Biathlon : les confidences de Cyril Burdet
Rentré de vacances en ce début de semaine, le Savoyard Cyril Burdet a pris le temps, mardi matin, de se replonger une dernière fois dans l’hiver 2023/2024 de son équipe de France féminine de biathlon. Marqué par d’innombrables podiums et victoires, des Mondiaux records, mais sans le gros globe de cristal et avec quelques points noirs, il donne le sourire à l’un des architectes du groupe.
Cyril Burdet se confie à Nordic Magazine sur cette saison pas comme les autres. Entretien.
- Quel bilan global faites-vous de la saison 2023/2024 de l’équipe de France féminine de biathlon ?
Avec un peu de repos et de recul, on peut se retourner sur cet hiver 2023/2024 en étant fiers de ce qui a été réalisé lors de cette saison, tant individuellement que collectivement. Cela a été une saison exceptionnelle à bien des égards. Les championnats du monde, notamment, ont été un moment fantastique. Julia [Simon], qui avait beaucoup misé sur cette partie-là de l’hiver en se fixant des objectifs précis de résultats, a brillé avec tous ses titres et ses médailles.
- Dans son sillage, c’est toute l’équipe de France qui a brillé à Nove Mesto (République tchèque)…
Derrière, c’est effectivement toute l’équipe de France qui s’est révélée à son plein potentiel lors de ce championnat. Le groupe a plus que réussi sa compétition en ramenant beaucoup de médailles. Justine [Braisaz-Bouchet] a gagné son premier titre de championne du monde en individuel et a assuré un rôle majeur dans toutes les épreuves par équipes [notamment en remettant le relais féminin dans le droit chemin, NDLR]. Lou [Jeanmonnot] remporte ses premières médailles individuelles et montre une solidité hyper intéressante en relais. Sophie [Chauveau] s’est quant à elle révélée lors d’un grand championnat avec deux places de quatrième en individuel. C’était superbe !
- Et puis, bien sûr, il y a ce titre tant recherché en relais qui est venu couronner le tout…
Il échappait à l’équipe de France, et à ce groupe, depuis bien trop longtemps ! Cela a donc donné des championnats du monde hallucinants. Cette saison, plus globalement, a été marquée par une force collective et une émulation à tous les niveaux internationaux avec le gros globe de l’IBU Cup d’Océane Michelon et des jeunes sans complexes. C’est hyper satisfaisant !
- Y a-t-il eu, tout de même, des points plus négatif au cours de cette saison ?
Si on veut rester mesuré, il y a deux ou trois déceptions ou relatives contre-performances avec la perte du gros globe de cristal, des petits du relais, de la poursuite et des épreuves mixtes. Au final, sur le classement général de la coupe du monde, cela donne des trophées en moins dans notre escarcelle par rapport à l’année dernière. Mais c’est bien parce que ça permet de rester humbles !
- Ne pas avoir remporté le gros globe de cristal est-il une grosse déception ou est-ce effacé par l’excellent bilan global de l’hiver ?
C’est forcément une déception parce que c’est le titre majeur d’une saison de coupe du monde. Après, c’est largement compensé par toutes les satisfactions évoquées juste avant. Au final, je retiens surtout que nous avons trois filles capables de jouer le gros globe et qui l’ont été jusqu’au bout malgré des dynamiques différentes. Justine [Braisaz-Bouchet] a eu un gros temps fort sur le cœur de la saison et un peu plus de difficultés sur les dernières étapes. Lou [Jeanmonnot] a eu une dynamique montante et qui était en feu sur la fin de l’hiver. Julia [Simon], elle, a été plus irrégulière que l’an dernier, mais c’était prévisible et correspond à son objectif visé : les Mondiaux.
- Finalement, c’est Lisa Vittozzi qui est allée chercher le classement général, au bout du suspense…
Sur la course au gros globe en elle-même, je veux aussi souligner que Lisa Vittozzi était très coriace et mérite le plus la victoire finale. Elle a été la plus régulière. Il n’y a pas de honte à être battue par plus forte sur l’ensemble de la saison dans l’abnégation qu’il fallait pour aller chercher ce gros globe. Elle le mérite vraiment.
- Au rang des déconvenues, il y a également les saisons difficiles, manquées ou blanches de Paula Botet, Chloé Chevalier et Caroline Colombo : comment l’avez-vous vécu ?
Ce sont les gros points noirs de mon groupe d’entraînement de l’été. Les trois cas sont complètement différents, mais c’est essentiellement médical. Caroline [Colombo] n’a pas eu l’opportunité du tout de s’exprimer cette saison [à cause d’une neuropathie, NDLR]. Cela a été le cas le plus compliqué à gérer. Paula [Botet] traîne des problèmes au niveau des ischio-jambiers depuis 2 ans et a mis un peu de temps à se soigner. J’espère que cela va lui faire gagner en maturité parce qu’il faut préserver son corps quand on est sportif de haut niveau. C’est un apprentissage douloureux, mais je reste confiant sur sa capacité à raccrocher le wagon parce qu’elle est pugnace.
- Pour Chloé Chevalier, c’est la mononucléose qui est venue l’arrêter…
Concernant Chloé [Chevalier], c’était effectivement plus insidieux parce qu’elle a sans doute fait sa meilleure préparation avec beaucoup de régularité et une qualité de travail. Cela donnait envie de voir comment elle allait s’exprimer. Malheureusement, les résultats du début de saison ont été décevants puis on a appris qu’elle avait développé une infection virale [la mononucléose, NDLR]. Même si c’est bien de savoir la source de ses maux, cela ne change pas concrètement ses résultats et cela reste une saison bien en-deçà des espérances et, forcément, frustrante.
- Concernant la prochaine préparation estivale, qui se lancera d’ici quelques semaines, sera-t-elle, comme la précédente, axée sur l’altitude ?
J’ai bien l’intention de m’appuyer sur ce qui a fonctionné ces deux dernières saisons, donc l’altitude en fait partie. L’idée sera de réinvestir ce que l’on a fait par le passé en apportant quelques touches plus individuelles en marge des regroupements.
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