Biathlon : Océane Michelon fait le bilan pour Nordic Magazine
L’hiver dernier, pour sa première saison complète disputée sur la coupe du monde de biathlon, la Savoyarde Océane Michelon, 23 ans, a réalisé des performances exceptionnelles. Cinquième du général final et lauréate du trophée de la meilleure U23, la biathlète de Lescheraines (Savoie) s’est imposée avec régularité au plus haut niveau mondial.
Egalement sacrée championne du monde du relais et médaillée d’argent de la mass-start, Océane Michelon a vécu un exercice 2024/2025 presque idyllique. Quelques semaines après la fin de cette saison, elle a accepté d’en faire le bilan pour Nordic Magazine. Entretien.
- Avec un peu de recul, quand vous vous retournez sur cette fabuleuse saison marquée par un podium en coupe du monde, un titre mondial en relais, une médaille planétaire sur la mass-start ou le trophée de la meilleure U23, que vous dites-vous ?
Je me dis que c’était quand même vraiment chouette ! Au-delà des résultats, il y a eu beaucoup d’apprentissages et d’évolutions dans ma manière de faire. C’était cool ! J’ai pris beaucoup de plaisir à courir cet hiver. J’avais toujours une démarche de travail sur chaque course, dans le but de progresser pour celle d’après, prendre des repères, et cætera. Cela m’a, petit à petit, fait évoluer.

- Etait-ce compliqué de rester dans le schéma que vous venez d’expliquer, sans s’enflammer ?
Au tout début de saison, ça a demandé beaucoup d’efforts. À ce moment-là, on jouait le cut pour Le Grand-Bornand [après deux étapes de la coupe du monde à sept quotas, la France n’en possédait que six à partir de cette manche, NDLR]. J’avais plutôt bien commencé à Kontiolahti et, comme il y avait un objectif imminent, c’était difficile de maintenir ce schéma. Après, ça a été beaucoup plus facile à partir d’Oberhof.
« Cette semaine [d’Oberhof] m’a fait prendre énormément d’expérience »Océane Michelon à Nordic Magazine
- Cette semaine en Thuringe a effectivement un point de bascule dans votre saison. Expliquez-nous pourquoi…
Je suis arrivée sur cette étape d’Oberhof en étant malade et pas sûre de faire les courses. Au final, le matin du sprint, on a décidé avec Cyril [Burdet] que je prendrais le départ, mais sans objectifs de résultat. Il m’a dit : « Vu la forme des jours précédents, on ne s’attend pas à des miracles, donc fait simplement ce que tu sais faire, ni plus ni moins, et le reste on verra. » J’étais loin d’être dans les meilleures conditions, mais j’ai profité de la chance que j’avais d’être au départ – ce qui était loin d’être le cas quelques jours plus tôt – pour me faire plaisir. C’était la toute première course où je n’attendais rien du tout. Je me suis focalisée sur mon tir et mon ski, et ça s’est très bien passé, avec une cérémonie des fleurs ! Cette semaine, dans ce contexte, m’a fait prendre énormément d’expérience.

- Sur le coup, vous rendiez-vous compte qu’il se passait quelque chose d’intéressant ?
Avec du recul, quand je repense à mon hiver, je sens qu’il y a vraiment eu un moment de transition à partir de cette étape et de cette expérience-là. Cela m’a fait gagner beaucoup d’expérience sur la manière d’aborder les compétitions et de les vivre. Je ne sais pas si j’ai vraiment passé un cap, mais quelque chose a changé à partir de ce moment-là.
« À chaque fin de course, je me disais que c’était hyper cool »Océane Michelon à Nordic Magazine
- Justement, vous avez ensuite enchaîné les superbes performances. Etiez-vous étonnée par cet enchaînement ?
Je ne m’attendais pas du tout à ça ! Au début de l’hiver, mon objectif était d’aller au Grand Bornand et de faire le plus d’étape possible. Je m’étais dit que ce serait cool de faire des top 10, donc c’était vraiment très chouette d’aller sur les fleurs et sur le podium. Une fois qu’on sait qu’on a été capable de faire quelque chose, on aime bien y retourner ! À chaque fin de course, je me disais que c’était hyper cool. En plus, on partageait ça toutes ensemble !

- Votre médaille d’argent mondiale décrochée sur la mass-start constitue-t-il votre plus grand moment de l’hiver ?
C’est bizarre, parce que j’ai plein de grands moments cet hiver [rires] ! Forcément, cette médaille, c’est un des plus beaux et grands moments, mais il y a aussi eu beaucoup d’émotions avec le titre en relais. Au-delà d’avoir mon premier titre, c’est le fait de l’avoir obtenu en équipe pour que la France soit double championne du monde. Les Mondiaux ont été très forts. Mais, globalement, le moment fort de mon hiver, c’est de janvier à mars, j’ai kiffé cette période de A à Z, avec plein de petits pics.
« Cela se termine par une victoire de mon côté, mais il n’y a que 5 points d’écart… c’est-à-dire pas grand-chose ! »Océane Michelon à Nordic Magazine
- Vous finissez l’hiver meilleure U23, mais surtout cinquième du classement général pour vous première saison complète en coupe du monde…
C’est vraiment chouette ! Si on m’avait proposé ça en début de saison, j’aurais signé en bas de la feuille ! Se rendre compte aussi qu’on est cinq dans les dix premières du classement général, ça fait plaisir, c’est entraînant.

- Comment s’est passée en interne cette bagarre face à Jeanne Richard pour le trophée U23, que vous remportez à la dernière course ?
J’ai trouvé que ça s’est super bien passé. À partir du Grand-Bornand, il y avait un quatuor qui se détachait avec Jeannette [Jeanne Richard, NDLR], Selina [Grotian], Maren [Kirkeeide] et moi. Ce que je voulais et qu’on voulait à chaque fois, c’était que ce dossard bleu reste en France. C’était un objectif de groupe, inscrit dans nos objectifs lors du briefing collectif de Nove Mesto, début mars. Je pense que ça a été très enrichissant pour nous deux. Cela se termine par une victoire de mon côté, mais il n’y a que 5 points d’écart… c’est-à-dire pas grand-chose !
« Le plus important était donc d’être capable de vivre et de profiter des événements à 100 % »Océane Michelon à Nordic Magazine
- Selon vous, qu’est-ce qui a permis votre régularité et votre constance à très haute altitude à partir du mois de janvier ?
L’apprentissage à Oberhof d’être présente à 100 % au moment M. Cela signifie penser uniquement au ski quand je skie, et au tir quand je tire. Je pense que c’est ça : avoir compris le sens d’être concentrée sur ce que j’ai à faire dans l’instant. C’est difficile à faire, surtout pour moi qui pense beaucoup [rires] ! Il se passe plein de choses dans ma tête et il fallait canaliser tout ça. J’ai trouvé la solution à cette période, et j’ai maintenant plus de ressources qu’avant à ce niveau-là.

- Avant le début de la saison, vous expliquiez dans nos colonnes que le seul but de votre hiver était de prendre du plaisir. Objectif plus qu’atteint ?
Oui, complètement ! L’hiver d’avant, j’avais fait deux bonnes premières semaines en coupe du monde, mais je n’avais pas été 100 % moi-même à cause du stress et de la pression que je m’étais mise toute seule. C’est quand même beaucoup plus agréable de faire des courses en vivant et en kiffant de A à Z, et avec un peu plus de recul, qu’en étant un peu trop stressée, bien qu’il y en avait quand même [rires]. Le plus important était donc d’être capable de vivre et de profiter des événements à 100 %, ce qui s’est passé !
« Jje n’ai encore jamais fait de 20/20 dans ma vie »Océane Michelon à Nordic Magazine
- Cet hiver, vous avez vécu votre premier Grand-Bornand (Haute-Savoie) comme compétitrice. C’est là-bas, aussi, que vous réalisez votre moins bon résultat de l’hiver, une 34e place sur le sprint. Est-ce le hasard ou c’était très particulier de vivre cette expérience ?
Je ne sais pas vraiment si c’est un hasard ou pas. On avait toutes à cœur de très bien faire sur ce week-end-là. En plus, c’était très bien parti pour moi sur ce sprint, mais c’est mon tir debout qui a fait que ça s’est mal terminé. Cela m’était déjà arrivé au début de saison, et ça s’est reproduit ensuite donc je ne saurais pas dire. En tout cas, avoir couru sur ce site a été vraiment une expérience de dingue !

- Alors que l’entraînement collectif ne va plus tarder à reprendre, quelles seront vos priorités de travail de l’été ?
J’aimerais bien travailler dans la direction de gagner un peu plus en régularité au tir. Finalement, malgré tous les résultats de la saison, je n’ai encore jamais fait de 20/20 dans ma vie. J’ai fait mes premiers 10/10, j’en suis super contente, mais pas encore en course individuelle ! Je veux aussi prendre un maximum de plaisir pour vivre cette prochaine année pleinement à nouveau.
« Ce qui m’importe le plus, c’est de prendre du plaisir »Océane Michelon à Nordic Magazine
- Avec, forcément, un regard particulier vers les Jeux olympiques de Milan/Cortina 2026…
On a toutes un œil dessus, forcément ! C’est une bonne source de motivation pour toute l’équipe. Après, ce qui m’importe le plus, c’est de prendre du plaisir et, de toute façon, il y a plein de choses à faire avant de penser aux JO.
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