Ce vendredi soir, Simon Desthieux, 29 ans, est un homme heureux. Pour la première fois de sa carrière, le biathlète d’Hauteville est effectivement monté sur un podium des championnats du monde en individuel. En terminant deuxième du sprint derrière Martin Ponsiluoma, il entre dans le cercle fermé des biathlètes français médaillés aux Mondiaux. « C’est tellement d’effort et de travail que le jour où ça arrive, on est juste très heureux parce qu’on se bat toute l’année pour aller chercher des moments pareils. Aujourd’hui ça paye, c’est ça qui est chouette », nous dit-il d’emblée. Entretien.
- Cette médaille d’argent est une grande joie pour vous ?
C’est clair que c’est une très belle joie. Tout se passe très vite entre le moment où on passe la ligne et le protocole… C’est tellement d’émotion après tant d’années à courir après. C’est juste magnifique, beaucoup de plaisir aussi. Il y a un moment où je me suis retrouvé dans la cabane pour me changer juste après la ligne d’arrivée, j’étais dans un état second, tellement heureux et satisfait de ça. Courir autant de temps après ça et y arriver, c’est juste un beau moment à apprécier.
- Vous avez dû vous rappeler tout le chemin parcouru pour en arriver là…
C’est clair qu’on se rappelle de tout. Il y a plein de choses qui se passent même si ça recommence à descendre. Plein de choses passent dans ma tête, tous ses moments où ça aurait pu faire et où ça n’a pas fait. Finalement, aujourd’hui ça sourit, ça réussi. J’ai toujours dit que je manquais de réussite et, aujourd’hui, c’était comme dans un rêve, tout s’est enchaîné, tout allait bien. Je l’ai senti dès le matin.
« Ça a été une course de biathlon pleine comme j’en avais pas fait depuis bien longtemps »
- Comment ça ?
Je sentais que physiquement ça allait, je sentais que j’avais les idées claires. J’étais serein. Il y a des journées comme ça où tu sens que ça va bien se passer, et ça a été le cas. Tout s’est bien déroulé. Ça a été une course de biathlon pleine comme j’en avais pas fait depuis bien longtemps. C’est juste beau.
- Est-ce une revanche par rapport à ceux qui vous avaient peut-être enterré ?
Non… Clairement, je m’en fiche de ce que disent et pensent les gens. Je fais les choses pour mon entourage, mon équipe. En biathlon, et les gens ont un peu de mal à le comprendre, tout est toujours possible. C’est ça qui est beau et que j’aime dans ce sport-là.
- Qu’est-ce qui a fait, qu’aujourd’hui, vous avez tiré à dix à la différence des autres courses de cet hiver où il en manquait toujours un peu ?
On ne sait jamais, sinon ce serait trop facile. J’ai bien rebossé pendant ses deux dernières semaines pendant lesquelles je me suis refocalisé sur des choses essentielles. Aujourd’hui, tout s’est bien goupillé. Dans le tir, il y a des jours où ça se fait tout seul entre guillemets. Aujourd’hui, j’ai fais les choses simplement et ça a payé.
« Je me suis toujours dit que le jour où ça arriverait, il faudrait en profiter pleinement »
- Ce double podium décroché avec Emilien Jacquelin peut-il apporter des ondes positives aux filles qui disputent, ce samedi, leur sprint ?
Ça amène toujours une émulation surtout qu’on fait une belle course collective. L’ambiance positive des garçons servira forcément aux filles. Les beaux résultats du début amènent une belle dynamique dans l’équipe. J’espère que ce sera le cas pour les filles dès demain.
- Dans votre tête, êtes-vous déjà tourné vers la poursuite de dimanche ?
Je suis carrément dans le moment présent. C’est la chance d’avoir un jour off entre les deux courses : on peut profiter du moment. Pour l’instant, je ne suis pas du tout focus sur le reste, c’est trop tôt. Je veux juste profiter de ce moment-là parce que ça fait longtemps que je l’attendais. Je me suis toujours dit que le jour où ça arriverait, il faudrait en profiter pleinement.
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Photos : Nordic Focus.