Ski nordique : une concurrence amoindrie suite à l’absence des Russes et Biélorusses
Que ce soit sur la coupe du monde ou sur les Mondiaux d’Oberhof (Allemagne) et de Planica (Slovénie) cet hiver, un fait retient l’attention de tous les spécialistes : l’absence des Russes et des Biélorusses des compétitions internationales pendant, au moins, toute la saison. Des athlètes de très niveau international, dans chacune des disciplines du ski nordique, manquent donc à l’appel. Etat des lieux.
Biathlon : les futures promesses devront patienter avant de revenir à la compétition
Si la domination du Norvégien Johannes Thingnes Boe fait plutôt l’unanimité au sein de la caravane du biathlon, derrière, pour les places d’honneur, tout était encore jouable. Combien de fois dans la saison avons pu penser qu’un Russe tel qu’Alexander Loginov, Maxim Tsvetkov ou encore Eduard Latypov auraient pu briller sur une étape de la coupe du monde.
D’autres beaux noms comme Anton Babikov et le Biélorusse Anton Smolski auraient tout aussi pu se montrer aux avant-postes. Sans compter les jeunes promesses Said Karimulla Khalili et Daniil Serokhvostov, tous deux promis à une grande carrière. Alignés en coupe de Russie, ces athlètes brillent sans toutefois pouvoir se montrer sur la scène internationale.
Chez les dames, ce sont plutôt les Biélorusses qui auraient pu priver Julia Simon d’être confortablement installée sur le trône du classement général de la coupe du monde. Dzinara Alimbekava ou encore Hanna Sola faisaient partie la saison dernière des principales menaces pour les Norvégiennes Marte Olsbu Roieseland et Tiril Eckhoff notamment.
Les Russes, un peu en retrait, pouvaient tout de même s’appuyer sur la régularité de Kristina Reztsova et les résultats prometteurs d’Irina Kazakevich, cinquième du classement U25 en 2021-2022.
Les relais, véritable tradition en Russie et en Biélorussie depuis des années, avaient de sérieuses chances de se montrer parmi les meilleurs du monde. À Oberhof, lors du relais masculin des Mondiaux, la France aurait d’ailleurs pu perdre son titre si la les deux nations faisaient partie des potentiels concurrents pour la médaille d’or. Russes et Biélorusses auraient également très bien pu jouer les premiers rôles sur les relais mixtes, dans lesquels ils possèdent de bons athlètes à tous les niveaux.
Ski de fond : l’hégémonie norvégienne a du mal à intéresser les foules
Dans le paysage du ski nordique, le ski de fond est sans aucun doute la discipline la plus touchée par l’absence des Russes. Sans leurs stars Alexander Bolshunov, Sergey Ustiugov, Denis Spitsov, Ivan Yakimushkin, Alexey Chervotkin, Artem Maltsev et le jeune Alexander Terentev, la coupe du monde a très vite rendu son verdict.
Il faut dire que la différence est marquante avec et sans la Russie. La saison dernière, la bataille face aux Norvégiens était des plus féroces et les coéquipiers d’Alexander Terentev, qui aurait pu bien figurer sur le sprint classique de Planica ce jeudi, avaient démontré leurs qualités aux Jeux olympiques de Pékin, en raflant bon nombre de médailles. Cette saison, la Norvège fait quasiment cavalière seule, malgré les quelques coups d’éclat de Richard Jouve et de l’Italien Federico Pellegrino.
Le reste du temps, les Scandinaves trustent les podiums et ont même la mainmise sur le top 10. Un véritable problème pour la discipline quand les observateurs savent qu’elle souffre déjà du manque d’exposition et maintenant de suspense, marquée par la domination extrême de Johannes Hoesflot Klæbo.
Côté féminin, il n’est pas sans rappeler que Natalia Nepryaeva est la tenante du titre du gros globe de cristal. La Russe de 27 ans avait remporté le Tour de Ski ainsi que trois breloques aux Jeux olympiques 2022. Ses coéquipières Tatiana Sorina, Yulia Stupak et Veronika Stepanova avaient également brillé pendant la saison, notamment sur les relais.
Cette saison, si les Suédoises sont omniprésentes sur les sprints comme en 2021-2022, les épreuves de distance sont plutôt à l’avantage de la Norvégienne Tiril Udnes Weng, plus régulière que ses rivales américaines Jessie Diggins et Rosie Brennan, les Suédoises Maja Dahlqvist et Ebba Andersson, ou encore les Finlandaises Kerttu Niskanen et Krista Pärmäkoski.
Cela a toutefois aussi permis à la Française Delphine Claudel de décrocher sa première victoire en carrière en coupe du monde au sommet de l’Alpe Cermis (Italie).
Comme au biathlon, les relais russes ont eux aussi une grande notoriété. À Pékin, les relais hommes et dames avaient tous les deux été remportés… par la Russie. Tout un symbole face à l’écrasante domination norvégienne cette année.
Saut à ski : une équipe homogène qui doit laisser sa place
Si plusieurs nations sont au-dessus de la Russie en saut à ski, quelques-uns d’entre eux ont prouvé qu’il fallait aussi compter sur leurs qualités. Parmi ces quelques athlètes, Evgenii Klimov s’était imposé sur le concours de Wisla (Pologne) en 2018, lui qui s’était récemment fait remarquer sur la coupe du monde pour avoir brandi son drapeau alors que la guerre avait déjà débuté.
Ilya Mankov, Roman Trofimov, Dmitry Vassiliev et la jeune pépite Danil Sadreev avaient, eux aussi, fait parler d’eux dans certaines compétitions individuelles ou par équipes.
Chez les dames, Irina Avvakumova, habituée de la coupe du monde, et Irma Makhinia, jeune prometteuse, ont pour leur part eu leur moment de gloire en février dernier.
Là encore, sur les épreuves collectives, les Russes ont brillé. À l’occasion du concours par équipes mixte des Jeux olympiques de Pékin 2022, Daniil Sadreev, Evgenii Klimov, Irina Avvakumova et Irma Makhinia avaient été médaillés d’argent sous bannière neutre.
Combiné nordique : le moins impacté par la situation
La suprématie des Norvégiens Jarl Magnus Riiber et Gyda Westvold Hansen n’a en aucun cas été perturbée par les Russes.
Seule Anastasia Goncharova, septième à Ramsau (Autriche) fin 2021, pouvait jouer avec les meilleures, mais sans avoir un rôle majeur au classement général de la coupe du monde de combiné nordique.
Sans toutefois décrédibiliser les performances de ces athlètes de très haut niveau, l’absence des athlètes russes et biélorusses biaise quelque peu les résultats et perturbe le paysage du ski nordique dans son ensemble. Cette situation devrait pourtant encore durer un moment, au moins tant que la guerre en Ukraine ne trouve pas d’issue.
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