Siegfried Mazet révèle les secrets de la sélection norvégienne pour Östersund (Suède)
Le week-end passé, lors des courses de Sjusjøen (Norvège), certains biathlètes norvégiens étaient en sélection. Parmi eux se trouvait Erlend Bjoentegaard, 30 ans et membres de l’équipe nationale élite. Moins performant que Sivert Guttorm Bakken, vainqueur du sprint, il évoluera sur le circuit de l’IBU Cup en début de saison.
Pour Nordic Magazine, Siegfried Mazet, coach du tir, revient sur cette difficile sélection à effectuer en dévoilant, notamment, la philosophie guidant les Norvégiens pour sélectionner leurs athlètes pour la coupe du monde. Entretien.
- Erlend Bjoentegaard est absent de la sélection norvégienne pour Östersund (Suède) à la différence de Sivert Guttorm Bakken : comment s’est faite la sélection ?
La saison passée, Erlend a été blessé puis, quand il est revenu, ses résultats n’étaient pas mauvais, mais pas aussi bons que ceux du reste du groupe. En dessous, on savait qu’on avait des gars comme Sivert Guttorm Bakken ou Filip Fjeld Andersen qui ont déjà gagné des IBU Cup. L’idée était donc de mettre tout ce petit monde en sélection parce qu’Erlend, qui a plus de 30 ans quand les autres ont moins de 25 ans, n’avait pas montré assez de choses. C’était normal de le remettre un peu sous pression.
- Sur les courses de Sjusjøen, c’était donc bien clair que le meilleur irait sur la coupe du monde ?
Clairement ! Dans nos critères de sélection, écrits noir sur blanc, il était bien précisé que les courses de Sjusjøen valideraient le sixième billet pour la coupe du monde. Il n’empêche qu’avec mon collègue, on a eu un œil sur ce qu’il s’est passé au Blink Festival, aux championnats nationaux et lors des tests réalisés en octobre et en novembre. Sur Sjusjøen, une sélection sèche, on voulait confirmer notre feeling.
« Sivert, c’est quelqu’un qui va, à mon avis, être dans l’équipe nationale tôt au tard »Siegfried Mazet à Nordic Magazine
- Voir Sivert Guttorm Bakken remporter le sprint samedi dernier a-t-il été une surprise ?
Qu’il gagne, alors que les deux meilleures nations du monde étaient présentes, est une petite surprise. Si cela avait été une coupe du monde, il aurait sans doute fait un podium. Sivert, cela fait depuis 2018 que je l’observe. Une fois, chez les juniors, son coach était absent et j’avais dû m’occuper de lui. J’avais déjà trouvé son profil intéressant. C’est quelqu’un qui va, à mon avis, être dans l’équipe nationale tôt au tard.
- Pour Östersund, vous y allez à sept grâce à l’invitation obtenue par Filip Fjeld Andersen, vainqueur du l’IBU Cup 2020/2021 : quelle sera ensuite la règle pour le sixième ticket ?
Le plan est de voir comme cela se passe sur l’IBU Cup d’Idre, mais surtout comment Filip et Sivert se comportent sur la coupe du monde. Si les deux y sont performants, évidemment qu’on prendra le meilleur pour la deuxième semaine d’Östersund. Ce sera difficile, mais ce sera comme cela. Ils connaissent les règles.
« Si on a entraîné Erlend pendant six mois, c’est qu’on croit encore en lui, qu’on y place des espoirs »Siegfried Mazet à Nordic Magazine
- Et pour la suite de l’hiver ?
On n’a pas de plan prédéfini à par regarder les résultats et prendre les meilleurs. On regarde aussi les statistiques et les profils d’athlètes. En IBU Cup, il est un peu plus facile de se placer dans les cinq premiers avec un tir moyen. Nous, on veut des gens qui mettent les balles dedans parce qu’un 8/10 en coupe du monde quand on arrive d’IBU Cup, cela ne paie pas. C’est la philosophie qu’on essaye d’insuffler : une performance, c’est bien, mais il faut qu’elle soit agrémentée de la manière.
- Même si tous les critères sont écrits et annoncés à l’avance, est-ce difficile de procéder à des sélections, notamment en écartant Erlend Bjoentegaard ?
Ce n’est jamais agréable. Mais on se facilite la tâche dans la mesure où les règles sont écrites et que l’on s’y fit. Après, sur Erlend, il n’est pas complètement écarté, il sera tout de même en IBU Cup. Il aurait très bien pu ne pas être sur ce circuit si on avait procédé « à la Française ». Stéphane Bouthiaux considère que l’IBU Cup est réservée aux moins de 25 ans. Je suis d’ailleurs assez d’accord avec cela. Après, il faut être logique : on a entraîné Erlend pendant six mois, on l’a emmené en stage, on lui a payé des billets d’avion, tout cela veut dire qu’on croit en lui et qu’on y place des espoirs.
- Dans quel état d’esprit est-il depuis le week-end dernier ?
Il est forcément déçu. Il a fait une belle prestation sur le sprint et une moins bonne lors de la mass-start. Il est évident pour lui comme pour nous que Sivert a été le plus régulier sur le week-end.
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