Biathlon : « J’ai envie de comparer la situation à un divorce dans la vie de tous les jours », lance Pierre Mignerey
Il y a un peu plus d’un mois, lors des finales de la coupe du monde d’Oslo-Holmenkollen (Norvège), l’équipe de France masculine de biathlon a vécu des heures agitées. En début de semaine, les athlètes, dans une fronde menée par Quentin Fillon-Maillet, Emilien Jacquelin et Antonin Guigonnat, ont effectivement demandé le départ de leurs entraîneurs Vincent Vittoz et Patrick Favre. Ces derniers, qui ne s’y attendaient pas, tout comme Stéphane Bouthiaux, patron du biathlon français, annonçaient alors la nouvelle le vendredi à la mi-journée à la presse présente sur place dans des déclarations fracassantes.
« On est à la fin d’une histoire, expliquait notamment Vincent Vittoz. Force est de constater qu’on n’est plus en phase avec nos athlètes. On a fait les bilans et on a analysé ce qui n’a pas fonctionné. Les athlètes ont fait part de certaines remarques. On sent qu’ils ne sont pas à même d’entendre notre discours. On était prêts à continuer, mais il y a une rupture dans ce discours et on ne peut pas continuer. »
Un « sentiment de gâchis »
Ce mardi, dans les colonnes du Figaro, Pierre Mignerey, le directeur technique national (DTN) de la Fédération française de ski (FFS), est revenu sur cet épisode douloureux.
« La tournure prise par les événements dans la dernière semaine de coupe du monde, on ne l’avait pas vu venir, avoue-t-il. Qu’il y ait eu des signes précurseurs, des discussions pendant la saison, oui, mais il y en a toujours, même dans les équipes qui marchent bien. Ce qui domine, c’est un sentiment de gâchis. Tout a été rompu d’un coup. C’était une équipe d’athlètes et un encadrement qui avait montré son efficacité. Cette année encore, même s’il y a eu des passages difficiles… »
Ainsi, pour l’Autranais, en poste depuis octobre dernier, « recoller les morceaux ne va pas être facile » : « J’ai envie de comparer la situation à un divorce dans la vie de tous les jours. Ce sont des gens qui s’aiment, vivent plus de 200 jours par an ensemble, en stage, en compétition. C’est une famille qui se déplace d’événement en événement, partage des émotions très fortes et il a suffi d’une étincelle pour que d’un seul coup tout soit cassé, analyse-t-il. Ce ne sont pas des choses qui se reconstruisent du jour au lendemain. Cela laisse des traces chez les uns et les autres : les gens impliqués, les athlètes et l’encadrement, mais, d’une manière globale, le groupe. Tout cela va être à reconstruire. Notre principal souci sera d’arriver à retrouver cette alchimie entre les deux coachs qui vont débarquer et les athlètes hommes, mais aussi avec l’ensemble de l’équipe et du système. Cela ne va pas être simple. »
Pas de recherche d’homme providentiel
Concernant la raison de ce divorce douloureux, Pierre Mignerey prend une part de responsabilité au nom de la FFS. « Dans la société d’aujourd’hui, la population a envie d’être actrice, d’être dans la participation dans la définition des politiques publiques. Nous, au niveau du sport, c’est la même chose, arriver à faire en sorte qu’on ait un meilleur dialogue, que tout le monde se mette autour du même projet. C’est peut-être là qu’on n’a pas été très bons, estime-t-il encore. Les habitudes au plus haut niveau sont souvent un piège, mais les athlètes, comme les entraîneurs, se remettent en cause en permanence. Les années Covid ont peut-être eu un impact, dans le sens où cela a usé tout le monde. Il y a peut-être eu un peu moins de flamme, d’énergie de part et d’autre. Et les choses se sont érodées, ont donné le sentiment qu’il y avait une routine… »
Enfin, sur la nomination du nouveau binôme, comme il l’avait glissé à Nordic Magazine il y a de cela quelques jours, le DTN ne souhaite pas en dire plus. « C’est trop tôt pour le dire, indique-t-il. Mais je ne crois pas à l’homme providentiel. C’est vraiment une question de système et d’alchimie. Je ne crois pas au fait que parce que c’est un nom que tout le monde va suivre aveuglément cette personnes charismatique. » C’est effectivement la piste française et interne à la FFS qui a la priorité.
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