Après la saison historique réalisée par ses biathlètes, Siegfried Mazet, l’entraîneur français du tir norvégien, s’est longuement confié à Nordic Magazine. L’ancien entraîneur de Martin Fourcade a accepté de revenir, dans la deuxième partie de l’entretien qu’il nous a accordé, sur les raisons qui ont permis à la Norvège, malgré la pandémie de coronavirus, de réaliser la meilleure saison de l’histoire du sport.
- Cet hiver, la Norvège a signé la meilleure saison de l’histoire du biathlon : vous devez en être pleinement satisfait…
C’est le moins de l’on puisse dire ! Il y a eu l’émergence de Sturla Holm Lægreid et de Johannes Dale, une nouvelle garde qui arrive en Norvège, une nouvelle génération dorée qui, comme celle des 1988 il y a dix ans avec Simon Schempp, Erik Lesser, Martin Fourcade, Tarjei Boe, Jean-Guillaume Beatrix ou Arnd Peiffer, arrive au plus haut niveau. Au-delà des nombreuses victoires et globes, c’était vraiment le point satisfaisant.

- Qu’est-ce qui a fait la force de cette équipe de Norvège pendant tout cet exercice 2020/2021 ?
C’est difficile à dire parce qu’en biathlon il y a tellement de facteurs et de paramètres rentrant en ligne de compte. On ne voit que ce qu’il y a à la télévision mais il faut se rappeler qu’on a huit techniciens pour s’occuper de la glisse. Ils ont fourni des skis au top tout le temps, il n’y a pas eu une course où ça n’a pas été bon. Cela a permis aux biathlètes d’exprimer pleinement leur potentiel physique. En étant, en plus, régulier au tir, ça aide pour accéder au podium. Je pense qu’on a tous, dans nos domaines, fait du très bon travail aux côtés des athlètes qui nous l’ont bien rendu lors des courses.
« La stabilité du staff est une des clés de notre réussite »Siegfried Mazet à Nordic Magazine
- C’est une exigence de tous les instants qui permet cela…
C’est une exigence que tout le monde a, dans toutes les nations. Ce qui fait qu’une équipe réussit, c’est aussi la stabilité de son staff. Les gens ont l’habitude de travailler ensemble. De notre côté, ça fait cinq, six ans qu’on a le même noyau dur de coachs. Auparavant, il y avait beaucoup de turnovers dans les entraineurs en Norvège avec même parfois des changements en cours de saison. Les techniciens se connaissent parfaitement, ils ont chacun leur rôle avec une expérience très forte du travail en commun. Tous ses facteurs positifs mis bout à bout font que ça marche bien. C’est aussi une des clés de notre réussite.

- D’autant que vos athlètes, grâce aux mesures sanitaires mises en place, n’ont pas été malades comme cela pouvait leur arriver…
Aucun de nos biathlètes n’a effectivement été malade depuis le mois de septembre. Auparavant, les Norvégiens avaient toujours quelque chose ! Les restrictions nous ont contraints, mais pas un biathlète n’a éternué, n’a eu le moindre rhume.
- Avec le recul d’une saison complète passée dans une bulle sanitaire, ce protocole est-il si contraignant ou vous vous en êtes accommodé ?
Au début, ce n’était pas contraignant parce qu’on était tous heureux de se retrouver sur les pistes à la bagarre avec les autres. Personnellement, après les championnats du monde, il y avait de la lassitude. On a tenu bon sans problème mais c’était plus difficile sur les trois dernières semaines où il a fallu se remettre dans ce système contraignant, maintenir coûte que coûte la pression pour que tout se passe bien. C’était contraignant dans le temps.
« Il va falloir vivre avec le coronavirus »Siegfried Mazet à Nordic Magazine
- Vous voyez-vous faire une nouvelle saison en bulle ?
On a tenu une saison mais je redoute un peu la préparation en vue des Jeux olympiques avec, il ne faut pas se le cacher, une autre année de contraintes. Il va falloir vivre avec. Ce n’était pas un fardeau cette année mais ça va le devenir.

- Cela fait deux années que la Covid-19 empêche la tenue des finales à Oslo-Holmenkollen (Norvège), c’est-à-dire à domicile pour vos athlètes : est-ce une déception au sein de l’équipe ?
J’avais eu des contacts avec l’IBU et on m’a demandé, lors des Mondiaux de Pokljuka, si je pensais que ça allait se faire à Holmenkollen. Comme la Norvège était le pays le plus restrictif d’Europe à ce moment-là, je ne voyais pas comment un mois plus tard on aurait pu aller là-bas. Et ça ne s’est pas fait comme je le pressentais. Les athlètes n’ont pas été déçus parce que, inconsciemment, ils savaient que ça ne se ferait pas. C’est juste décevant parce qu’on aurait pu conclure une grande saison à Holmenkollen en présence de nos partenaires.
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