Biathlon : « Ça m’a fait rire d’en arriver là après dix ans de carrière au haut niveau… »
Il y a très exactement quatre semaines, à Antholz (Italie), Antonin Guigonnat prenait le départ de la mass-start, dernière course de répétition avant les championnats du monde de Pokljuka (Slovénie). Après avoir manqué deux balles lors du premier couché, le Haut-Savoyard réalisait deux salves parfaites qui le replaçaient dans le match pour signer une belle performance sur un exercice dans lequel il a été sacré vice-champion du monde en 2019 à Östersund (Suède). Malheureusement, le dernier debout s’est transformé en cauchemar pour Guigonnat, incapable de blanchir une seule cible.
« Ce n’était pas le trou noir, j’étais bien là, bien lucide, mais le tir se joue à quelques millimètres et si je désynchronise mon doigt qui déclenche le départ du coup et mon œil, ça ne fonctionne pas, expliquait-il pédagogiquement à Nordic Magazine au début des Mondiaux. À moi d’avoir à peine plus de sang froid la prochaine fois que j’aurais un tir pour jouer un podium. » Ce sang froid, le biathlète de Morzine-Avoriaz l’a bien retrouvé ce jeudi lors du relais mixte simple, remporté avec la Villaraine Julia Simon. Mais, pour le retrouver, plus que des mots, il a fallu qu’Antonin Guigonnat s’explique ce tir caviardé dans les grandes largeurs.
« Peut-être qu’il fallait que je le fasse une fois dans ma carrière… »
« J’arrive sur ce dernier tir après avoir repris pas mal de temps et de places sur les tours d’avant, retrace-t-il. Quand je m’installe, c’est le money time, un moment où j’ai souvent réalisé des super tirs, comme lors des Mondiaux 2019 où je vais chercher l’argent. Je suis au-delà de la dixième cible, comme Julia quand elle remporte ses deux mass-starts. En arrivant sur mon tapis, je vois que les premiers ont à peine commencé à tirer, je voyais qu’il y avait quelque chose à jouer. Ça faisait longtemps que je n’avais pas été dans cette situation, c’était vraiment une super sensation ! J’ai l’impression d’avoir tout bien fait avant ce tir debout mais j’ai pris les cinq échecs de suite comme ça… alors que j’étais vraiment lucide ! J’ai vécu ses cinq balles sans vraiment comprendre ce qu’il se passait. »
En sortant du pas de tir, l’athlète qui aura 30 ans le 2 juillet prochain se dit que c’est « incroyable de faire un 0/5 à ce moment-là de la compétition. Ça m’a fait rire pendant mes cinq tours de pénalité… En arriver là au bout de dix ans de carrière de haut niveau ! Je fais encore des erreurs incroyables dans des conditions de grand beau, sans vent. C’est juste fou. Peut-être qu’il fallait que je le fasse une fois dans ma carrière… » Et d’espérer que ce douloureux souvenir puisse être relégué au rang d’anecdote après la mass-start des Mondiaux de Pokljuka (Slovénie), disputée ce dimanche après-midi à partir de 15h15 : « Si tout se passe bien, ce sera une anecdote marrante à raconter », termine-t-il dans un sourire. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.
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Photos : Nordic Focus.