Biathlon : pour Nordic Magazine, Sophie Chauveau revient sur sa coupe du monde du Grand-Bornand
Du 16 au 18 décembre, le monde du biathlon a vu éclore Sophie Chauveau lors des épreuves du Grand-Bornand (Haute-Savoie). Auteure de trois top 10 en trois jours à la maison, avec deux participations à la cérémonie des fleurs, la Bornandine a effectivement marqué les esprits.
Deux semaines plus tard, avec du recul et quelques jours après les fêtes de Noël, Nordic Magazine a décidé de donner la parole à Sophie Chauveau afin qu’elle raconte son Grand-Bornand. Avec ses mots, sa sincérité, son émotion… et son stress.
Une coupe du monde à la maison pour Sophie Chauveau, « un rêve »
« J’étais super contente de pouvoir concourir au Grand-Bornand parce que, pour moi, c’était un rêve de toujours. Au départ, je me suis donc beaucoup réjouie de cette nouvelle, mais, très vite, il y a eu beaucoup de pression parce que j’étais à la maison et cela allait être mes premières courses de biathlon avec beaucoup de spectateurs dans les tribunes. »
« Là où cela a été le plus dur pour moi, c’est la veille… Je stressais énormément ! Heureusement, cela allait mieux. Je me suis levée, on a déjeuné puis je me suis immédiatement mise en mode course, full concentration sur mon sprint [dont le départ était prévu en début d’après-midi, NDLR]. J’étais dans un état d’esprit très fermé et dans ma bulle alors que, d’ordinaire, je ne suis pas comme cela. J’adore papoter ! Mais, là, je savais qu’avec le public, il fallait que je reste concentrée pour ne pas me faire manger par l’événement. »
Un sprint d’ouverture comme dans un rêve
« Sur ce sprint, personne ne m’attendait. Même si j’étais la locale de l’étape, le public, qui ne vient pas forcément du Grand-Bornand, ne me connaissais pas trop parce que j’étais la petite nouvelle de l’équipe. Avec moi, les essais de tir ont donc été tranquilles. Si le public était assez timide quand je lâchais mes balles, à l’intérieur j’étais ultra tendue ! Je suis quand même parvenue à faire de bons réglages, mais je sentais que, derrière la carabine, il allait falloir que je me détende si je voulais y arriver. »
« Avant le week-end, j’avais parlé avec Julia [Simon], avec qui j’étais en chambre sur cette semaine bornandine, pour savoir s’il fallait que je reste ultra focus sur ma course au moment du départ ou s’il fallait que je joue un petit peu avec le public. Je suis arrivée au stade avec mes écouteurs puis j’ai décidé de les enlever pour me familiariser avec ce bruit. Pendant la reconnaissance de la piste, il y avait des encouragements, je faisais des sourires. Bref, j’en profitais ! Du coup, au moment du départ, j’ai décidé d’enlever tout mon stress en jouant un petit peu avec le public dans le portillon. C’est un peu cela qui m’a enlevé la pression. Voir que les milliers de spectateurs étaient avec moi m’a porté ! »
« Avant la course, on m’avait dit qu’il ne fallait que je me repose sur mes lauriers à cause de tout le bruit fait par le public qui criait fort. Cela a tendance à nous faire oublier de bien skier. Je me suis donc dit de partir fort ! Le public m’a poussé encore plus parce que l’ambiance me donnait envie d’aller encore plus vite et me faisant un petit peu oublier la douleur. C’était vraiment chouette comme sensation. »
« Je suis aussi partie sur ce sprint dans l’état d’esprit que cela n’allait pas être facile et que je n’avais pas le choix que de bien tirer. Je m’étais mis un objectif de résultat de tir dans ma tête et je voulais absolument le tenir ! Arrivée au debout, j’ai juste entendu que le public n’était pas du tout concentré sur moi, mais sur l’arrivée de Lou [Jeanmonnot]. Une fois que je me suis lancée, tout allait tout seul, comme, d’ailleurs, le reste de la semaine. Je me suis super bien sentie sur ce pas de tir. Ce n’était pas un tir compliqué où il a fallu que je me batte comme par exemple à Kontiolahti en début de saison. J’ai eu l’impression que tout déroulait tout seul. »
Portée par ses coéquipières dans l’air d’arrivée
« Par contre, la fin de course a été vraiment difficile parce que j’avais vraiment mal aux jambes ! Je savais que je jouais pour le podium, mais, dès que j’ai passé le deuxième intermédiaire, je commençais à ne plus être lucide. J’étais en trop-plein d’acide [lactique] partout dans le corps. Cela a été la souffrance totale dans la dernière passerelle ! »
« Ce que j’adore, c’est qu’en partais avec un gros dossard, j’ai réussi à créer du suspense jusqu’au bout de la course ! Quand j’ai passé la ligne d’arrivée et que j’ai vu que j’étais quatrième, j’avoue que j’étais un petit peu déçue ! C’était amer, mais, en même temps, vraiment cool. Quand les filles sont toutes venues me féliciter et me porter dans l’aire d’arrivée, c’était géant, comme une victoire. Quand j’ai vu tout le public à fond en train de crier mon nom comme des dingues, cela m’a fait prendre conscience de la performance que je venais de réaliser. »
Après l’exploit initial… deux autres exploits !
« La poursuite du samedi, cela a presque été plus de stress que le sprint ! Certes, je savais que cela allait être dur à cause de la piste [elle était totalement gelée à certains endroits, NDLR], mais c’était surtout le fait d’être attendue qui m’a fait stresser. Tout le monde me disait que le podium, le premier de la France cette année au Grand-Bornand, était pour moi ! Je suis donc passée en quelques heures d’une biathlète que personne ne connaissait à quelqu’un d’ultra attendue pour le podium ! Moi, pour cette course, j’avais seulement l’objectif d’enchaîner une nouvelle course en restant focus sur ma performance pour refaire un beau résultat. Ce que j’ai réalisé avec un deuxième top 10 de suite, à la bagarre. »
« Pour le dimanche, en revanche, c’était tout du bonus ! J’avais super envie de courir cette mass-start. Le matin, je me disais dans ma tête qu’il aurait fallu que le week-end s’arrête là après mes deux top 10 sur le sprint et la poursuite. Je ne voulais pas rester sur une touche négative en cas de mauvaise performance dominicale ! J’avais un peu des sentiments contradictoires et, finalement, cela s’est super bien passé. Encore une fois ! »
« C’était une course étonnante. C’est parti très fort, mais, à un moment, cela s’est arrêté de skier ! Tout le monde était un petit peu sur les nerfs et, moi, je ne connaissais pas cela parce qu’en IBU Cup, il n’y a pas autant de stratégie. Pour autant, je me suis éclatée sur cette mass-start et je ne me suis jamais dit que je n’arrivais pas à suivre les autres et qu’il y avait un méga gap avec les meilleures. Je ne me suis pas fait surprendre par quoi que ce soit. J’ai profité et, finalement, je fais le meilleur temps de ski de la course ! »
« En plus, à la fin, on était cinq Françaises dans les huit premières, c’était génial ! Pouvoir partager cela avec les autres filles, c’était trop cool. »
Rockstar de la semaine
« Pour résumer, pendant trois jours, l’espace de trois incroyables courses et trois moments de communion avec le public du Grand-Bornand, mon village, j’ai eu l’impression d’être une star. Tout cela alors que je ne me sens pas du tout comme telle ! J’ai passé une semaine exceptionnelle, de rêve. Je n’avais pas envie que cela s’arrête. C’était juste fou. Après tout cela, je n’avais qu’une seule envie, c’était de fêter la semaine avec mes amis, mais la finale de la Coupe du monde de football a accaparé tout le monde… C’était dommage, mais j’ai quand même pu fêter avec ma famille ! »
« D’ailleurs, j’ai reçu des centaines de messages, je n’en avais jamais eu autant ! Cela m’a vraiment fait hyper plaisir et chaud au cœur. Après les courses, des gens venaient me voir pour me demander des autographes et des photos. C’était dingue et j’ai même dû mettre au point une signature d’autographes pendant la semaine parce que je n’en avais pas auparavant ! Cela fait bizarre et j’ai des amis qui me disent que je suis devenue une star. C’est drôle. »
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