Biathlon : les confidences d’Amandine Mengin à Nordic Magazine
Au début du mois de novembre dernier, lorsque la saison 2024/2025 s’est lancée à Bessans (Savoie) avec les premières courses de sélection de l’hiver, rien n’indiquait que la Bressaude Amandine Mengin allait vivre une année de rêve. D’ailleurs, elle n’était pas parvenue à briller en Haute Maurienne. Ce n’est qu’à partir de décembre que la Vosgienne a enchaîné les belles performances, d’abord en coupe de France puis en Junior Cup.
Le passage en 2025, ensuite, a été synonyme d’explosion pour Amandine Mengin, victorieuse en IBU Cup dès son premier départ sur la circuit. Médaillée européenne seniors puis mondial juniors, elle finissait même l’hiver ne coupe du monde à Oslo-Holmenkollen (Norvège). Pour Nordic Magazine, elle dresse le bilan de son incroyable saison. Entretien.
- Il y a un an, au moment de revenir sur votre hiver 2023/2024, vous aviez expliqué dans nos colonnes tirer un bilan mitigé à cause de résultats moyens causés par un stress beaucoup trop présent. Malgré tout, vous ajoutiez : « Je sais que j’ai le niveau pour le faire donc je ne perds pas espoir. » Votre espoir n’était pas vain…
Cette année, ce n’est pas sur le plan physique que j’ai fait le plus de travail, mais plutôt mentalement. C’est là que tout a changé ! J’ai pris chaque départ, à chaque fois, en me faisant plaisir. Cela faisait très longtemps que ça ne m’était pas arrivé, je ne savais plus faire. C’est principalement ce qui a changé et qui m’a permis d’en arriver là.

- A l’époque, vous aviez aussi indiqué travailler avec le préparateur mental Quentin Fouchet. Est-ce vos échanges qui vous ont donné les clés nécessaires ?
On s’est vus tout l’été et au début de l’automne. Début novembre, au moment des premières sélections IBU Cup de Bessans, je lui ai dit que je voulais essayer de faire ces courses-là toute seule pour voir ce que ça donnait et comment je me sentais. Le but était de ne pas me prendre la tête et de me débrouiller avec ses tips. Ce n’est pas là que j’ai fait mes meilleurs résultats, mais je me sentais bien comme ça. J’ai donc continué ! On s’est bien sûr téléphonés durant la saison quand j’en avais besoin, mais ce n’était plus après chaque compétition comme avant.
« J’ai tout le temps réussi à surfer sur la vague de la fatigue. C’est le gros point positif ! »Amandine Mengin à Nordic Magazine
- Concrètement, pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous êtes parvenue à vous faire plus plaisir cette saison que celles d’avant ?
Mon coach [Léo Ponceot] m’a dit une phrase qui m’a marquée : « Ne pense pas au résultat avant d’avoir franchi la ligne d’arrivée. » L’année dernière, je pensais au résultat la veille et je me projetais énormément. Là, je faisais la course en voulant donner mon 100 % du jour pour voir ce que ça donnait à l’arrivée, et pas avant. Quand on y pense auparavant, ça fait trop peur !

- Si on revient à vos excellents résultats de la saison, vous avez disputé 24 courses internationales – la coupe du monde mise de côté – avec une dix-huitième place comme moins bon résultat. Que vous dites-vous quand vous regardez tout cela avec du recul ?
Vingt-quatre courses, c’est beaucoup ! Je trouve ça étonnant, j’en ai jamais fait autant. Dans le bilan de fin de saison, on se disait justement qu’on était étonnés que je n’aie pas eu de baisse de régime sur le plan physique après cet enchaînement. J’ai tout le temps réussi à surfer sur la vague de la fatigue. C’est le gros point positif ! Je suis étonnée que mon corps soit parvenu à survivre aux vingt-quatre courses. Je suis tellement fière de la régularité que j’ai pu avoir cette saison. C’est vraiment ouf pour un premier hiver avec autant de courses internationales.
« Cette frustration est tellement haute que je ne peux pas en être déçue »Amandine Mengin à Nordic Magazine
- Tout au long de l’hiver, qui indiquiez ne pas comprendre la raison de votre réussite. Est-ce toujours le cas ?
Vraiment, je ne comprends toujours pas ! Oui, je réalise parce que je vois bien les résultats que j’ai faits, les gens qui me félicitent et qui m’ont suivie tout au long de l’hiver… J’ai compris que ce que j’avais fait était vraiment bien, mais je n’ai toujours aucune explication pour dire comment j’ai réussi à le faire à ce moment-là. Après avoir pris la sélection en IBU Cup pour Arber, je ne me suis jamais arrêtée ! C’est top, mais je ne sais pas comment c’est possible [rires].

- Finalement, vous êtes récompensée de votre belle saison en allant sur la coupe du monde d’Oslo-Holmenkollen (Norvège). Pour quelques secondes, vous ne parvenez pas à y décrocher votre place pour la poursuite. Etait-ce la course de trop pour vous ?
Non, c’était une expérience à prendre ! Je suis allée sur la coupe du monde pour cela. Oui, j’avais l’objectif de faire la poursuite, c’était mon but. Je n’y suis pas parvenue et c’est ma frustration de la saison ! Être frustrée après une course en coupe du monde, je ne pensais pas dire ça en mai 2024 [rires]. Cette frustration est tellement haute que je ne peux pas en être déçue.
« On ne peut pas appeler ça un deuil, mais je dois comprendre que c’est terminé et que je dois tourner la page »Amandine Mengin à Nordic Magazine
- Ce passage en coupe du monde vous a aussi permis de découvrir, en quatre mois, les trois circuits internationaux : la Junior Cup, l’IBU Cup puis la coupe du monde. C’est aussi une performance assez dingue…
Cela fait gravir les échelons assez rapidement ! Encore une fois, je ne m’y attendais pas, je ne l’avais pas vu venir… J’étais contente, en décembre, d’avoir réussi mon objectif principal qui était de monter en Junior Cup. Pour moi, à partir de là, ma saison était réussie. Ensuite, j’ai pris l’IBU Cup puis les Mondiaux juniors et la coupe du monde. 10/10, il n’y a rien d’autre à dire [rires] !

- Est-ce difficile, depuis un mois, à retomber sur terre après cet hiver exceptionnel ?
Je n’ai pas envie que ça s’arrête et je suis encore dans ce truc-là. Je n’ai pas encore compris que la saison était déjà arrêtée ! On ne peut pas appeler ça un deuil, mais je dois comprendre que c’est terminé et que je dois tourner la page. Je ne l’ai pas encore accepté. Je suis tellement impatiente de recommencer la prochaine saison pour tenter de refaire la même chose en me donnant à fond…
« J’essaie de ne pas trop me projeter parce que j’ai déjà envie d’être en novembre ! »Amandine Mengin à Nordic Magazine
- Justement, après cette saison complètement folle, la suite vous fait-elle un peu peur ?
C’est impossible de faire aussi bien. C’est la seule fois de ma carrière où je ferai les trois circuits en une année ! Je ne dirais pas que j’ai peur, mais je suis impatiente. J’ai peur, par contre, que cette envie de m’y remettre [en compétition] me bouffe tout l’été. J’essaie de ne pas trop me projeter parce que j’ai déjà envie d’être en novembre !
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RICHARD BIANCONI
26/04/2025 à 8 h 25 min
Je la vois comme une candidate au gros globe de cristal de l’IBU Cup, elle a surtout une qualité, c’est qu’elle fait un dernier tour rapide. La coupe du monde c’est après les jeux.
Le biathlon est un sport mental, pour la plus part des biathlètes, il ne faut pas penser au résultat, si le tir est réussi, la performance est là. Celles qui peuvent penser aux résultats sont seulement les grandes championnes de coupe du monde qui jouent le gros globe de cristal ou la médaille d’or aux JO.