Biathlon : les confidences de Quentin Fillon-Maillet après avoir gagné le sprint d’Oberhof
Ce vendredi après-midi, 1 037 jours après son dernier succès international, Quentin Fillon-Maillet a retrouvé le chemin de la victoire en coupe du monde de biathlon. Lauréat du sprint d’Oberhof (Allemagne) avec un 10/10 et un chrono de ski très solide, il gagne pour la dix-septième fois de sa carrière.
Après la cérémonie protocolaire, il est revenu sur sa course lors d’une visioconférence à laquelle Nordic Magazine a assisté.
- Que ressentez-vous après cette victoire, la première depuis mars 2022 ?
C’est beaucoup d’émotion ! Cela a été un chemin de croix pour revenir à une victoire. Je ne suis pas passé loin l’année dernière, mais je me suis mis des bâtons dans les roues. Cela a été compliqué. Des fois, c’est la forme qui n’allait pas, des fois, c’est le tir… Je pratique un sport qui n’est pas si simple, mais pas si compliqué à la fois. Cela signifie beaucoup pour moi de revenir à la victoire parce que c’est juste ce que j’aime par dessus tout.
- On vous sent ému…
J’aime beaucoup toutes les émotions du biathlon parce que ce n’est jmais neutre et on s’ennuie jamais. Cela faisait un moment que je n’avais pas eu des sensations aussi fortes sur une course individuelle donc je suis très satisfait… d’autant plus que c’est partagé avec deux autres Français sur le podium et qu’il y a une poursuite demain [samedi]. C’est trop bien !
- Qu’est-ce qui a changé pour vous depuis trois semaines ?
Si j’avais sorti une carte secrète que je n’avais pas eu sur le début de saison, je l’aurais fait bien avant ! Beaucoup de choses ont été remises en question. La vraie problématique depuis le début de saison, c’est le tir. A l’entraînement, je fais des bonnes choses, mais ça se complexifie dès je rentre en mode compétition. Beaucoup de choses se sont bousculées dans ma tête pour savoir si c’était un problème technique ou d’approche mentale. Je suis arrivé à Noël avec un petit goût d’amertume à cause du tir qui me pose vraiment problème. En plus de ça, j’ai eu la crève !
- Qu’avez-vous fait durant la trêve ?
Une fois que j’avais passé Noël et récupéré, je me suis remis au travail pour trouver des solutions. J’ai appelé Nicolas [Chouard], mon coach à la maison, et mon père pour faire une séance avec son regard différent et extérieur. J’ai essayé de faire des choses un peu dingues pour trouver. On a trouvé des points intéressants. Derrière, j’arrive à Oberhof et, avec Jean-Pierre [Amat], on a rajouté 2 centimètres sur l’arrière de la crosse. Il n’y a pas que ça, il y a aussi l’approche mentale et tout un tas de choses, mais cela m’a permis d’aller chercher une belle performance.
- Pouvez-vous préciser ce que changent concrètement ces 2 centimètres ajoutés à votre crosse ?
J’ai changé pas mal de choses, mais c’est le réglage qui a eu le plus d’effets sur ma position. J’ai ajouté 2 centimètres sur l’arrière de ma crosse, au niveau où je pose mon épaule. Jusqu’à présent, depuis le début de saison, j’avais beaucoup de bougé à l’effort. Je sentais les battements de mon cœur et je perdais en stabilité. Au couché, c’est sacrément handicapant ! Là, j’ai retrouvé une stabilité que je n’avais pas eu depuis un sacré moment.
- Dimanche dernier, vous avez participé à la mass-start de la coupe de France de Prémanon (Jura) : cela a-t-il eu un impact sur votre performance du jour à Oberhof (Allemagne) ?
Cela tombait bien qu’il y avait une course officielle à la maison. Du coup, ma séance d’intensité s’est transformée en compétition, ce qui était très bien pour la partie physique. Après, il y avait beaucoup de vent, plus qu’à Oberhof ! Comme je voulais des repères au tir, cela n’a pas été une course référence pour moi et cela m’a laissé dans le doute. J’ai fait un 12/20 avec un 14/20 comme meilleur tir de la course entière. C’était un très bon exercice, mais les 2 centimètres rajoutés, c’était sur Oberhof !
- Qu’est-ce que cette course change pour vous dans cette saison ?
J’étais comme une voiture qui arrivait sur la réserve parce que cela faisait un moment que j’attendais une belle course comme celle d’aujourd’hui et qu’elle ne venait pas… Bien souvent, je faisais trop de fautes au pas de tir et je commençais à me fatiguer de ce niveau moyen que j’étais en train de produire connaissant mon potentiel. Cela me redonne beaucoup d’énergie ! Le podium en coupe du monde était la première étape pour moi, mais faire la victoire comme ça sur un sprint à Oberhof, c’est vraiment top ! On va dire que j’ai fait le plein de la voiture.
- Samedi, vous allez reprendre le départ d’une poursuite en coupe du monde en tête : avez-vous encore vos repères ?
La mass-start de Prémanon, pour le coup, m’a donné de bons repères parce que j’ai fait la course en tête de bout en bout. J’espère faire la même chose ! En partant en tête avec une quinzaine de secondes d’avance, je vais aborder cette poursuite comme une course individuelle parce qu’il n’y aura personne pour m’aider dans le premier tour. Je vais vouloir passer les tirs en faisant des beaux tirs en analysant bien le vent. Ensuite, j’adapterais ma stratégie en fonction du scénario ! Je connais les repères et mon objectif restera toujours le tir, capricieux depuis le début de saison. Il faudra être sur le pont pour bosser et c’est ce que je compte faire.
Le live data du sprint masculin
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