Biathlon : une nouvelle kiné en équipe de France
Depuis le début de la saison d’entraînement, le staff de l’équipe de France de biathlon s’est renforcé au niveau des kinésithérapeutes. Si Pierre Cabaret, Mathieu Couillet et Antoine Lagouge ont rempilé, Julien Alaize et Clémence Marquis-Delorme ont été recrutés. Cette dernière, âgée de 30 ans, vit à Saint-Etienne (Loire) et évoluait auparavant au sein de l’équipe de France de para ski alpin, s’occupant notamment des stars Marie Bochet et Arthur Bauchet.
Pour Nordic Magazine, celle qui possède une deuxième casquette de préparatrice mentale qu’elle n’exerce pas avec les Bleus a accepté de revenir sur son parcours, d’expliquer ses missions, de revenir sur son intégration dans le monde du biathlon ou de donner la vision de son rôle au sein du groupe.
Une acharnée de travail venue du para ski alpin : « Je ne m’ennuie pas, j’aimes les aventures et les projets ! »
« Je suis kiné depuis 2016 et, très vite, j’ai voulu travailler dans le milieu du sport. Tout de suite après mon cursus initial, j’ai donc fait plusieurs formation de kiné du sport pour approfondir mes connaissances. Derrière, j’avais l’envie de travailler dans le milieu handisport en général. J’ai donc visé la Fédération française handisport, en candidature spontanée, pour voir ce qu’il était possible de faire. J’ai provoqué la chance en envoyant ce CV et on m’a très vite dit qu’il y avait une place au ski alpin qui s’était libérée pour faire quelques remplacements. Au tout début, je suis allée en 2019 aux Deaflympics, les Jeux pour les personnes sourdes. Ensuite, j’ai fait quelques vacations avec l’équipe relève de ski alpin et le snowboard avant d’intégrer le staff de l’équipe de France A de ski alpin avec laquelle j’ai fait trois saisons, dont les Jeux paralympiques de Pékin 2022. »
« Le ski handi m’a vraiment permis d’apprendre le métier de kiné du sport, le fonctionnement d’une équipe de France, le milieu du handi au haut niveau. J’ai tout appris avec eux. En parallèle, je suis dans un cabinet, je travaille au pôle France de gymnastique de Saint-Etienne en intervenant sur les entraînements et quelques compétitions. Par exemple, la moitié des filles médaillées aux Mondiaux d’Anvers en octobre est avec nous ! Je fais aussi quelques vacations à l’ASSE pour l’équipe féminine de football et sur les tournois de tennis, notamment Roland-Garros, pendant l’intersaison. Je ne m’ennuie pas, j’aime les aventures et les projets ! »
Son arrivée de équipe de France de biathlon : « J’avais plusieurs projets dans la tête… »
« Derrière Pékin, j’ai resigné pour une année avec l’équipe de France de para ski alpin. Finalement, en milieu et fin de saison, j’avais l’envie de voir autre chose et la sensation d’avoir terminé un cycle avec eux. Je suis partie avec un peu d’émotion parce que j’étais attachée au groupe, mais j’avais envie de voir autre chose et de partir pour une nouvelle aventure. A ce moment-là, je ne savais pas ce que j’allais faire après. Je ne me suis pas arrêtée pour aller au biathlon. »
« J’avais plusieurs projets dans la tête et le biathlon a posté une offre d’emploi à laquelle j’ai postulé. J’ai finalement été recrutée au printemps et c’est (presque partie) pour une saison de coupe du monde ! On est cinq kinés sur la saison et on est tout le temps deux à tourner en binôme, qui change régulièrement. On couvre l’entièreté de la saison à nous cinq comme ça ! Je vais donc passer un peu plus d’un tiers de l’hiver avec eux. »
Ses missions : « Tous les jours, on a un temps privilégié avec le sportif »
« Ma mission, précisément, est d’accompagner le sportif tant physiquement, avec de la prévention et de l’accompagnement sur tous les soucis du quotidien, que mentalement, parce qu’on a un rôle à jouer là-dessus. Tous les jours, on a un temps privilégié avec le sportif qui, sur la table de kiné, a tendance à se détendre et à se livrer sur ses ressentis de la journée. C’est propice à l’échange. C’est parfois léger et une sorte de soupape de décompression, mais cela peut aussi concerner le cadre sportif. »
« Les biathlètes évoluent en rythme biquotidien avec deux entraînements dans la journée. Nous, les kinés, on les voit après la première ou la deuxième séance sauf demande exceptionnelle, pour une pose de strapping par exemple. En compétition, c’est pareil puisqu’on les voit après les courses. On a donc un rythme plutôt décalé. »
Les différences entre le handisport et le biathlon valide : « On avait à gérer la partie sportive de n’importe quel athlète en plus du handicap »
« Sur le plan du travail technique, en handi, on avait à gérer la partie sportive de n’importe quel athlète en plus du handicap. Pour certains, il n’intervient pas vraiment, mais pour ceux qui ont une pathologie neurologique il y a une gestion majeure du handicap. On ne s’occupe quasiment que de ça en compétition ou en stage ! Dans la gestion du soin, quand on s’occupe de quelqu’un en fauteuil ou debout, ce n’est pas du tout pareil. En biathlon, comme en handi, on a des sportifs en super forme et en bonne santé à gérer… sans le handicap. Nos missions de kiné y sont donc quasiment exclusives alors qu’en handi, le staff est plus resserré et on doit être hyper polyvalents avec des athlètes qui ont toujours besoin d’aide. »
Son intégration au sein du staff de l’équipe de France de biathlon : « J’ai été bien intégrée avec plein de bienveillance »
« J’ai été très bien accueillie par les athlètes et le staff ! L’intégration est peut-être un petit peu plus longue que ce que j’ai connu par le passé parce que le groupe est plus gros avec cinq coachs, sept ou huit techniciens, un cuisinier, une personne dédiée à la logistique, etc. Bout à bout, on est beaucoup donc il faut prendre le temps de rencontrer tout le monde, mais j’ai été bien intégrée avec plein de bienveillance. C’est chouette d’arriver dans ce groupe où tout le monde se connaît déjà. »
Comment elle vit les performances ou les contre-performances de ses athlètes : « Il faut vraiment être là, en première intention, pour écouter et recevoir »
« Je suis assez sensible et émotive donc je vis tout cela fortement avec eux, que ce soit la réussite ou des résultats ne correspondant pas aux attentes. Cependant, en tant que kiné, il faut garder de la neutralité et se positionner en qualité d’écoute pour recevoir ce que l’athlète a envie de livrer sans chercher à questionner. A mon sens, on n’est pas là pour creuser et analyser, c’est le rôle de l’entraîneur. Sur le plan physique, par contre, on est amenés à échanger sur les sensations, par exemple, parce que c’est beaucoup plus notre corps de métier. »
« Il faut vraiment être là, en première intention, pour écouter et recevoir. Parfois, des athlètes parlent pendant une heure et cela leur fait du bien. C’est très important de garder ce rôle et cette posture d’écoute. »
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