Biathlon : fin de parcours pour Tom Bourgin-Millet
Il y a quelques jours, le biathlète jurassien Tom Bourgin-Millet, vingt et un ans, a annoncé sur ses réseaux sociaux avoir décidé de mettre un terme à sa carrière de sportif de haut niveau ce printemps. Champion de France U17 en 2019, il n’était ensuite pas parvenu à confirmer chez les grands malgré un titre national d’été du sprint court décroché en moins de 19 ans.
Alors qu’il reprendra – pour le terminer – en septembre son bachelor en gestion administrative et commerciale d’organisation à Chambéry (Savoie), Tom Bourgin-Millet se confie une dernière fois à Nordic Magazine. Entretien.
- Pourquoi avez-vous décidé d’arrêter votre carrière de biathlète à la fin de cette saison 2023/2024 ?
J’ai mis en pause mes études, qui se déroulaient à Chambéry, au printemps dernier pour pouvoir faire du biathlon en m’y consacrant à 100 %. Les années d’avant, j’étais toujours en horaires aménagés avec une partie d’école. J’ai donc eu cette opportunité sur laquelle j’ai sauté. Je trouvais ça bien de pouvoir avoir l’esprit complètement tourné vers le biathlon. Seulement, durant les mois de préparation, je me suis rendu compte que j’aimais faire des heures d’entraînement et de compétition, mais que je ne me voyais pas faire ça sur les cinq prochaines années.
- Est-ce le fait de vous êtes complètement consacré au biathlon qui vous a fait vous rendre compte de cela ?
C’est plutôt un ensemble de plusieurs choses. Il y a eu ce petit déclic quand je me suis rendu compte que le biathlon n’était pas ce que je souhaitais faire 100 % du temps dans ma vie. Mais il y a également eu d’autres facteurs, parce que j’ai toujours aimé faire d’autres choses en dehors du biathlon, comme bricoler, faire de la musique ou pratiquer d’autres sports. Je me suis dit que le biathlon prenait une bonne partie de mon cœur, mais pas forcément ce que je souhaitais faire dans les prochaines années de ma vie. Il y a trop de choses que je voudrais faire ! Je savais donc que ça allait être la fin après cette saison 2023/2024, qui allait être compliquée après des entraînements moins bons que l’année d’avant, parce que la motivation ne suivait plus tellement. J’avais d’autres objectifs en tête.
« Apprendre quelque chose en dehors de mes études de commerce et du biathlon, c’était vraiment cool ! »Tom Bourgin-Millet à Nordic Magazine
- Comme ?
Je me suis rendu compte que je préférais avoir plein d’autres cordes à mon arc que le seul biathlon. Durant l’année écoulée, un événement m’a changé puisqu’un copain de ma maman qui faisait de la rénovation d’intérieur m’a ouvert sa porte pour travailler quelques jours par semaine. Apprendre quelque chose en dehors de mes études de commerce et du biathlon, c’était vraiment cool ! Je me suis dit qu’il y avait plein de choses que j’aimais faire et pour lesquelles je prends autant de plaisir que pour le biathlon.
- Vous avez disputé votre dernière course en mars à La Féclaz lors des finales de la coupe de France. Comment l’avez-vous vécu ?
Mes copains les plus proches comme Martin Bourgeois-République et Mathis Huyghe étaient au courant que ça allait être la dernière pour moi, les coachs aussi, mais personne ne le savait trop parce que je voulais que cette dernière compétition soit pour moi. Tout le long de la course, je me suis dit : « C’est le dernier tour », « C’est le dernier tir debout », « C’est le dernier tir couché » [rires] ! Je me suis dit que c’était génial malgré mon niveau et le fait que les autres soient devant. Je me suis créé des souvenirs et je termine sur un plein au debout !
« Si je ne suis pas monté sur les compétitions internationales, c’est qu’il me manquait une balle »Tom Bourgin-Millet à Nordic Magazine
- Comment vivez-vous cette fin de parcours prématurée dans le biathlon alors que vous étiez prometteur chez les U17 et U19 ?
J’en parlais avec mon papa et c’était intéressant parce que je disais que c’était juste de l’expérience et seulement des ondes positives, de bons souvenirs mis de côté. Tout simplement parce que cela m’a appris plein de choses sur moi, sur les autres, sur la rencontre de personnes exceptionnelles. Toutes les belles choses ont une fin, je prends cela comme une page de ma vie qui se tourne. Pour l’instant, je suis un peu dans le début de la nostalgie, mais il y a de fortes chances que j’aille les encourager sur le bord de la piste l’hiver prochain ! Tout simplement parce que j’aime ce monde du biathlon. Il n’y a ni tristesse ni colère.
- Avez-vous des regrets de ne jamais avoir été sélectionné au niveau international ?
Ce ne sont pas des regrets parce que je ne peux en vouloir qu’à moi-même. Si je ne suis pas monté sur les compétitions internationales, c’est qu’il me manquait une balle et qu’il fallait encore des heures d’entraînement pour rentrer cette fameuse balle.
« On s’est retrouvés avec Mathis Huyghe et Martin Bourgeois-République mis sur la touche »Tom Bourgin-Millet à Nordic Magazine
- Dans votre post Instagram annonçant votre fin de carrière, vous avez des mots pour le comité régional de ski du Massif jurassien. Pouvez-vous expliciter ce que vous vouliez exprimer ?
Cela a été compliqué d’avaler la pilule parce que, en 2021, après de belles années, il y a eu une réduction des effectifs au comité. D’après ce que m’avait dit le coach à l’époque, la priorité a été mise sur la jeunesse et on s’est retrouvés avec Mathis Huyghe et Martin Bourgeois-République mis sur la touche. On s’est motivés tous les trois, avec un jeune, Cyril Lombard, en s’entraînant ensemble et en allant ensemble sur les compétitions. On était un comité bis [rires] qui se tirait vers le haut ! C’était génial d’être avec eux.
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