Biathlon : retour sur la courte vie du super sprint
Lors de l’intersaison, l’Union internationale de biathlon (IBU), comme révélé dans nos colonnes ce mercredi matin, a décidé d’abandonner le super sprint. Un des derniers nés des formats du biathlon mondial, il n’a pas su convaincre, malgré de nombreux et constants ajustements, en cinq ans de présence sur les circuits internationaux.
Christophe Vassallo, patron du comité technique de l’IBU, a accepté de revenir sur la (courte) vie du super sprint pour Nordic Magazine.
Un format créé… il y a près de 15 ans
« Peu de gens le savent, mais le super sprint est une course qui a été établie en tant que format de compétition depuis longtemps, avant 2010 ! L’idée de l’IBU est toujours d’anticiper les choses donc on est créatifs pour se constituer une boîte à outils de formats pour ne pas devoir inventer quelque chose selon, par exemple, les décisions du CIO par rapport au programme olympique. On l’avait donc fait avec le super sprint sans forcément une grande volonté de le mettre en pratique. »
« Nous, Français, on l’a essayé sur des championnats de France comme d’autres pays au niveau national et il s’est avéré que tout le monde est revenu vers l’IBU avec des ajustements à réaliser. On a donc toujours fait évoluer le format sans le mettre en œuvre sur nos circuits internationaux. »
Arrivée en IBU Cup en mars 2018
« A un moment donné, on a voulu tester le super sprint sur les circuits inférieurs en commençant par l’IBU Cup [en mars 2018 à Khanty-Mansiysk, NDLR]. Au bout d’un an, ce n’était pas loin d’une catastrophe parce qu’on s’est rendu compte qu’il y avait un très mauvais équilibre entre le tir, trop prépondérant, et le ski. Encore une fois, on a ajusté en allongeant la distance à 1,5 km et en enlevant les balles de pioche pour le rendre plus équilibré. »
« On l’a remis au programme de l’IBU Cup et, très vite, on a vu que ce format serait très compliqué à mettre en place sur les épreuves où il y a la télévision, donc la coupe du monde. C’est une course très courte pour la qualification et la finale, ce qui pose notamment des questions sur le remplissage du stade, et c’est quasiment infilmable et trop rapide pour la télévision. »
Arrivée avortée en coupe du monde et nouveaux essais en IBU Cup malgré les défauts du format
« Après l’avoir mis au calendrier des championnats d’Europe 2020, avec une médaille de bronze pour Chloé Chevalier, on l’avait pourtant mis au calendrier de la coupe du monde [en mars 2021 lors des finales d’Oslo-Holmenkollen, NDLR], mais on se projetant on s’est rendu compte que ce n’était pas jouable. Il n’y a eu aucune opposition des nations contre cela parce que ce n’est pas ce que l’on veut en coupe du monde où on a des formats lisibles que les gens connaissent. »
« Par contre, on continuait de penser que le super sprint avait un intérêt ludique, dynamique et formateur pour les jeunes biathlètes. Il permet de travailler certaines qualités et constitue un format extrême au niveau du stress, donc très formateur. On l’a donc conservé en IBU Cup et Junior Cup et, depuis deux, trois saisons, les rapports sur cette course sont plus négatifs que positifs venant des nations et des athlètes. »
« C’est une course très demandeuse pour les équipes parce qu’elle s’écoule sur une journée complète alors que le format est très court et aléatoire. On passe vite à la trappe et, sportivement, les classements ne reflètent pas forcément la hiérarchie habituelle. Ce format, enfin, ne permet pas de faire courir le plus grand nombre, même si tout le monde fait la qualification. »
L’abandon
« On a donc décidé à l’unanimité de l’enlever du calendrier pour mettre des sprints, moins sélectifs et plus appropriés à la demande des nations et au fonctionnement actuel de l’IBU Cup, qui est maintenant elle aussi diffusée en direct. Pour autant, même si on lui a donné sa chance pendant de nombreuses années en l’adaptant, on le garde dans la boîte à outils. »
A lire aussi
- L’IBU décide d’abandonner le super sprint, qui n’a pas convaincu
- Christophe Vassallo reconduit à la tête du comité technique de l’IBU pour quatre ans
- Quel est le rôle du comité technique de l’IBU ? Christophe Vassallo, son patron depuis six ans, répond
- Le super sprint et les autres nouveaux formats de l’IBU ne vont pas débarquer de sitôt en coupe du monde
- Lenzerheide : le podium et le globe du super sprint pour Lou Jeanmonnot
- Canmore : Emilien Claude triomphe sur le super sprint
- L’IBU confirme officiellement la suppression du super sprint d’Oslo-Holmenkollen
Les cinq dernières infos
- Ski nordique : Emilie Bulle, Yan Belorgey ou encore Marie Dorin-Habert… les nordiques en nombre sur l’Ultra-Trail du Vercors
- Biathlon : après son passage à Annecy, Ingrid Landmark Tandrevold prépare les championnats du monde de février 2025 à Lenzerheide
- Biathlon : Linn Gestblom ou encore Hanna et Elvira Oeberg évoquent la nouvelle dynamique des Suédoises après la retraite de Mona Brorsson
- Combiné nordique | Villach : Romane Baud sur le podium en FESA Cup, Lubin Martin s’offre un top 10
- Biathlon : pour augmenter sa réussite au tir, Hanna Oeberg a procédé à deux changements