Après une saison de coupe du monde harassante terminée dimanche dernier à Östersund (Suède), et à la veille de remporter la mass-start des championnats de France pour la troisième fois, le Jurassien Quentin Fillon-Maillet s’est posé pendant une trentaine de minutes. Le temps pour le Franc-Comtois, numéro trois mondial, de répondre aux questions de Nordic Magazine. Ambitieux comme toujours, il annonce viser l’or olympique l’année prochaine. Entretien.
- Quelle leçon tirez-vous de votre hiver ?
Pendant toute la saison, j’ai souvent été frustré par mes résultats. Sportivement, c’était bien, mais il était difficile d’accepter de faire quatrième en étant si proche de la victoire. L’enchaînement des courses fait qu’au final je suis content de ma saison parce que je termine au troisième rang mondial, ce qui vaut beaucoup. J’ai aussi gagné à trois reprises, signé de nombreux podiums et été très régulier avec 21 tops 10, 14 tops 6 et 7 podiums sur 26 courses individuelles.
Je suis fier d’être plus régulier que l’année dernière, c’est une belle récompense que voir que le travail paye. La leçon que je tire de cette année, c’est que j’aurais préféré mettre quelques balles de plus aux Mondiaux pour avoir plus de médailles que cette super-régularité qui n’est pas récompensée.

- Ces Mondiaux avec trois quatrièmes places étaient-ils votre plus mauvais souvenir de la saison ?
J’ai eu beaucoup d’excitation et d’envie sur les championnats du monde, peut-être trop. Ce qui m’a fait louper la balle de trop. Ça a été difficile à accepter pendant les Mondiaux. Je suis vraiment exigeant envers moi-même au niveau des objectifs et je le serais encore à l’avenir. Je fais du biathlon pour jouer avec les meilleurs. Je suis satisfait de ma saison mais, sur le moment, ce n’était pas toujours le cas.
« Mon objectif est d’être le meilleur du monde et je ne vais pas me cacher »Quentin Fillon-Maillet à Nordic Magazine
- Vous aviez clairement annoncé vouloir être champion du monde et remporter le gros globe : regrettez-vous d’avoir fait cela ?
J’ai été très franc mais j’aurais peut-être dû en garder un petit peu pour moi… Au début de ma carrière, je me suis un peu protégé en ne donnant que la moitié de mes objectifs pour ne pas me faire taper dessus. Cette année, j’ai voulu être franc en disant vraiment ce que j’avais en tête. Ça ne m’a pas mis plus de pression que cela. Je n’ai pas envie de trop raisonner comme un Français à être très humble et ne pas trop en donner. Mon objectif est d’être le meilleur du monde et je ne vais pas me cacher.

- Vous allez continuer à annoncer vos objectifs : vous viserez donc l’or olympique l’hiver prochain à Pékin…
Bien sûr ! C’est l’objectif à quatre ans. Je vais me donner l’objectif d’être le meilleur possible sur ses JO, je n’irais pas en Chine pour encore ramener du chocolat ou des pin’s des autres nations. Je n’ai pas encore mis en place toute ma stratégie sur la saison mais, ce qui est sûr, c’est que les Jeux seront l’objectif majeur avec, un niveau en-dessous, la coupe du monde où il y aura de belles choses à faire.
On verra mais, pour être plus en forme au moment des Jeux, je ferais peut-être une impasse. Je me laisse encore un peu de temps pour y réfléchir. J’espère être le meilleur du monde au moment où je porterais les anneaux olympiques.
« Je vais moins jouer cet été »Quentin Fillon-Maillet à Nordic Magazine
- Justement, il n’y a pas eu de préolympiques à Pékin cette année : cela vous rajoute-t-il du stress ?
C’est certain que ce n’est pas un avantage de ne pas aller voir le pas de tir pour appréhender les conditions de vent, la piste et la neige pour les techniciens. Ce n’est pas rédhibitoire pour briller aux Jeux mais il faudra juste savoir faire les choses au bon moment. On ira bien en amont sur site pour appréhender tout cela. Si le site est bien venté comme il semble l’annoncer, on va s’entraîner cet été pour être prêts à tirer dans le vent.
- Cette saison, vous avez avoué en avoir trop fait lors de la préparation estivale : allez-vous changer des choses cet été ?
Tout n’est pas encore établi mais je vais logiquement garder les bonnes bases qui fonctionnent. Il faudra essayer d’être meilleur sur le début de saison et, globalement, je n’ai pas eu les pics de forme de la saison dernière sur l’ensemble de cet hiver. Il ne va pas falloir que j’en fasse trop sur les mois d’automne. Je vais tester de nouvelles choses mais de façon moins forte puisque j’ai trouvé mes limites. Je vais moins jouer.
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