Biathlon : Simon Fourcade revient sur le bel hiver de ses biathlètes
Lors de cette saison 2024/2025, l’équipe de France masculine de biathlon a largement redressé la barre. Vainqueurs des petits globes de la coupe des nationales et du relais, les Bleus ont été cinq à signer au moins un podium individuel en coupe du monde.
Egalement performants lors des Mondiaux, les tricolores se sont donc relevés après deux hivers plus difficiles. Près de quinze jours après la fin de cet exercice, Simon Fourcade a accepté d’en faire le bilan pour Nordic Magazine. Entretien.
- A tête reposée, quel bilan faites-vous de la saison 2024/2025 de l’équipe de France masculine de biathlon ?
Il est assez satisfaisant ! Je ne suis pas du genre à m’extasier en général donc ce n’est pas ici que je vais le faire. Je suis un petit peu exigeant et j’ai tendance à prendre pas mal de recul sur ce qu’il se passe. Malgré tout, en toute humilité et sans prétention, quand une équipe arrive à gagner le classement des nations pour la première fois, gagne le globe des relais et obtient des médailles mondiales en individuel comme en relais, on ne peut qu’être satisfaits de cette saison. Mais il ne faut pas trop en faire et fanfaronner. On arrive aux abords d’un hiver important lors duquel il faudra répondre présent, peut-être même de manière plus importante. On sait qu’on a les clés pour jouer, à nous de confirmer ça sur les échéances qui vont suivre.
- Lors de l’hiver 2023/2024, votre premier à la tête des Bleus avec Jean-Pierre Amat, c’était plus compliqué au niveau des résultats. Y a-t-il eu un doute sur la capacité du groupe à produire une saison aussi bonne que celle qui vient de se terminer ?
Oui ! Jamais je n’aurais pensé qu’on arriverait à faire une saison comme celle-ci. On restait sur des résultats beaucoup plus modestes. Beaucoup avaient qualifié cette saison de mauvaise, mais je ne suis pas totalement d’accord. On a eu un début compliqué, certes, puis des championnats du monde loin d’être satisfaisants, mais on termine quand même deuxièmes de la coupe des nations, devant les Allemands et les Suédois. Cela montre qu’il y avait énormément de belles choses et on fait une très belle fin de saison avec de très bons résultats. On a vu cette saison comme ratée, mais c’est aussi parce que les exigences auprès du biathlon sont devenues incroyables. Il faut se rendre compte qu’on vit l’âge d’or du biathlon français et que ce ne sera pas tous les ans comme cet hiver. Il faut remettre les choses dans leur contexte.
« C’est très satisfaisant et gratifiant d’arriver, déjà sur une deuxième année, à obtenir des résultats aussi probants »Simon Fourcade à Nordic Magazine
- Quels sont les éléments qui ont fait la réussite de votre groupe ?
Le groupe n’a pas beaucoup changé par rapport à la saison dernière. Seulement, certains ont pris plus en maturité et d’autres sont parvenus à revenir dans le jeu. L’autre paramètre à prendre en compte, c’est la glisse. L’année dernière, c’était la première sans le fluor et il a fallu un temps d’adaptation. Cet hiver, s’il y a eu une partie où on a vraiment été très performants, c’est la glisse ! Ce qui nous a permis de briller, aussi, c’est qu’on arrive sur une deuxième saison à la tête du groupe avec Jean-Pierre Amat. Tout s’est mis en place et c’est très satisfaisant et gratifiant d’arriver, déjà sur une deuxième année, à obtenir des résultats aussi probants.
- Au niveau physique, vos biathlètes ont aussi montré de belles choses…
La préparation a été, je crois, bien meilleure cette année, mais il y avait beaucoup d’incertitudes chez moi en début de saison… On a utilisé une méthode beaucoup plus offensive sur les axes de travail avec beaucoup plus de séances à haute intensité. J’avoue que je n’en menais pas large, même après le début de saison réussi ! J’avais toujours ce questionnement de savoir jusqu’où ça allait tenir. Il ne fallait pas dépasser les limites. J’étais donc très satisfait de voir qu’on a su trouver la juste mesure en adaptant l’entraînement pour arriver à tenir toute la saison.
« Il y a des axes d’amélioration personnels pour chacun des garçons »Simon Fourcade à Nordic Magazine
- Quelles sont les marges de manœuvre restantes avant la préparation olympique qui s’annonce dès le mois prochain ?
On sort d’une saison presque parfaite. D’un point de vue comptable, ce sera dur de faire mieux même si on peut toujours espérer aller chercher un gros globe et des petits individuels. Il y a des axes d’amélioration personnels pour chacun des garçons, comme le tir couché de Quentin [Fillon-Maillet]. De manière générale, on a eu tendance à chuter en niveau au fur et à mesure des périodes. On attaquait très fort sur la première étape de coupe du monde puis ça avait tendance à s’étioler sur les deux autres et on avait carrément du mal à finir sur la dernière. C’est donc également un axe de travail de l’été pour permettre aux gars de maintenir un niveau de performance élevé sur l’ensemble des blocs de trois semaines.
- D’un point de vue personnel, alors que vous êtes encore un jeune coach sur le circuit de la coupe du monde, voir que ce que vous mettez en place l’été fonctionne l’hiver vous soulage-t-il ?
C’est très gratifiant, c’est sûr ! Après, là où je suis le plus reconnaissant, c’est de voir que les athlètes m’ont fait confiance sur une deuxième année et que ça paie. Voir dans leurs yeux après les courses qu’ils sont satisfaits de ce qu’on met en place, c’est ça le plus gratifiant. Avoir réussi à remonter les gars à un niveau qui est le leur, c’est super. Ce n’était pas gagné et un sacré challenge quand on a repris l’équipe avec Jean-Pierre [Amat] il y a 2 ans. Au moment où on a récupéré les gars, ils étaient dans une phase descendante du cycle précédent. Voir qu’on arrive à remonter la pente dès la deuxième année, c’est ma plus grande satisfaction personnelle. Ils ne regrettent pas la confiance placée en nous.
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