Biathlon : quelques jours après ses démonstrations d’Arçon, Quentin Fillon-Maillet fait le point
Ce jeudi, le biathlète jurassien Quentin Fillon-Maillet était en journée médiatique. Après une séance d’entraînement disputée en matinée au stade des Tuffes de Prémanon (Jura) sous l’œil des caméras et le crépitement des photographes, le vainqueur du gros globe de cristal en 2022 a donné un point presse en ligne face à de nombreux médias, dont Nordic Magazine.
L’occasion pour Quentin Fillon-Maillet de se confier sur son bel été, ses erreurs du passé, ses jolies performances réalisées ces derniers jours à Arçon (Doubs) ou encore ses objectifs pour l’hiver à venir. Entretien.
- Vous sortez d’un super week-end de compétition disputé à Arçon (Doubs) : avez-vous l’impression d’avoir retrouvé un niveau que vous n’aviez plus eux depuis deux ans ?
On passe tous les ans à Arçon où j’ai des points de repère, et même si c’est difficile de comparer les années, ça faisait longtemps que je n’avais pas eu des sensations comme celle-ci à Arçon que ce soit en vitesse de déplacement, en sensations de tir ou en lucidité pendant la course. C’est très positif parce que ça fait un très bon point de repère pour moi. Si je compare ça par rapport aux deux dernières préparations, c’est mieux. J’ai fait parmi mes meilleurs championnats de France d’été en carrière, c’est très encourageant. Maintenant, il faudra valider cela sur la coupe du monde ! Je pars avec un avantage certain par rapport aux deux dernières saisons.
- Vous avez fait le bilan des erreurs commises lors des deux précédentes préparations pour ne pas les reproduire. Quelles sont-elles ?
L’erreur d’il y a deux ans, après les Jeux, c’est que j’ai eu du mal à digérer ma saison olympique de par la fatigue et les sollicitations. J’ai voulu calquer une préparation qui marchait bien sur une fatigue importante. Ma première erreur a été là et je l’ai corrigée par une gestion de l’état de fatigue physique ou mentale. Parfois, on peut s’entraîner pendant deux semaines en se disant que tout va bien et avoir un contrecoup sur la troisième.
Là-dessus, j’ai mieux géré tout cela en apprenant à me connaître davantage et avec les moyens de test qu’on peut avoir. Le fait de mieux récupérer et de mieux gérer mon état de forme m’a permis de faire un programme estival à 100 %. L’année dernière, j’avais eu une préparation en demi-teinte en revenant sur de bonnes normes seulement en septembre. J’ai mis l’accent sur une préparation pleine en disant non à beaucoup de choses et en rognant sur certains éléments de la vie privée.
- Le doute s’est-il installé lors de vos deux dernières saisons ?
Le doute est toujours présent, même quand ça marche totalement ! Après les Jeux, je me suis rendu compte que pas mal de lignes avaient été cochées sur mon palmarès en une saison. Il y a peut-être eu une baisse de motivation que je n’ai pas ressentie. En 2021/2022, qui était l’année ou jamais après avoir été trois fois troisième du classement général, j’ai eu beaucoup de doutes.
J’ai un peu l’impression que ces deux dernières années ont effacé mon palmarès et que j’ai tout à recréer. C’est une belle source de motivation pour moi. Je vais me servir des bonnes courses des années précédentes et je me dis que je dois aller chercher les choses. Cela me met le doute et me stresse, c’est sûr, mais je pense que c’est la bonne démarche.
- Comment traverse-t-on une saison sans victoire lorsque l’on est un compétiteur comme vous ?
Sur le moment, au début, c’est un peu de l’incompréhension… On a envie que ça marche et on est dans l’attente en sortie de préparation. Après, il y a de la colère parce que ça nous saoule (sic) puis on accepte les choses et on essaye de trouver les solutions avec les moyens du bord. C’est dur. Quand on s’habitue à faire des résultats et que ça ne vient pas, c’est rageant et ça me rendait triste. C’était dur à vivre. Je n’ai pas toujours été heureux ces deux dernières saisons, mais je l’accepte parce qu’on ne peut pas gagner tout le temps. Cela fait partie du projet sportif. J’ai envie de récréer une dynamique positive en étant content de moi en franchissant la ligne d’arrivée. Je veux essayer de me détacher en partie du résultat pour me focaliser sur moi-même.
- Malgré tout, on imagine que vous des objectifs pour la saison à venir…
S’il y a tout à refaire comme je l’ai dit, vous imaginez bien ce que je veux aller chercher ! La priorité sera mise sur les championnats du monde avec un titre individuel, qui manque à mon palmarès, à aller chercher. Je fais régulièrement des podiums, mais j’aimerais transformer ça en or. Ensuite, j’ai très envie de me placer pour le classement général qui sera une vraie lutte. Je connais mes capacités d’endurance sur une saison et de mental pour tenir cette pression-là.
- Qu’est-ce que Jean-Pierre Amat et Simon Fourcade vous ont le plus apporté depuis leur arrivée à la tête du groupe ?
Jean-Pierre [Amat] est quelqu’un de très intelligent et qui a un gros vécu au niveau sportif. C’est un eu comme une bibliothèque dans laquelle on va chercher une information quand on en a besoin. Il est tout de suite capable de nous rassurer ou de trouver une solution. Ce que j’aime bien chez lui, c’est qu’il a une ouverture d’esprit en prenant toujours en compte notre perception, notre façon de fonctionner et notre vécu.
Simon [Fourcade] a été athlète en coupe du monde et a vécu les choses qu’on vit nous. Il essaye de retranscrire cela avec une partie de sa vision et, aussi, sa liberté de penser sur la façon dont on fonctionne. Il a réussi à nous comprendre. Le projet sur la partie physique, on commence à en récolter les fruits, notamment avec une meilleure gestion du taux d’énergie. De façon collective, je trouve qu’on a une équipe plus forte que l’année dernière. L’atmosphère de travail est bonne, ça va dans le bon sens avec des jeunes qui nous poussent à être meilleurs ! On ne peut pas se reposer sur nos lauriers.
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