Biathlon : quel hiver 2024/2025 pour les biathlètes russes ?
Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, en février 2022, les athlètes russes et biélorusses sont interdits des compétitions internationales. Malgré tout, les biathlètes continuent de s’affronter sur leur circuit national avec deux compétions majeurs : la coupe de Russie et la coupe du Commonwealth. Cette fin de saison est l’occasion de faire un bilan sur la situation de la discipline en Russie à dix mois des Jeux olympiques de Milan/Cortina 2026.

Sur la coupe de Russie, Said Karimulla Khalili a remporté le classement général. L’homme de 26 ans – bronzé aux Jeux olympiques de Pékin (Chine) sur le relais et auteur d’un podium en coupe du monde sur l’individuel d’Antholz (Italie) en janvier 2022 – a montré une grande régularité avec douze podiums, dont quatre victoires.
Il a devancé au classement général Daniil Serokhvostov, biathlète de 25 ans qui avait découvert la coupe du monde lors de la saison 2021/2022 avec pour meilleur résultat une huitième place sur un sprint à Oberhof (Allemagne).
« C’était une belle saison, mais la fin a été difficile. Je pense que si je n’étais pas tombé malade, ça aurait été plus facile. C’était une bonne saison. Beaucoup de victoires et de podiums, j’ai brillé normalement tout au long de la saison, tout était super », a déclaré Serokhvostov à Match TV.

La troisième place du classement général est revenue à un nom bien connu en coupe du monde, en la personne d’Eduard Latypov. Pourtant, le Russe de 31 ans a connu des moments difficiles en fin de saison avec une maladie persistante.
« J’ai subi des examens complémentaires, les tests ne sont pas tous bons. Des informations plus précises sont nécessaires pour déterminer ce qui ne va pas. La santé doit passer en premier. Une saison très importante nous attend. Il faut prendre la bonne décision », racontait-il à Match TV.

Sur la coupe du Commonwealth, c’est le Biélorusse Anton Smolski qui a remporté le général. Le vice-champion champion olympique de l’individuel à Pékin (Chine) a réalisé une grande saison en montant treize fois sur le podium, dont six fois sur la plus haute marche du podium.

Du côté féminin, Victoria Slivko a dominé les deux classements généraux avec six victoires individuelles. Sur la coupe de Russie, la biathlète de 30 a devancé l’ancienne fondeuse Natalia Shevchenko (ex Mekryukova) et Anastasia Khalili-Goreeva. Sur la coupe du Commonwealth, elle a devancé la biathlète biélorusse Dzinara Smolskaya (ex Alimbekava) et la Russe Tamara Derbusheva.
Un niveau qui fait débat
Si les compétitions continuent, le niveau de ces épreuves font débat. Les voix sont divergentes au sein même de la caravane russe. En effet, plusieurs athlètes s’interrogent sur le niveau, le premier est Eduard Latypov qui n’a pas hésité un lancé un avertissement, en août dernier, sur le niveau d’adversité rencontré.
« Les athlètes de la coupe du monde continuent de progresser. Ils tirent plus vite, impressionnent sur les skis, il est clair qu’ils se surpassent et qu’ils profitent de chaque fraction de seconde. Si en Russie, nous nous reposons sur nos lauriers et sommes confiants en nos forces, nous serons battus dès notre retour sur le circuit international », déclarait-il sur l’émission Special Report de Match TV.

Le biathlète d’origine Russe Timofey Lapshin qui court sous la couleur de la Corée du Sud depuis 2017 a pris plusieurs départs en coupe du monde cet hiver. Dans un entretien pour Match TV, il insiste sur la progression du circuit mondial. « Le niveau en coupe du monde a beaucoup progressé. Les biathlètes russes seront surpris à leur retour ». Une positon partagée par la biathlète Polina Shevnina : « Le biathlon international a fait de grands progrès. Il nous sera difficile de performer en coupe du monde. »
D’autres athlètes se montrent beaucoup plus positif en ce qui concerne le niveau du circuit russe. C’est le cas de la Biélorusse Dzinara Smolskaya (ex Alimbekava), septième du classement général de coupe du monde en 2021 et en 2022.

« Beaucoup de gens disent maintenant que nous perdrons contre des étrangers lorsque nous reviendrons aux compétitions internationales, mais je ne le pense pas. Je pense que nous nous adapterons assez rapidement. Je ne vois rien de surnaturel en coupe du monde », expliquait-elle en février dernier pour Match TV.
Un optimiste partagé par le Russe Alexander Povarnitsyn : « Nos biathlètes sont parmi les dix meilleurs internationaux et peuvent même prétendre à des places sur le podium », assurait-il pour MetaRatings.
Quid de Milan/Cortina 2026 ?
Ces discussions prennent de l’ampleur dans un contexte où l’hypothèse d’un retour des athlètes Russes et Biélorusses sur les compétitions internationales fait de plus en plus parler.

En janvier, le président de la Fédération internationale de ski (FIS), Johan Eliasch, avait ouvert la porte en estimant qu’ils pouvaient être réintégrés sous certaines conditions, comme cela avait été possible lors des JO de Paris 2024 : pas de drapeau russe, pas d’hymne national et aucun lien avec les forces de sécurité russes. « Les athlètes ne sont pas responsables de l’endroit où ils sont nés et ils ne devraient pas être pris entre deux feux », avait-il expliqué, comme le rapporte le Sweden Herald.
De son côté, le président de l’IBU Olle Dahlin avait assuré lors des Mondiaux de Lenzerheide (Suisse) qu »aucun Russe ne sera autorisé à participer aux Jeux olympiques en 2026, à moins que la guerre en Ukraine ne prenne fin. « Pour l’instant, cela ne fait aucun doute. »

Avant d’ajouter : « Nous espérons que la guerre prendra fin, car ce sont deux nations très importantes pour le biathlon. Si la guerre prend fin et que nous devons prendre une décision différente de celle actuellement en vigueur, il y aura alors une possibilité de qualification jusqu’au 26 janvier 2026, conformément aux règles de l’IBU. »
Dans le camp Russe l’objectif est clair : « Toute notre préparation, qui débutera au printemps, sera structurée en tenant compte de la participation aux Jeux olympiques », a assuré le président de la fédération russe de biathlon, Viktor Maigurov à Match TV.

S’ils ne peuvent pas concourir à Antholz, ils ont d’ores et déjà un plan B : « Si nous ne sommes pas autorisés à participer, nous prévoyons d’organiser la compétition à Sotchi en février. » De plus, pour Viktor Maigurov : « Les premières déclarations publiques de la nouvelle présidente du CIO, Kirsty Coventry, nous donnent de l’espoir », comme il l’indique à MetaRatings.
À l’heure actuelle, les combats continuent sur le sol ukrainien et l’avenir des athlètes russes et biélorusses devrait être tranché rapidement.
A lire aussi
- Biathlon | Ski de fond : les Jeux olympiques dans la tête des athlètes russes
- Trois ans après le déclenchement de la guerre en Ukraine, la question d’un retour des skieurs russes dans les compétitions internationales refait surface
Les cinq dernières infos
- Biathlon | Ski de fond : ancienne biathlète, la Vosgienne Lucille Germain gagne l’iconique SkyRace des Matheysins, la fondeuse Emilie Bulle sixième
- Biathlon | « Je n’ai pas l’impression qu’ils me considèrent comme un être humain » : Ingrid Landmark Tandrevold se confie sur sa relation avec les médias
- Biathlon : le conseil international du sport militaire et l’IBU ont signé un protocole d’accord à Lucerne
- Biathlon | Loop One Festival : l’ouverture de la saison 2025/2026, c’est (déjà) dans moins de 6 mois
- Biathlon : l’Allemande Marion Wiesensarter, 30 ans, met un terme à sa carrière
Articles similaires

1 Commentaire(s)
Leave a Reply
Annuler la réponse
Leave a Reply
Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.
RICHARD BIANCONI
10/04/2025 à 12 h 15 min
Le sport est aussi la fraternité entre les peuples, elle est grande en biathlon. Il me semble que les biathlètes russes sont payés par la fédération de Russie, la carabine est une arme, déjà avant la guerre, il me semblait qu’il y avait une différence entre les russes et les biathlètes d’occident ; je ne crois pas que le retour des russes soit proche. La mentalité est différente aussi, les cas de tricherie furent nombreux …
L’incident entre Preuss et Jeanmonnot aurait fini devant les tribunaux avec une russe, on aurait parlé d’acte volontaire, anti sportif.