâché les chevaux. C’est facile à dire, mais je pense qu’elle a fait cela naturellement. Elle doit maintenant apprendre à le réguler.
- Vous a-t-elle impressionné ?
Aujourd’hui, j’avais l’impression que Justine était sur un nuage de légèreté. Quand elle est passée devant sur les skis, elle était étonnée ! En tir, sur le dernier debout, elle a mis la première dehors avant de rentrer les quatre autres avec un rythme de tir qui lui a permis de gagner la course. Elle ne s’est pas posée de questions.
« Marte est arrivée au sommet de son art, comme Quentin »Sandrine Bailly à Nordic Magazine
- Ce titre est-il une bouffée d’oxygène pour le biathlon féminin français ?
Chaque époque a ses talents et c’est vrai que cette équipe est une des plus denses qu’on n’ai jamais eu dans l’histoire. Que Justine gagne aujourd’hui, je pense que c’est bien pour le staff, l’équipe en général et l’image du biathlon. Mais cela ne va pas effacer la déception des autres. Quand j’avais raté mes Jeux à Turin [en 2006], même si Florence [Baverel, titrée sur le sprint, NDLR] avait gagné une médaille, c’était très douloureux de ne pas avoir réussi en individuel. En plus, cette année, elles n’ont pas réussi en relais donc il y a une vraie identité collective à trouver au sein de cette équipe très riche pour parvenir à tout péter ensemble quand cela compte.
- Marte Olsbu Roeiseland, troisième, est montée sur tous les podiums en individuel : est-ce la reine de ces Jeux ?
Carrément ! Il y a trois personnages qui ressortent : Quentin [Fillon-Maillet], Johannes [Thingnes Boe] et Marte [Olsbu Roeiseland]. C’est un exemple de construction, comme Quentin. Je les trouve similaires dans leur façon de mener leurs carrières. Elle a pris beaucoup de recul et je pense qu’elle est parvenue à prendre les Jeux d’une bonne manière sans se mettre la rate au court-bouillon et avoir peur. On sent qu’elle est calme et posée. Elle est arrivée au sommet de son art, comme Quentin.
« Ce sont juste des chiffres qui n’ont pas un grand intérêt »Sandrine Bailly à Nordic Magazine
- Justement, Quentin Fillon-Maillet a manqué, de peu, le grand chelem en terminant quatrième de la mass-start. Il a expliqué avoir été rattrapé par les émotions : est-ce logique ?
C’est ce qui arrive souvent. Après, on aurait pu lui dire d’oublier ce chiffre six qu’on lui a répété sans cesse et qui, finalement, n’est pas important. C’est compliqué de se détacher de l’attente des autres. On a beaucoup parlé de ce grand chelem, mais on s’en fiche qu’il ait six médailles, cinq c’est déjà énorme. Mais, à un moment donné, cela l’a rattrapé. Ce sont juste des chiffres qui n’ont pas un grand intérêt.
- Pendant cette quinzaine olympique, Quentin Fillon-Maillet s’est-il affirmé comme le leader du biathlon mondial ?
Je trouve qu’il a vraiment passé un cap parce qu’arriver avec le dossard jaune et faire cela, c’est très fort et épatant. Je pense qu’il a définitivement marqué les esprits. Il est le leader incontesté, l’homme fort de cette saison.
« Il faut accepter, surtout pour les deux plus jeunes, qu’il faut se construire »Sandrine Bailly à Nordic Magazine
- Et au sein de l’équipe de France ?
Les autres avaient moins d’expérience sur cette période. On a senti de la fébrilité de part et d’autre. L’événement a été difficilement appréhendé, notamment par Emilien Jacquelin. Après, il faut se rappeler qu’avant d’en arriver-là, Quentin a également vécu des moments très difficiles et est aussi passé par des contre-performances. Il faut accepter, surtout pour les deux plus jeunes, qu’il faut se construire.
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